Un nouveau souffle pour l’entrepreneuriat congolais
Le 31 octobre à Brazzaville, l’auditorium bouillonnait d’énergie pour la clôture de l’édition 2025 du programme Yasika. Portée par Joule, l’école d’entrepreneuriat d’Eni, l’initiative accompagne les jeunes pousses congolaises qui réinventent agriculture, économie circulaire et technologies vertes.
Plus de dix startups ont bouclé un cycle d’incubation mêlant mentorat, formation et accès aux experts. Quatre d’entre elles ont franchi un cap décisif : elles sont désormais contractualisées par Eni, preuve que les prototypes congolais savent convaincre un acteur énergétique présent dans le pays depuis un demi-siècle.
Solutions agritech et technologies vertes
Les projets soutenus ciblent avant tout l’agritech, secteur stratégique dans un Congo riche de terres mais confronté à la modernisation des pratiques. Des plateformes numériques fluidifient la relation entre cultivateurs, transformateurs et consommateurs, raccourcissant les circuits et améliorant la traçabilité des denrées.
Parallèlement, l’usage de drones d’agriculture de précision ouvre une ère d’observation fine des parcelles. Analyse des sols, suivi sanitaire des cultures, prévision des rendements : autant de données qui aident les producteurs à optimiser l’eau, l’engrais et les récoltes malgré un climat plus imprévisible.
Enfin, plusieurs jeunes pousses transforment les rebuts organiques ou plastiques en combustibles durables. Elles démontrent que la valorisation des déchets peut créer de l’emploi local tout en réduisant la pression sur les ressources forestières employées comme bois-énergie, enjeu clef pour la préservation du bassin du Congo aujourd’hui encore.
Un parcours d’upskilling vers des contrats solides
Le parcours Yasika combine séances d’upskilling, modules sur la comptabilité, la propriété intellectuelle et la communication avec des ateliers pratiques animés par des ingénieurs d’Eni. Dix jours d’immersion furent consacrés à l’adaptation des modèles économiques aux réalités locales, du transport aux coûts d’énergie souvent élevés initialement.
À l’issue de cet accompagnement, quatre startups ont signé un contrat de collaboration avec Eni. L’accord porte sur la mise en œuvre pilote de leurs solutions dans la chaîne d’approvisionnement de la major italienne au Congo, depuis les cantines de site jusqu’à la gestion des déchets industriels inclusifs.
Pour Andrea Barberi, Directeur général d’Eni Congo, « Yasika représente une opportunité unique pour les jeunes entrepreneurs congolais ». Il rappelle que l’initiative s’inscrit dans la stratégie d’Eni visant à associer le tissu local aux objectifs de transition énergétique et de création de valeur partagée durable avec les communautés riveraines concernées directement.
Retombées locales mesurables
Le programme touche un public âgé de 26 à 35 ans. Vingt-cinq startuppers ont consolidé leurs compétences, ce qui renforce un vivier de talents désormais visibles des banques, ONG et collectivités cherchant des partenaires pour numériser les chaînes agricoles ou développer de nouveaux combustibles propres localement.
Plusieurs solutions sorties de Yasika génèrent déjà un impact environnemental mesurable sur le terrain : économie de carburant, réduction de la déforestation liée au bois-énergie, meilleure qualité des récoltes. Ces premiers résultats stimulent l’intérêt pour les crédits carbone et les certifications nécessaires à l’export des produits agro-transformés.
Derrière l’accompagnement technique, Yasika promeut une culture du partage d’expérience. Les entrepreneurs terminent la formation avec un réseau étoffé composé d’investisseurs potentiels et d’experts d’Eni Joule, un capital relationnel précieux dans un contexte où l’accès au financement demeure le principal obstacle pour beaucoup d’entreprises.
Une prochaine promotion très convoitée
La nouvelle cohorte Yasika a déjà suscité plus de cent dossiers de candidature pour 2025, preuve que l’approche fondée sur la résolution de problèmes locaux séduit. Les inscriptions restent ouvertes jusqu’au 15 janvier 2026, laissant le temps aux porteurs de projet de peaufiner leurs business plans avant sélection.
Eni Joule signale par ailleurs que la prochaine promotion pourra compter sur un accès élargi aux infrastructures du projet Congo LNG, ouvrant des perspectives de tests grandeur nature pour les solutions axées sur l’efficacité énergétique, la gestion d’eau ou la valorisation des coproduits gaziers locaux en sécurité optimale.
Brazzaville, futur hub d’innovation verte
Avec Yasika, Brazzaville se positionne progressivement comme pôle d’innovation pour l’Afrique centrale. L’adossement au groupe Eni, actif dans plusieurs pays du Golfe de Guinée, offre la possibilité de répliquer le modèle dans d’autres capitales et de mutualiser les retours d’expérience au niveau technique et financier.
Cette vision s’aligne sur les priorités gouvernementales de diversification économique et de promotion de la jeunesse entrepreneure. En facilitant l’émergence d’emplois verts, le programme concourt à l’atteinte des engagements climatiques du pays, tout en dynamisant un secteur privé créateur de valeur locale inclusive et socialement responsable pour tous.
Les prochains mois seront déterminants : l’intégration des prototypes dans la chaîne logistique d’Eni servira de laboratoire grandeur nature. Les indicateurs de performance suivront consommation d’énergie, émissions évitées et emplois créés, autant de données factuelles qui nourriront la prise de décision publique et privée au Congo comme ailleurs.
Vers une dynamique durable
Au-delà de l’évènement de clôture, Yasika laisse entrevoir une génération d’entrepreneurs conscients du potentiel des ressources congolaises et résolus à les valoriser durablement. Reste à maintenir le rythme d’investissement et l’accompagnement pour confirmer cette dynamique vertueuse et inscrire Brazzaville sur la carte mondiale de l’innovation et devenir.
