Un corridor vert entre Brazzaville et Pointe-Noire
Sous la canopée lumineuse du parc urbain de Kintélé, les premiers semis ont été déposés par des collégiens en uniforme et des cadres de la United Bank for Africa Congo.
L’opération marque le lancement d’une campagne devant relier Brazzaville à Pointe-Noire par un chapelet vert de 2 000 jeunes plants, symbole tangible de la Journée nationale de l’Arbre célébrée sous l’égide du chef de l’État.
Accompagnés des forestiers de la direction départementale, les participants ont pris soin d’inscrire sur chaque piquet la date et le nom vernaculaire de l’espèce, engagement moral à surveiller la croissance de ces feuillus durant les trois prochaines saisons sèches.
Diversité botanique et recherche congolaise
Pour Sara Nguie, coordinatrice de l’ONG Human Empress, l’intérêt dépasse la symbolique verte : « Plusieurs des essences plantées, notamment Garcinia kola et Khaya ivorensis, n’existaient pas encore dans l’arboretum de Brazzaville, nos étudiants devaient aller jusqu’à Kumasi pour les observer ».
Les pousses serviront donc de plateforme vivante pour des travaux pratiques en pharmacie forestière, écophysiologie et modélisation carbone, renforçant une recherche locale longtemps freinée par la rareté de référentiels botaniques.
Arbres contre climat extrême
Au-delà du laboratoire, la campagne participe à l’ambition congolaise de réduire ses émissions nettes tout en améliorant la résilience des communautés riveraines, souvent confrontées à l’érosion des berges et aux vagues de chaleur urbaines.
Le ministère de l’Économie forestière, partenaire technique, rappelle qu’un hectare de feuillus matures peut séquestrer jusqu’à 200 tonnes de CO₂, soit l’équivalent annuel des émissions de 150 véhicules légers.
À Makabandilou, un quartier exposé aux inondations, les jeunes plants fourniront à terme une barrière racinaire contre le ruissellement, tandis que leur ombrage réduira la température ressentie dans les cours d’école de près de 3 °C selon les projections de l’Institut national de la météorologie.
Vision panafricaine et diplomatie verte
L’initiative congolaise s’inscrit dans l’objectif continental fixé par le président du conseil d’administration du Groupe UBA, Tony O. Elumelu, qui souhaite voir chaque filiale planter 10 000 arbres avant 2030, en résonance avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Au cours de son Africa Tour, l’entrepreneur a rencontré cinq chefs d’État pour promouvoir cette diplomatie verte fondée sur la finance inclusive et la création d’emplois dans l’économie circulaire.
Emplois verts et gouvernance communautaire
À Brazzaville, la Fondation UBA a choisi d’associer la plateforme jeunesse Talents verts, le lycée technique du 1er Mai et plusieurs coopératives féminines de pépiniéristes afin que la chaîne de valeur du projet reste locale de la graine jusqu’au compost.
Selon Divin Mpandzou, directeur du secteur public d’UBA Congo, le chantier créera 60 emplois saisonniers rien que pour l’arrosage et la protection des jeunes arbres pendant la période sèche, avec des formations courtes financées par la banque.
Les riverains contactés apprécient l’approche participative. « Cette fois nous avons décidé des essences, explique Thérèse Loubaki, présidente du comité de quartier de Mpissa. Nous planterons du niangon pour le bois d’œuvre et du moabi dont les amandes servent en médecine traditionnelle ».
Vers 12 000 arbres: feuille de route
Le suivi scientifique sera assuré par l’université Marien-Ngouabi, qui prévoit l’installation de capteurs d’humidité et d’un drone léger pour cartographier la mortalité des plants, un tableau de bord accessible au public devant être mis en ligne au premier trimestre 2026.
Dans la phase deux, la Fondation compte introduire des essences mangrove autour de la lagune de Loango afin de protéger les frayères et soutenir les pêcheurs artisanaux, en dialogue avec l’Agence nationale de l’environnement marin.
Si les 2 000 premiers arbres survivent à plus de 80 %, UBA Congo prévoit d’élargir l’objectif à 12 000 plants, alignant ainsi la filiale sur la trajectoire fixée par le groupe et contribuant de manière visible aux engagements climatiques du pays.
Financement vert et traçabilité carbone
Le coût de la campagne, estimé à soixante-cinq millions de francs CFA, est couvert à soixante-dix pour cent par la Fondation UBA et à trente pour cent par un mécanisme de microdon participatif : chaque détenteur de carte bancaire peut arrondir ses achats au franc supérieur au profit du projet.
Les transactions sont enregistrées sur une chaîne de blocs interne, assurant la traçabilité du flux financier jusqu’au plant, une première dans le pays selon la Commission nationale des forêts qui y voit un levier pour crédibiliser le futur marché carbone domestique.
À terme, chaque arbre recevra un QR code gravé sur une plaquette recyclable ; en le scannant, les donateurs pourront suivre la hauteur, la circonférence et la quantité de CO₂ captée, mais aussi obtenir le nom du jardinier responsable.
Mobiliser les citoyens, mode d’emploi
Les écoles, paroisses et entreprises souhaitant participer peuvent composer le 3430, numéro vert mis à disposition par le ministère de l’Environnement, ou s’inscrire sur la plateforme reboisons.cg où un calendrier des sites de plantation est actualisé chaque semaine.
Un kit gratuit, comprenant gants biodégradables, fiche technique et sachet de compost, est remis à chaque volontaire, tandis que la société de transport public STPU offre la gratuité sur ses lignes les jours d’opération, facilitant ainsi le déplacement des habitantes des périphéries.
