Un mémorandum bilatéral au service du climat
Signé en 2024, le mémorandum entre les Sénats du Congo et de la France place la question environnementale au cœur d’une diplomatie législative souvent méconnue. Les deux chambres entendent codifier une coopération technique capable d’épauler les gouvernements dans la mise en œuvre des engagements climatiques.
Le président du groupe d’amitié Congo-France, Aristide Ngama Ngakosso, et l’ambassadrice Claire Bodonyi ont rappelé, lors d’une séance de travail à Brazzaville, que l’accord vise d’abord à moderniser les cadres juridiques de l’énergie et de la protection de la biodiversité, secteurs structurants pour la croissance congolaise.
Une diplomatie sénatoriale centrée sur l’énergie
Les partenaires ont identifié la transition énergétique comme terrain prioritaire. La France, en pleine révision de son mix électrique, souhaite partager ses retours d’expérience sur l’acceptabilité des éoliennes et l’intégration du solaire dans les zones rurales. « Nos débats parlementaires ont forgé des outils transférables », souligne Claire Bodonyi.
Pour le Sénat congolais, ces échanges s’inscrivent dans la stratégie nationale de diversification, laquelle mise sur les énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux hydrocarbures tout en maintenant les recettes d’exportation. Le législateur veut sécuriser un cadre propice aux investissements privés et à la formation d’ingénieurs locaux.
Valoriser le potentiel hydro-solaire congolais
Les discussions ont aussi porté sur la valorisation des cours d’eau congolais. Des études menées par l’Agence internationale de l’énergie estiment que le bassin du fleuve Congo pourrait fournir plus de 100 TWh par an d’électricité bas-carbone, si des barrages de taille moyenne sont privilégiés pour limiter l’impact social.
À terme, les sénateurs souhaitent instaurer un cadre incitatif pour les partenariats public-privé, combinant petite hydraulique et solaire flottant. Paris propose d’appuyer la définition de normes environnementales et sociales, inspirées des exigences européennes, afin d’attirer des fonds climat tout en protégeant les écosystèmes riverains.
Migration, cohésion sociale et justice climatique
Autre pilier du mémorandum : la gouvernance migratoire à l’ère du réchauffement. La diplomatie parlementaire entend construire un discours partagé sur les liens entre mobilité humaine, adaptation et développement. « Chaque pays définit sa politique, mais aucun ne peut ignorer les pressions climatiques », rappelle Aristide Ngama Ngakosso.
Les deux Sénats envisagent la création d’un observatoire conjoint chargé de documenter les déplacements internes liés aux inondations dans le bassin du Congo, afin d’anticiper les besoins en logement et en emploi dans les zones d’accueil. Des auditions d’experts de l’OIM et du PNUD sont programmées en fin d’année.
Contrer la désinformation environnementale
La propagation de fausses informations sur le climat complique l’adhésion citoyenne aux réformes. Les parlementaires ont convenu d’échanger leurs protocoles de vérification et de renforcer les sanctions contre les contenus délibérément trompeurs. « La désinformation fragilise la relation d’excellence entre nos deux pays », alerte l’ambassadrice.
Un groupe de travail binational sera chargé d’identifier les récits nocifs circulant sur les réseaux sociaux et de proposer des campagnes de sensibilisation en langues locales. Le Sénat congolais veut impliquer les médias communautaires pour expliquer la valeur ajoutée des énergies propres aux populations rurales et urbaines.
Perspectives pour 2025 et au-delà
Les deux institutions tablent sur un calendrier dense : forum parlementaire sur la finance verte début 2025 à Brazzaville, mission d’information sur l’économie circulaire à Paris au printemps, puis session conjointe avant la COP30. L’objectif est de livrer des propositions communes aux exécutifs respectifs.
En consolidant le dialogue législatif, Brazzaville renforce son positionnement comme acteur fiable de la diplomatie climatique africaine, tout en bénéficiant de l’expertise technique française. Le mémorandum devient, pour les deux chambres, un instrument pragmatique au service d’une transition juste, respectueuse des identités locales et porteuse de prospérité partagée.