Un pas décisif pour la sécurisation foncière
Du 29 au 31 octobre, Brazzaville a réuni experts, représentants communautaires et partenaires internationaux autour d’un même enjeu : consolider les droits fonciers coutumiers des peuples autochtones du Bassin du Congo, socle de leur survie culturelle et économique.
Le Réseau régional des peuples autochtones d’Afrique centrale, Repaleac, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO, ont profité de ces trois journées pour lancer officiellement une Communauté de pratique (CoP) dédiée aux questions foncières et forestières.
Pourquoi les droits coutumiers comptent
Dans la région, les terres communautaires abritent une biodiversité essentielle et des puits de carbone naturels. L’absence de titres formels expose toutefois leurs détenteurs historiques à l’insécurité, freinant ainsi la gestion durable de ces espaces.
Renforcer la reconnaissance juridique des droits coutumiers permettrait de réduire les conflits d’usage, de stimuler l’économie locale et d’améliorer la gouvernance des ressources naturelles, selon les intervenants.
Pour Mme Cathérine Fleur Amban Nkoro, venue du Cameroun, « nos peuples restent marginalisés sur la question foncière ; cette initiative arrive au moment opportun, car elle porte notre plaidoyer auprès des institutions ».
Des priorités concrètes pour la nouvelle CoP
La CoP Afrique francophone s’est fixé un plan de travail réaliste et orienté vers l’action, validé en séance plénière. Deux pays pilotes seront désignés pour tester, documenter et affiner des solutions adaptables à l’ensemble du Bassin du Congo.
Les participants ont convenu d’appuyer la conception du futur Mécanisme technique mondial sur le foncier, outil prévu pour harmoniser l’assistance juridique et renforcer la coordination des bailleurs en faveur des peuples autochtones.
L’atelier s’est déroulé en format hybride, combinant sessions en présentiel et visioconférences, gage d’une participation élargie qui a englobé le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon et le Rwanda.
Voix des communautés: attentes et réalités
Les délégués ont partagé des expériences poignantes sur les expulsions, le manque de consultations préalables et la difficulté d’accéder aux recours juridiques dans leurs pays respectifs.
Malgré ces obstacles, la collaboration émergente nourrit l’espoir. « En unissant nos forces, nous pouvons faire évoluer les textes et les pratiques », a souligné un représentant rwandais, rappelant la valeur d’une plateforme régionale de dialogue.
Les échanges ont également mis en lumière le rôle des femmes autochtones, souvent gardiennes de semences et de savoirs écologiques, mais trop rarement associées aux négociations foncières formelles.
Perspectives pour la résilience climatique
La FAO a rappelé que sécuriser la tenure foncière contribue directement à la résilience climatique, car les communautés assurées de leur terre investissent davantage dans la restauration des forêts et l’adaptation aux aléas.
Le plan d’action de la CoP s’aligne sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et sur l’axe 1 de la stratégie Repaleac, favorisant ainsi une cohérence avec les engagements internationaux.
À terme, l’initiative vise à soutenir un développement équitable, à renforcer la gouvernance inclusive et à offrir un exemple de coopération Sud-Sud centré sur la protection des écosystèmes et des cultures autochtones.
									 
					