Reconduction stratégique à la SNPC
Le 16 octobre, un décret présidentiel a reconduit Maixent Raoul Ominga à la direction générale de la Société nationale des pétroles du Congo. Ce choix, salué par l’entreprise, vise à assurer la continuité d’une phase décisive pour le secteur énergétique national.
La nomination intervient après l’adoption, à Oyo, de nouveaux statuts élargissant le périmètre de la SNPC aux énergies renouvelables. Elle confirme la volonté affichée par les autorités d’arrimer la compagnie publique aux ambitions climatiques et économiques du Congo.
Un parcours forgé dans la maison
Diplômé de l’Institut supérieur de l’entreprise de Montpellier, l’actuel dirigeant a rejoint la SNPC en 2001 comme contrôleur de gestion. Vingt-quatre ans plus tard, il connaît chaque rouage de l’entreprise, des terminaux de Djeno aux salles de marché de Brazzaville.
Sa progression, marquée par la direction des finances puis la direction générale adjointe, a été ponctuée de programmes de modernisation comptable et de renégociations contractuelles avec les opérateurs étrangers, lui valant une réputation de gestionnaire méthodique.
« Le portefeuille de l’entreprise exige une rigueur digne d’une grande banque », confie un consultant pétrolier de Pointe-Noire, rappelant que la SNPC assure près de deux tiers des recettes export nationales.
Des statuts élargis aux renouvelables
Le Conseil des ministres du 7 octobre a validé des statuts révisés qui introduisent officiellement l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité dans le portefeuille de la SNPC. La compagnie change ainsi de physionomie, passant de pétrolière à entreprise énergétique intégrée.
Le mandat du directeur général passe désormais à cinq ans, renouvelable. Cette durée permet d’aligner les cycles d’investissement, souvent longs dans les renouvelables, avec la planification stratégique de l’État et les impératifs de stabilité recherchés par les partenaires financiers.
« Nous allons diversifier le mix tout en capitalisant sur notre expertise offshore », a déclaré Maixent Raoul Ominga lors de la passation, insistant sur le potentiel solaire du Plateau des Cataractes et les études hydrauliques en cours sur la Sangha.
Selon un rapport interne consulté, l’entreprise envisage d’installer 200 mégawatts d’énergie solaire d’ici 2028, assortis de mini-grids destinés à l’électrification rurale. Ces objectifs renforcent la cohérence du Plan national de développement 2022-2026.
Modernisation et gouvernance renforcée
La reconduction s’accompagne d’un cahier des charges précis sur la transparence financière. Un système de reporting trimestriel, aligné sur les standards ITIE, sera déployé dès janvier afin de publier la production, les ventes et les taxes versées.
Pour Judith Ngoma, économiste au cercle de réflexion Congo Vision, « ces tableaux de bord rassurent les bailleurs ; ils facilitent aussi la reddition de comptes auprès des populations qui surveillent de près les revenus pétroliers ».
L’entreprise promet également de renforcer la formation interne en management environnemental. Une académie dédiée aux bonnes pratiques HSE, co-construite avec l’Université Marien-Ngouabi, ciblera les jeunes ingénieurs pour soutenir la transition vers des opérations plus sobres.
Enjeux sociaux et voix des territoires
Dans le Kouilou, des communautés de pêcheurs exhortent la SNPC à concilier nouveaux forages et préservation des mangroves. « Nous voulons des projets qui protègent nos zones de reproduction », insiste Anne-Marie Louvoulou, présidente d’un collectif local.
Pour accompagner les attentes, le directeur général annonce un fonds de développement communautaire alimenté par 0,5 % du chiffre d’affaires des nouveaux permis. Les ressources financeront des forages d’eau potable, des cliniques mobiles et la rénovation d’écoles.
Plusieurs ONG saluent l’initiative tout en réclamant des indicateurs précis d’impact. Elles souhaitent que les communautés participent à la sélection des projets et à l’audit annuel, afin d’asseoir une gouvernance partagée.
Cap sur l’investissement vert
La nouvelle feuille de route prévoit l’émission de premiers green bonds domestiques pour mobiliser 300 millions de dollars. Ces obligations financeront des parcs solaires, la modernisation des torchères et des programmes de captage du méthane.
La BDEAC, institution régionale, s’est déclarée prête à co-arranger l’opération, estimant que « l’appétit des investisseurs pour les projets bas carbone en Afrique centrale se confirme ». Un roadshow est envisagé à Londres et Dubaï au premier semestre.
À Brazzaville, plusieurs start-up clean-tech voient dans cette dynamique une opportunité de contractualiser avec la SNPC pour des solutions de stockage ou de maintenance solaire. Le tissu entrepreneurial local pourrait ainsi capter une partie de la valeur créée.
Quel horizon pour le mix énergétique congolais
Selon l’Agence congolaise de l’électrification rurale, la demande nationale devrait doubler d’ici 2030. La contribution des renouvelables pourrait atteindre 30 % si les objectifs de la SNPC et des opérateurs hydrauliques restent alignés.
En se positionnant à la fois comme producteur d’hydrocarbures responsables et catalyseur de projets bas carbone, la SNPC illustre l’ambition du Congo de conjuguer développement économique, sécurité énergétique et protection de l’environnement dans la décennie à venir.
									 
					