Une nomination qui assure la continuité
Le décret présidentiel du 16 octobre 2025 a reconduit Maixent Raoul Ominga à la tête de la Société Nationale des Pétroles du Congo. Après une première mandature marquée par le plan « Performance 2025 », l’ingénieur pétrolier se voit confier la mission de franchir une nouvelle étape.
Le conseil des ministres a validé de nouveaux statuts ouvrant la SNPC à des lignes d’activité émergentes. « Nous poursuivrons l’exploitation des hydrocarbures tout en préparant l’avenir bas-carbone », a expliqué le directeur général lors de sa prise de fonctions, saluant la vision du président Denis Sassou Nguesso.
Cap sur la transition énergétique
Le premier changement visible concerne le portefeuille d’énergies. Le gaz, abondant dans le bassin côtier, devient le pivot d’une stratégie tournée vers la production d’électricité et la pétrochimie propre. Des études sur l’hydrogène vert et les biocarburants sont déjà engagées avec des partenaires techniques.
D’ici trois ans, la SNPC vise une réduction de 20 % de l’intensité carbone de ses opérations grâce au torchage zéro, à la récupération de chaleur et à l’intégration solaire sur ses bases logistiques. Ces objectifs s’alignent sur l’Initiative africaine de transition énergétique adoptée à Brazzaville.
Renforcer la gouvernance interne
Pour Maixent Raoul Ominga, la gouvernance n’est pas un slogan. Il entend instaurer des comités de direction pluridisciplinaires, où la parité hommes-femmes sera suivie par des indicateurs précis. Les nominations internes devront passer par un système d’évaluation transparent et publié chaque trimestre.
Le directeur général insiste aussi sur la formation continue. Un accord avec l’Université Marien-Ngouabi prévoit des cycles certifiants en géosciences, management et cybersécurité. « Nous voulons des cadres capables de dialoguer avec un investisseur qatari ou un développeur solaire indien », résume la directrice des ressources humaines.
Valoriser le portefeuille de permis
La SNPC détient ou opère vingt-deux permis, dont plusieurs en phase d’exploration avancée. La nouvelle direction veut conclure rapidement des farm-out pour partager les risques et accélérer la mise en production. Un guichet unique interne facilitera la due diligence des partenaires étrangers.
Sur la côte nord, le permis Marine XXI pourrait devenir le premier champ opéré exclusivement par des ingénieurs congolais. Selon un géologue interne, une découverte de condensat y serait « commercialisable sous dix-huit mois si les forages confirment le modèle sismique », ce qui renforcerait l’autonomie énergétique.
Contrôle et digitalisation au service de la transparence
Autre cheval de bataille : le contrôle interne. La bascule vers SAP S/4HANA est quasiment achevée. Les écritures comptables, les bons de commande et la paye seront tracés en temps réel depuis une salle de contrôle à Pointe-Noire, réduisant les risques d’erreurs et les délais d’audit.
Centraliser la mémoire documentaire
Pour gagner en efficacité, la direction juridique centralise plus de 50 000 pages de contrats, décisions arbitrales et actes fonciers dans un dépôt sécurisé de Mpila. Les chercheurs et auditeurs disposeront d’un portail d’accès électronique, évitant les doublons et les pertes de documents historiques.
Optimiser la chaîne aval
L’aval, longtemps parent pauvre, devient la sixième priorité. Raffinage, distribution et stockage seront regroupés dans une filiale intégrée. L’objectif est de réduire les importations de produits finis, qui représentent encore un tiers de la facture énergétique nationale.
Un accord de principe avec la Banque de développement des États d’Afrique centrale ouvre la voie au financement d’une unité de bitume à Djeno, vitale pour les chantiers routiers. La SNPC envisage également des bornes GPL dans les grandes villes pour encourager une cuisson domestique plus propre.
Former et motiver les talents
La réussite reposera sur les hommes et les femmes du groupe. Un programme interne, « SNPC NextGen », prévoit du mentorat intergénérationnel, des stages croisés avec l’Agence congolaise pour la transition énergétique et des concours d’innovation ouverts aux start-up locales.
« Nous voulons inspirer la jeunesse congolaise et lui montrer que l’énergie de demain se construit ici », souligne Christelle Boukaka, responsable du projet. Un budget de 2 % du chiffre d’affaires est réservé à la formation, confirmant l’engagement social de la compagnie.
Quels bénéfices pour l’économie nationale ?
L’État reste l’actionnaire unique et bénéficiera des dividendes de cette modernisation. Selon le ministère des Finances, chaque point de pourcentage gagné sur le taux de récupération des champs matures pourrait rapporter 30 millions de dollars par an au Trésor, finançant des programmes sociaux.
Les micro-entreprises locales profiteront aussi des marchés de fourniture et de services. Une clause de contenu local de 40 % est désormais inscrite dans les appels d’offres. Les organisations professionnelles saluent cette opportunité de « transformer la rente pétrolière en emplois qualifiés ».
Un futur programme post-2025 très attendu
Le successeur de « Performance 2025 » sera présenté au premier semestre 2026. Il fixera des cibles chiffrées sur les émissions de méthane, la part de revenus hors pétrole et l’automatisation des flux logistiques. Les indicateurs seront vérifiés par un consultant indépendant.
En réaffirmant sa confiance à Maixent Raoul Ominga, le gouvernement lance un signal de stabilité pour les investisseurs. Les mois à venir diront comment la SNPC conjugue rentabilité pétrolière, transition énergétique et création d’emplois, trois piliers stratégiques pour le Congo de demain.
