Sibiti mobilise pour un assainissement durable
Dans la capitale départementale de la Lékoumou, Sibiti, le ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier a lancé, le 30 août, une opération inédite baptisée Trimestre de l’assainissement, appelée à transformer durablement le visage sanitaire de la ville et de ses environs.
Prévue de septembre à novembre, cette campagne vise à réduire la prolifération des déchets solides, assécher les eaux stagnantes et restaurer la confiance des habitants dans les services publics de base, objectif régulièrement cité lors du premier forum national sur l’assainissement urbain organisé plus tôt cette année.
Objectifs et calendrier de la campagne
En donnant le coup d’envoi à Sibiti, le ministre Juste Désiré Mondélé a évoqué « une réponse coordonnée à une urgence hygiénique », soulignant que la réussite de l’opération dépendrait d’une mobilisation transversale des autorités locales, des organisations de la société civile et du secteur privé.
Tous les vendredis, les marchés, rues, caniveaux, écoles et bâtiments publics feront l’objet d’opérations intensives de nettoyage, tandis que des journées citoyennes de ramassage seront instituées chaque premier samedi du mois pour ancrer les bons réflexes dans la durée.
Sensibilisation et participation communautaire
Une cellule de communication de proximité diffusera des messages en langues locales à la radio communautaire, dans les lieux de culte et sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser sur les risques sanitaires liés à l’accumulation des ordures et sur les gestes techniques de tri.
Le préfet Jean Christophe Tchikaya a salué « un tournant décisif pour une ville dont la croissance démographique dépasse désormais 4 % par an », rappelant que les dépôts sauvages d’ordures occupent déjà plusieurs artères stratégiques et compliquent la circulation pendant la saison des pluies.
Selon les services techniques municipaux, Sibiti produit environ 35 tonnes de déchets par jour, dont moins de la moitié est collectée, faute d’équipements adaptés et de financement pérenne pour l’entretien du parc de camions-bennes.
Renfort matériel et partenariats institutionnels
Le don de brouettes et d’outillage offert par la Fondation Congo Assistance, présidée par Antoinette Sassou N’Guesso, vient combler ce déficit matériel et témoigne d’un partenariat entre solidarité nationale et politiques publiques, comme l’a rappelé la ministre des Affaires sociales, Marie Cécile Mboukou Kimbatsa.
Au-delà des équipements, la stratégie repose sur la formation de brigades de salubrité composées de jeunes volontaires, encadrés par les services techniques et rémunérés par des microcontrats, démarche pensée pour créer un revenu d’appoint tout en consolidant le sentiment d’appartenance à la cité.
Vers une économie circulaire locale
Les autorités entendent intégrer le secteur informel du ramassage, souvent assuré par des charrettes artisanales, afin de valoriser la récupération des plastiques et des métaux, ouvrant la voie à une micro-économie circulaire susceptible de réduire la pression sur la décharge principale.
Sur le plan infrastructurel, le coup de pelle inaugural donné sur la route Komono-Mbila, longue de vingt-cinq kilomètres, illustre le lien entre assainissement et mobilité : un axe praticable facilitera l’évacuation rapide des déchets et l’accès des opérateurs chargés du curage des caniveaux.
Coûts sanitaires et alignement aux ODD
Les économies réalisées sur les coûts de santé publique pourraient être significatives, les autorités sanitaires estimant que les pathologies d’origine hydrique représentent un tiers des consultations dans les dispensaires de la zone, particulièrement lors des épisodes pluvieux.
Les enjeux s’inscrivent également dans l’Agenda 2030 des Nations unies, notamment l’Objectif de développement durable numéro six sur l’eau propre et l’assainissement, dossier sur lequel le Congo déploie plusieurs projets pilotes appuyés par des partenaires multilatéraux.
Gouvernance et financement transparents
Pour le sociologue de l’environnement Armand Ngatsé, « l’efficacité du programme dépendra de sa capacité à devenir routinier ; il ne doit pas être perçu comme un événement ponctuel mais comme l’amorce d’une gouvernance sanitaire participative ».
Dans les quartiers périphériques, des comités de veille seront constitués pour surveiller les points de dépôt sauvage, signaler toute obstruction de caniveaux et orienter les ménages vers les bacs de tri, initiative censée prolonger l’action institutionnelle en l’enracinant dans la vigilance quotidienne.
Le financement de l’opération, estimé à cent vingt-cinq millions de francs CFA, provient d’un panachage de crédits budgétaires, de contributions privées et de subventions des agences onusiennes impliquées dans la lutte contre les déchets plastiques.
Un comité technique mixte tiendra un tableau de bord hebdomadaire publié en open data afin de garantir la transparence des dépenses et de démontrer que chaque franc investi se traduit par une rue, une école ou un marché plus propres.
Premières évaluations attendues
La réussite du Trimestre de l’assainissement à Sibiti sera évaluée en décembre sur la base d’indicateurs simples : volume d’ordures collectées, nombre de points noirs résorbés et taux de participation citoyenne, autant de données destinées à aiguiller les futures politiques urbaines nationales.