Un rappel ferme du cadre légal congolais
La note circulaire signée par Pierre Oba, ministre d’État chargé des Industries minières et de la Géologie, résonne comme un rappel ferme : toute société détenant un permis de petite mine doit restituer le site, étape après étape, dès que l’extraction arrive à son terme.
Les articles 132 et 136 du code minier, cités dans la circulaire, précisent que la remise en état englobe le modelage du relief, la gestion sécurisée des stériles et la revégétalisation avec des espèces locales afin d‘éviter érosion, ruissellement acide et pertes de biodiversité.
Enjeux environnementaux et sociaux immédiats
Au-delà de l’obligation légale, la réhabilitation progressive limite les impacts immédiats sur la santé des riverains, souvent confrontés aux poussières et aux eaux chargées en métaux. Elle diminue également la facture finale, car restaurer un site au fur et à mesure coûte moins qu’une opération d’urgence.
Dans le district de Mpassa, le chef traditionnel Moundzika rappelle que l’enfouissement des fosses désaffectées a réduit les accidents de bétail : « Nous voyons la différence depuis que la société rebouche petit à petit », confie-t-il. Son témoignage rejoint ceux d’autres villages au nord de la Cuvette.
Des méthodes éprouvées de remise en état
Les ingénieurs présents sur la mine d’or de Komono utilisent désormais des géomembranes et des bassins de décantation pour retenir les eaux de procédé avant leur traitement. Cette approche, recommandée par le Centre africain des mines responsables, limite la turbidité des rivières voisines et protège la pêche artisanale.
Pour la revégétalisation, les pépinières locales produisent des boutures d’acacias et d’iroko, espèces capables de fixer l’azote et d’améliorer rapidement le sol. Après trois saisons, la canopée naissante réduit l’évaporation et attire les insectes pollinisateurs, accélérant la régénération naturelle de la forêt secondaire.
Innovation locale portée par les communautés
À Mindouli, un partenariat pilote associe femmes maraîchères et opérateurs miniers : les plateaux recouverts de terre végétale servent de jardins potagers le temps que la forêt se réinstalle. Les récoltes alimentent la cantine scolaire et apportent un revenu d’appoint aux ménages déplacés.
Le sociologue Alphonse Ntsika observe que cette démarche renforce la confiance : « Quand la communauté voit un bénéfice direct, elle devient partenaire de veille environnementale et signale plus tôt les déversements accidentels ». Les entreprises y gagnent en réputation et réduisent les risques d’arrêt de chantier.
Retombées économiques pour les territoires
Selon la Chambre africaine des mines, chaque dollar investi dans la restauration génère en moyenne 1,4 dollar d’activité locale, grâce aux contrats de terrassement, aux pépinières et aux services de suivi. Ces revenus diversifiés préparent la reconversion des sites vers l’agroforesterie ou l’écotourisme émergent.
À Gamboma, une carrière réhabilitée accueille désormais un bassin piscicole de six hectares fourni en alevins de tilapia. Le directeur local des pêches affirme que cette initiative a doublé l’offre de poisson frais sur les marchés périurbains, réduisant la pression sur les zones humides naturelles.
Financements verts et incitations
Le gouvernement soutient la démarche par des avantages fiscaux, notamment la déductibilité des dépenses de réhabilitation, prévue dans le budget 2024. Les banques partenaires, dont la BGFI Bank Congo, proposent des lignes de crédit vert à taux préférentiels pour l’achat d’équipements de contrôle et de végétalisation.
Pour accéder à ces facilités, les sociétés doivent fournir un plan de fermeture validé par l’Agence congolaise de l’environnement et un calendrier de suivi satellitaire. Les données issues de la plateforme publique GeoMin offrent aux investisseurs un tableau clair des performances ESG, renforçant l’attractivité du secteur congolais.
Perspectives de suivi et d’évaluation
Le ministère prévoit la publication semestrielle d’une carte interactive montrant l’avancement des remblais, des plantations et de la qualité de l’eau sur chaque permis. Ces informations permettront aux chercheurs et ONG de vérifier les progrès tout en identifiant les zones nécessitant un appui technique supplémentaire.
À terme, ces indicateurs seront intégrés au registre national du carbone pour valoriser les crédits générés par la restauration des sols et la séquestration végétale. Des discussions sont en cours avec l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives afin d’harmoniser ces données avec les standards internationaux.
« Nous voulons faire du Congo une référence régionale en matière de mine responsable », souligne Pierre Oba, rappelant que la diversification économique passe par la confiance des bailleurs. Il annonce l’organisation prochaine d’un forum sur la gestion post-minière à Brazzaville, ouvert aux communautés concernées.
Pour les observateurs, la réussite dépendra de la capacité à documenter les résultats sur la durée. La transparence des données, l’implication citoyenne et les incitations économiques forment un triptyque prometteur qui, s’il se confirme, pourrait inspirer d’autres secteurs extractifs en Afrique centrale.
Les exploitants peuvent contacter la cellule réhabilitation du ministère au 05 555 12 12 pour obtenir le guide technique et le modèle de plan de clôture. Une permanence est assurée chaque mardi pour accompagner le dépôt de dossier, et un numéro vert informe sur l’état d’avancement des demandes.
