Un littoral nettoyé, un message lancé
À l’aube, sur le sable brun de la côte sauvage, cadres et agents publics ont formé une chaîne silencieuse. Gants et sacs transparents à la main, ils ont méthodiquement collecté les bouteilles, gobelets et sachets plastiques abandonnés.
Ce geste symbolique, réalisé le 27 septembre, répondait à l’appel mondial de la 46ᵉ Journée du tourisme. En nettoyant la plage, les participants ont voulu rappeler que les plaisirs balnéaires passent par la préservation du cadre.
Les sacs remplis alignés au bord de la route ont offert une image frappante : en moins de deux heures, un monticule de plastique avait quitté le rivage, prouvant qu’une action coordonnée fait rapidement la différence.
Au-delà du visuel, les agents rappellent que les déchets sont souvent rejetés ensuite vers le large, menaçant les poissons qui attirent eux-mêmes les visiteurs et nourrissent des familles de pêcheurs voisins de la plage.
Une Journée mondiale tournée vers la transformation durable
La direction départementale du Tourisme et de l’hôtellerie a choisi cette opération pour concrétiser le thème « Tourisme et transformation durable ». L’idée : montrer qu’une célébration ne se limite pas au discours, mais commence par un acte tangible.
Le directeur départemental, Stèves Malcom Mpan, explique que le tourisme de demain devra conjuguer environnement, équité sociale et économie viable. « Nous apprenons à adapter nos pratiques pour respecter ces trois piliers », a-t-il déclaré en bord de mer.
Le message a résonné parmi les jeunes fonctionnaires présents. Beaucoup affirment qu’ils fréquentent la côte sauvage le week-end et se disent désormais plus vigilants, gardant un sac vide dans leur sac à dos pour ramener leurs propres ordures.
« Ramasser aujourd’hui change notre manière de consommer demain », confie une agente du cadastre, essuyant la sueur de son front. À ses côtés, le secrétaire général Sylvestre Lempoua acquiesce, voyant dans cet élan un signal éducatif fort.
Du sable à l’eau douce : l’étape du lac Nanga
Après la plage, le cortège a rejoint le lac Nanga, niché dans le 6ᵉ arrondissement de Ngoyo. La route sablonneuse serpentant entre habitations et filaos a prolongé l’esprit de découverte impulsé le matin même.
L’arrivée au bord de l’eau a suscité un murmure d’étonnement. Un miroir d’azur entouré de verdure, quasi intact, témoignait de la richesse naturelle vantée par Sylvestre Lempoua : « Le Congo est un véritable don de la nature », a-t-il rappelé.
Le lac accueille déjà des balades en pirogue et quelques tables improvisées où l’on sert du poisson grillé. Rien d’industriel : un tourisme encore artisanal que les autorités souhaitent structurer sans altérer l’authenticité du site.
En arpentant la berge, les visiteurs ont noté l’absence de déchets plastiques. « Nous voulons éviter ici ce que nous venons d’enlever sur la côte », indique un agent de la direction, déjà prêt à planifier une future campagne d’entretien.
Soutenir celles et ceux qui entreprennent
Pour l’administrateur-maire de Ngoyo, Genest Wilfrid Paka Banthoud, la promotion de sites comme Nanga offre une alternative saine aux loisirs urbains jugés parfois nocifs pour les adolescents durant les vacances.
Il plaide pour que les pouvoirs publics accompagnent les particuliers investissant dans l’écotourisme. Un appui administratif ou financier, selon lui, permettrait d’améliorer l’accueil sans évincer les habitants qui font vivre l’endroit.
Les participants au déplacement ont observé les initiatives déjà présentes : location de gilets de sauvetage, vente de noix de coco et guides bénévoles. Des gestes encore modestes qui méritent, disent-ils, une visibilité plus large.
Sur place, un jeune opérateur touristique résume l’enjeu : « Si le quartier voit arriver des visiteurs, les familles vendront des produits locaux et garderont leurs enfants près du lac plutôt qu’en ville ». Le maire l’écoute, carnet ouvert.
Mettre en réseau les joyaux de Pointe-Noire
Outre Nanga, le département abrite le lac Tchimpounga et d’autres perles encore peu connues. Les responsables souhaitent relier ces points d’intérêt pour créer un circuit cohérent, capable de prolonger le séjour des voyageurs.
Sylvestre Lempoua insiste : si les Congolais eux-mêmes découvrent d’abord ces lieux, l’image positive se diffusera naturellement auprès des expatriés puis des touristes étrangers. « Nous devons être nos premiers ambassadeurs », commente-t-il.
La côte sauvage nettoyée devient ainsi la porte d’entrée idéale d’un parcours qui mène, en moins d’une journée, du bruit des vagues au calme d’un lac intérieur. La diversité des paysages reste un atout majeur.
Les cadres présents prennent déjà rendez-vous pour une seconde opération sur le lac Tchimpounga. L’objectif sera identique : nettoyer d’abord, sensibiliser ensuite, et montrer par l’exemple que la transformation durable commence sur le terrain.
Une dynamique locale porteuse d’avenir
La matinée a pris fin mais l’élan demeure. Les sacs de déchets entreposés à la décharge municipale deviennent la preuve matérielle qu’une journée d’effort collectif peut redonner une allure neuve aux sites fréquentés.
Le directeur Mpan envisage désormais de consigner chaque action dans un registre public, afin que la population visualise la progression. Un tableau exposé à la mairie devrait, dit-il, encourager les écoles et quartiers à proposer leurs propres opérations.
Les participants estiment que la célébration annuelle du tourisme restera un jalon, mais que le succès passera par un calendrier régulier d’activités. « Occupons le terrain douze mois sur douze », lance un conseiller départemental en saluant ses collègues.
À Pointe-Noire, l’articulation entre propreté, loisirs et développement économique trouve ainsi une expression concrète. Le littoral nettoyé, le lac visité et l’engagement acté montrent qu’un tourisme durable est déjà en marche, porté par la volonté locale.
