Une campagne inédite d’assainissement à Sibiti
Le 30 août, Sibiti a vécu un moment charnière : le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondelé, a ouvert le « Trimestre de l’assainissement de la Lékoumou », programme pilote destiné à transformer durablement l’hygiène publique dans ce département.
Étendue de septembre à novembre, l’opération cible le curage des caniveaux, la collecte des déchets plastiques, le balayage des artères et l’évacuation des dépôts sauvages, tout en installant une culture de gestion responsable des déchets au sein des quartiers prioritaires.
Mobilisation de la population et des acteurs locaux
Au-delà des actions physiques, le ministère prévoit une séquence pédagogique intense : médias locaux, affiches et visites de porte à porte rappelleront les gestes quotidiens capables de réduire les volumes de détritus et de limiter la stagnation des eaux vectrices de maladies.
Pour soutenir la dynamique, des brigades de salubrité seront formées parmi les habitants, tandis que chaque premier samedi du mois deviendra une journée citoyenne consacrée au nettoyage des places publiques, des marchés et des établissements scolaires.
Symboliquement, Juste Désiré Mondelé a remis du matériel d’assainissement aux autorités locales, soulignant que « ces outils appartiennent à tous ; ils témoignent de l’engagement d’un État proche des réalités quotidiennes des populations » selon ses propres mots lors de la cérémonie.
Le préfet de la Lékoumou, Jean Christophe Tchikaya, a insisté sur la rapidité de l’urbanisation de Sibiti, génératrice de dépôts sauvages et d’eaux stagnantes ; il a salué une initiative apte à « revisiter les pratiques » pour accompagner la croissance de la ville.
Au conseil municipal, Florian Aristide Likibi a rappelé que Sibiti porte déjà l’ambition « ville propre », et voit dans la campagne nationale un relais structurant pour prévenir les pathologies associées à la non-observance de l’hygiène environnementale.
Salubrité, santé publique et économie circulaire
Les défis ne se limitent pas aux déchets solides. L’absence partielle de drainage, accentuée par des épisodes pluvieux intenses, favorise la formation de mares où prolifèrent moustiques et bactéries ; la salubrité devient ainsi une composante de la sécurité sanitaire régionale.
Or, l’expérience démontre que les opérations de courte durée s’essoufflent si elles ne créent pas un sentiment d’appropriation collective. Le ministère mise donc sur des relais communautaires, formés pour transmettre savoirs et outils à long terme, afin d’éviter l’effet de retour des déchets.
Les confessions religieuses, très implantées dans la région, ont promis de consacrer des homélies à la gestion des ordures, traduisant le message en langues vernaculaires pour toucher les publics éloignés des canaux médiatiques classiques.
Sur le plan logistique, la campagne s’appuie sur des camions-bennes réhabilités et sur un partenariat avec des recycleurs locaux qui absorberont les plastiques collectés, limitant ainsi l’enfouissement et ouvrant des perspectives économiques pour la filière de récupération.
Infrastructure et approche intégrée du développement
La dimension infrastructurelle n’est pas oubliée : en marge de la cérémonie, Juste Désiré Mondelé a lancé les travaux d’entretien de la route Komono-Mbila, 25 kilomètres stratégiques appelés à fluidifier la circulation des biens et à renforcer l’accès aux services essentiels.
Selon plusieurs observateurs, cette articulation entre salubrité urbaine et connectivité routière illustre l’approche intégrée défendue par les autorités: améliorer le cadre de vie tout en soutenant la dynamique économique locale, notamment la commercialisation des produits agricoles.
Les responsables sanitaires rappellent que chaque franc investi dans la prévention des déchets évite des coûts médicaux élevés liés aux maladies hydriques ou vectorielles. Le trimestre de l’assainissement est donc perçu comme un levier de résilience budgétaire pour les collectivités.
Suivi, évaluation et perspectives nationales
Les partenaires techniques, notamment certaines ONG environnementales, se disent disposés à fournir des indicateurs de suivi afin de mesurer la réduction effective des déchets et l’augmentation du recyclage, paramètres essentiels pour assurer la pérennité du programme.
Dans leur communication, les autorités veillent à souligner que l’initiative s’inscrit dans la droite ligne des orientations nationales et des recommandations émises lors du premier forum congolais sur l’assainissement urbain, tenu cette année à Brazzaville.
Observateurs et habitants convergent sur un point : la réussite dépendra de la régularité des collectes et de la réutilisation des déchets. En d’autres termes, la propreté de Sibiti se jouera autant dans les foyers que dans les centres de transfert.
Les trois prochains mois serviront de test grandeur nature. Si l’exercice s’avère concluant, le ministère envisage d’étendre la démarche à d’autres départements, consolidant ainsi une politique publique d’assainissement participatif et progressivement ancrée dans les habitudes urbaines.
À Sibiti, nombreux sont ceux qui voient déjà l’occasion de redorer l’image de la capitale départementale, d’attirer de nouveaux investissements et de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté tournée vers l’écocivisme.
Au terme du « Trimestre de l’assainissement », un rapport public dressera le bilan des actions, détaillant tonnages collectés, taux de participation et perspectives. Les décideurs disposeront ainsi de données pour affiner les futures stratégies environnementales du Congo.