Un partenariat franco-congolais au service de l’assainissement
Le 30 juillet dernier, les salons du ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier ont accueilli la délégation de la société française Nova, conduite par le maire de Charly, Olivier Araujo. Face au ministre Juste Désiré Mondelé, les représentants de Nova ont détaillé leur volonté « d’apporter une expertise technique pragmatique aux défis d’assainissement que connaissent les Congolais », selon les termes du maire. Cette proposition s’inscrit dans le sillage d’échanges amorcés depuis plusieurs mois avec l’Agence française de développement (AFD), chargée de structurer un mécanisme financier apte à soutenir la modernisation des réseaux urbains de Brazzaville et Pointe-Noire.
Les enjeux sanitaires et climatiques des métropoles congolaises
Brazzaville et Pointe-Noire concentrent aujourd’hui plus de la moitié de la population urbaine du pays. Les épisodes pluvieux intenses, accentués par le réchauffement climatique, saturent régulièrement les caniveaux, provoquent des inondations et dégradent la qualité de l’eau distribuée. Selon l’Organisation mondiale de la santé, ces dysfonctionnements favorisent la recrudescence de maladies hydriques telles que le choléra ou la typhoïde. Au-delà de la santé publique, l’enjeu revêt une dimension socio-économique : la désorganisation de la circulation et la détérioration des infrastructures routières qui accompagnent chaque inondation ralentissent le commerce local et accroissent le coût de la vie. Dans ce contexte, la stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques, adoptée en 2021, fait de l’assainissement urbain un levier prioritaire d’adaptation.
Transfert de technologies et renforcement des capacités locales
Forte de quinze années d’expérience, Nova articule son offre autour de la cartographie précise des réseaux enterrés, de la détection rapide des fuites et de la modélisation hydraulique. « Assainir, c’est d’abord connaître finement le sous-sol afin de sécuriser les chantiers et optimiser la maintenance », explique Philippe Aymard, directeur de Nova Detect. Les solutions numériques de la startup Mimo Detect promettent, quant à elles, une détection trois fois plus rapide grâce à l’algorithmie appliquée aux signaux géophysiques. L’objectif affiché est non seulement de transférer ces technologies, mais également de former des cadres congolais pour que, à moyen terme, la maîtrise d’œuvre puisse être assurée localement. Ce volet renforcement des compétences complète l’effort déjà entrepris par l’École nationale supérieure polytechnique de Brazzaville, qui a récemment ouvert un mastère spécialisé en ingénierie de l’eau.
Vers une gouvernance intégrée de l’eau et de la voirie
Le ministre Juste Désiré Mondelé insiste sur la nécessité de « plan d’action réalisable à moyen terme », articulé autour de trois axes : réhabilitation des caniveaux structurants, traitement adéquat des eaux pluviales et entretien routier compatible avec les objectifs de neutralité carbone. La coopération envisagée avec Nova offre un cadre pour tester des approches pilotes dans les arrondissements de Makélékélé et de Tié-Tié. Une gouvernance intégrée impliquant municipalités, agences de l’eau et acteurs privés devrait garantir la pérennité des investissements. Cette démarche s’aligne sur l’Objectif 6 de l’Agenda 2030 des Nations unies, tout en consolidant les engagements climatiques pris par la République du Congo dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN). Sans rompre avec la souveraineté des politiques publiques, l’apport d’expertises extérieures se présente donc comme un accélérateur capable d’inscrire l’assainissement urbain dans une trajectoire durable, inclusive et respectueuse des impératifs environnementaux.