Un chantier d’importance nationale
Pendant plusieurs mois, l’air chaud et humide accueillait les voyageurs dans les halls du principal aéroport congolais. Le 12 septembre, la remise en service du réseau de climatisation par le directeur général d’Aérco, Marcellus Boniface Bongho, a marqué la fin de cette période inconfortable et énergivore.
L’opération s’insère dans la modernisation continue des infrastructures prônée par les autorités. Selon Aérco, plus d’un million de passagers transitent chaque année par Maya-Maya ; garantir une température stable est donc devenu un critère clé de qualité de service et d’image pour la capitale.
Des compresseurs haute performance signés LG
Le groupement Régal-Congo et LG Electronics a remplacé deux des quatre machines défaillantes par des unités totalisant 2280 kilowatts de froid. Ces compresseurs centrifuges utilisent un réfrigérant à faible potentiel de réchauffement global, conforme aux exigences internationales en matière de climat.
Lovela Mboungou, ingénieur en génie climatique, détaille l’approche : « La priorité a été de supprimer chaque fuite d’eau, cause première de corrosion. Le nouveau montage, entièrement inox, réduit les risques et optimise l’échange thermique. Avec une maintenance régulière, l’installation peut fonctionner vingt ans sans rupture. »
Moins de kilowatts, plus de confort
La technologie de refroidissement à eau choisie affiche un coefficient de performance supérieur à 6, contre environ 4 pour l’ancien équipement. Cette efficacité permet d’économiser jusqu’à 30 % d’électricité, soit plusieurs dizaines de milliers de kilowattheures par mois selon les estimations internes d’Aérco.
Cette baisse de consommation réduit aussi les émissions indirectes de CO₂, alors que le Congo-Brazzaville s’est engagé dans l’initiative africaine pour l’efficacité énergétique des bâtiments. Le gestionnaire évalue le gain carbone à près de 600 tonnes annuelles, un atout pour la future certification environnementale de la plateforme.
Compétences locales renforcées
Au-delà de l’aspect technologique, le chantier a servi de terrain d’apprentissage. Quinze techniciens congolais ont suivi, sur place, une formation dispensée par les ingénieurs sud-coréens de LG. Ils assureront à présent la surveillance quotidienne des compresseurs et le réglage des vannes modulantes.
Pierre Bouanga, chef d’équipe maintenance, se réjouit : « Nous disposons désormais des logiciels de diagnostic à distance et d’un stock de pièces critiques. Cette autonomie réduit les délais d’intervention et laisse entrevoir la création d’un centre de compétence régional autour de la réfrigération verte. »
Des passagers satisfaits et écoutés
Dans le hall départ, Mireille Ntiongou, commerçante de Pointe-Noire, note déjà la différence : « Avant, il fallait éventer les enfants en attendant l’embarquement. Aujourd’hui, la température est douce, et l’humidité ne colle plus aux vêtements. »
Un sondage rapide mené par le service qualité de l’aéroport indique que 92 % des usagers interrogés depuis la réouverture jugent le confort thermique « bon » ou « très bon ». Le reste souhaite surtout davantage de signalétique sur la consommation énergétique, preuve d’un intérêt croissant pour la transparence environnementale.
Un vecteur d’attractivité pour Brazzaville
Le tourisme d’affaires représente déjà près de 60 % des arrivées internationales. Avec un hub climatisé de façon fiable, les compagnies aériennes disposent d’arguments supplémentaires pour ouvrir de nouvelles lignes ou augmenter la fréquence des vols, souligne la Chambre de commerce.
Le directeur de l’Agence congolaise de promotion des investissements estime que chaque point de satisfaction supplémentaire sur l’indice Skytrax peut attirer trois millions de dollars d’investissements annuels. La rénovation de la climatisation devient donc un levier économique aussi stratégique que discret.
Financement et modèle de partenariat
Le projet, chiffré à 3,8 milliards de francs CFA, a été financé via un mécanisme mixte : fonds propres d’Aérco, crédit fournisseur et garantie partielle de l’État. Cette architecture a permis de sécuriser les équipements avant la haute saison sans alourdir la dette publique.
Régal-Congo met en avant un contrat de performance énergétique. Si la consommation réelle dépasse le seuil convenu, le prestataire supporte une part des surcoûts. Cette clause incite chacun à veiller au bon usage des installations, de la salle des bagages jusqu’aux salons VIP.
Prochaine étape : vers un aéroport bas carbone
Les deux anciens groupes froids encore en attente de rénovation seront remplacés d’ici à la prochaine saison sèche. Aérco envisage d’y adjoindre des capteurs solaires pour préchauffer l’eau des tours de refroidissement et réduire la charge électrique aux heures de pointe.
À moyen terme, la plateforme vise la certification Airport Carbon Accreditation niveau 2. Pour y parvenir, elle devra compléter la modernisation des éclairages en LED et déployer des bornes de recharge pour les véhicules de piste électriques, déjà à l’étude avec la société énergétique nationale.
Une dynamique durable encouragée par l’État
Le ministère des Transports rappelle que Maya-Maya sert de vitrine. Les leçons tirées du chantier guideront la réhabilitation des terminaux régionaux de Pointe-Noire, Ollombo et Ouésso. Les fiches techniques sont déjà partagées avec les directions d’aéroport pour une mutualisation des achats.
Dans son allocution, Marcellus Boniface Bongho a salué « un partenariat public-privé exemplaire qui concilie innovation, sobriété énergétique et confort des usagers ». Il a remercié les partenaires internationaux pour leur confiance et assuré de la disponibilité des équipes locales à poursuivre l’entretien rigoureux des équipements.
Un message positif pour la jeunesse
Aux côtés des officiels, une dizaine d’étudiants de l’École polytechnique de Brazzaville ont visité les installations rénovées. Ils y ont vu, selon leurs mots, « une application concrète des cours thermodynamique ». L’établissement souhaite lancer un module spécialisé en génie climatique en partenariat avec LG.
Ces initiatives pédagogiques montrent que la transition énergétique crée des métiers nouveaux dans le pays. Les jeunes talents formés localement pourront, à terme, exporter leur savoir-faire vers la sous-région, confortant le rôle du Congo-Brazzaville sur la carte de l’innovation verte.