Brazzaville accueille la première édition INRSIIT
Brazzaville s’est transformée hier en laboratoire d’idées avec l’ouverture des Journées scientifiques et technologiques de l’Institut national de recherche en sciences de l’ingénieur, innovation et technologie, un événement inaugural placé sous le signe de la valorisation des ressources naturelles du Congo.
L’initiative, saluée par la communauté académique, met en lumière l’ambition gouvernementale de faire de la science un pilier du développement socio-économique, sans opposer préservation des écosystèmes et création de richesses pour les populations.
En lançant les travaux, le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, Rigobert Maboundou, a rappelé que « le potentiel inestimable d’un peuple, c’est l’intelligence de ses hommes », invitant les jeunes à investir leur créativité au service du pays.
Des thèmes alignés sur les défis du Congo
Les sessions s’articulent autour de quatre axes majeurs : sécurité sanitaire et alimentaire, valorisation des résultats de la recherche, changement climatique et développement durable, enfin innovation institutionnelle.
Chaque axe sera exploré par des communications scientifiques, des études de cas et des tables rondes impliquant enseignants, doctorants, entrepreneurs et décideurs publics, afin de rapprocher la recherche des besoins concrets exprimés sur le terrain.
Le professeur Michel Elenga, directeur général de l’Institut, insiste sur la cohérence du programme : « Faire converger innovation et technologie est la meilleure voie pour transformer nos recherches en solutions tangibles, accessibles et utiles aux communautés ».
Jeunesse scientifique, moteur de la prospérité
Avec une moyenne d’âge inférieure à trente ans parmi les intervenants, ces Journées revendiquent un souffle neuf et ambitieux, nourri par l’énergie d’étudiants et de jeunes ingénieurs venus partager prototypes, posters et premiers brevets maison.
Les témoignages se succèdent, souvent ancrés dans la vie quotidienne : un séchoir solaire pensé pour les zones rurales humides, un capteur low-cost de qualité de l’eau ou encore une application mobile d’aide à la transformation des produits d’appoint.
Pour Kadiatou, doctorante en génie alimentaire, « le simple fait d’exposer nos prototypes devant une assemblée pluridisciplinaire crée des ponts que nous n’aurions jamais franchis seuls ». L’enthousiasme est palpable dans les couloirs du lycée scientifique de Mfilou, qui accueille l’événement.
Valoriser pour mieux protéger les ressources
Derrière l’élan technologique se profile un impératif de durabilité : extraire la valeur sans épuiser le capital naturel. Les discussions soulignent la nécessité d’indicateurs fiables pour mesurer l’impact environnemental et de protocoles de recherche ouverts à l’évaluation citoyenne.
La valorisation des résultats apparaît ainsi comme une chaîne complète, depuis le laboratoire jusqu’au marché local. Les organisateurs insistent pour que les prototypes promus trouvent rapidement un modèle économique, créent des emplois et réduisent la dépendance aux importations techniques.
Le ministère compte diffuser un guide simplifié des procédures de dépôt de brevets et d’accès aux petites subventions d’amorçage ; un numéro vert devrait être opérationnel avant la fin de l’année pour orienter inventeurs et porteurs de projets.
Un processus d’ouverture et de recommandations
Les organisateurs ont prévu une restitution quotidienne des travaux, accessible en direct sur la radio scolaire et universitaire, afin d’associer les lycéens qui n’ont pas pu se déplacer. Cette transparence alimente le dialogue entre chercheur et citoyen.
Au terme des quatre jours, un rapport de recommandations sera transmis au gouvernement et aux partenaires techniques. Il devrait préciser les leviers budgétaires, les normes à actualiser et un calendrier de suivi semestriel.
Rigobert Maboundou a déjà annoncé qu’une seconde édition verrait le jour l’an prochain dans une autre ville, signe d’une volonté d’ancrer l’événement sur l’ensemble du territoire et de stimuler les vocations hors des grands centres.
Des retombées socio-économiques attendues
Si la recherche devient véritablement un levier de création de valeur, le pays pourrait consolider sa résilience économique et améliorer la sécurité alimentaire. Les chercheurs soulignent toutefois qu’un financement prévisible reste la condition la plus critique.
Dans l’immédiat, les Journées jouent un rôle de catalyseur, mettent en réseau laboratoires universitaires, instituts techniques et petites entreprises naissantes. La proximité affichée entre responsables publics et chercheurs rassure également les investisseurs, préoccupés par la clarté des cadres réglementaires.
Sur le parvis, un stand d’incubation présente en continu les étapes pour rejoindre la prochaine cohorte ; un simple formulaire en ligne, un pitch vidéo de deux minutes et une évaluation technique suffisent. Les jeunes inventeurs sortent des salles avec l’adresse en tête.
Suivi des impacts et confiance du public
Un comité inter-institutionnel sera constitué dans la foulée pour suivre l’implémentation des recommandations. Il rassemblera représentants des ministères sectoriels, universitaires et organisations de la société civile, avec mandat de publier un tableau de bord semestriel en accès libre.
Cette approche, jugée innovante, veut renforcer la confiance du public dans la recherche financée sur fonds nationaux. Selon le Pr Elenga, l’outil de suivi « permettra de passer d’un discours d’intentions à une évaluation orientée résultats, donc à un meilleur pilotage budgétaire ».
En parallèle, un concours étudiant récompensera les trois meilleures affiches scientifiques, dotées de micro-financements offerts par des entreprises locales engagées dans la responsabilité sociétale. Le jury dévoilera le palmarès lors de la cérémonie de clôture diffusée en ligne.
									 
					