Forestival 2025 lancé à Brazzaville
Sous les néons doux de l’Institut français de Brazzaville, près de deux cents étudiants, volontaires et jeunes entrepreneurs ont levé leurs badges verts pour lancer, le 4 novembre, la quatrième édition du Forestival, rendez-vous phare consacré à la protection des forêts congolaises.
La manifestation, soutenue par l’Ambassade de France, la délégation de l’Union européenne et France Volontaires, mise sur la diplomatie verte pour transformer l’énergie militante en actions concrètes, de la cartographie participative à la plantation de parcelles communautaires.
Le Congo protège déjà près de 65 % de son territoire sous couvert forestier, atout climatologique que les organisateurs souhaitent rendre visible à travers débats scientifiques, projections de films et ateliers créatifs destinés à valoriser les solutions locales d’adaptation.
Jeunesse congolaise et forêt durable
Avec le slogan « Jeunes et engagés, pour semer aujourd’hui les racines de demain », le Forestival invite les moins de trente-cinq ans à s’imaginer gardiens d’un capital naturel partagé, tout en développant des compétences utiles sur le marché de l’emploi vert.
Le programme Toza Bilenge, présenté par l’ambassadrice de l’Union européenne Anne Marshall, renforce cette ambition en finançant des micro-projets portés par des jeunes collectifs, du recyclage de papiers à la formation d’éco-guides capables d’accueillir les futurs touristes du Congo forestier.
Hackathon vert et innovation locale
Depuis 2022, le Forestival s’est mué en véritable incubateur d’initiatives, hébergeant un hackathon où des étudiants en géomatique croisent leurs données satellitaires avec les récits oraux des communautés pour repérer les zones de coupe illégale et proposer des alternatives d’exploitation forestière certifiée.
« Nous voulons montrer que la science citoyenne peut accélérer la surveillance des forêts », explique Yannick Idzanga, doctorant à l’Université Marien-Ngouabi, qui supervise un groupe de lycéennes apprenant à utiliser des drones légers pour suivre le verdissement de mangroves urbaines.
Diplomatie verte Congo-Europe
Dans son discours d’ouverture, l’ambassadrice de France Claire Bodonyi a salué « l’élan d’une génération qui refuse la fatalité » tout en rappelant la feuille de route commune signée avec le ministère congolais de l’Économie forestière pour valoriser les crédits carbone issus des initiatives jeunesse.
Le représentant de France Volontaires, Mamadou Ndour Camara, a insisté sur le poids du Congo dans la stabilité climatique mondiale : « Notre pays-hôte est un véritable puits de carbone. Chaque jeune ici présent porte la responsabilité de magnifier cet atout plutôt que de l’épuiser. »
Reboisement et énergie propre
Pendant les trois jours du festival, douze équipes de volontaires se relaient déjà dans la périphérie de Kintélé pour planter 5 000 acacias hybrides, choisis pour leur captation rapide de CO₂ et leur capacité à fournir du bois-énergie alternatif aux ménages riverains.
Un stand animé par l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieu rural présente en parallèle des fourneaux solaires fabriqués à Dolisie ; l’objectif est de réduire la pression sur le charbon de bois qui détruit souvent des jeunes pousses d’essences précieuses.
Témoignages des communautés forestières
Habillée d’un pagne vert, Mireille Mapessy, lycéenne venue de Makoua, raconte comment les bûcherons de sa localité acceptent désormais de délimiter des zones refuges après un atelier de sensibilisation animé lors du Forestival précédent : « Nous avons compris que la forêt nourrit notre futur. »
À ses côtés, Jonas Mboulou, apprenti charpentier de Pointe-Noire, expose un prototype de planches issues de chutes industrielles, collées à la résine naturelle ; il espère trouver des investisseurs grâce au festival pour lancer une micro-entreprise d’ameublement respectueuse du couvert forestier.
Cartographie citoyenne et carbone
Le One Forest Youth Initiative lance durant l’événement une application mobile open-source qui permettra aux habitants de signaler la présence de grumiers suspects en temps réel ; les données seront croisées avec les relevés du Centre national d’inventaire et d’aménagement des ressources forestières.
Selon Cédric Mpassi, ingénieur à la start-up Map&Terre, ces informations citoyennes pourront être valorisées dans le cadre du futur marché national du carbone : « Plus la traçabilité est robuste, plus les crédits générés par la réduction des émissions seront attractifs pour les partenaires. »
Perspectives et feuille de route 2026
À l’issue des trois journées, un livre blanc sera remis au ministère de la Jeunesse et à celui de l’Économie forestière ; il compilera propositions, retours d’expérience et indicateurs de suivi pour préparer la cinquième édition, que Pointe-Noire souhaite déjà accueillir.
Plus qu’un festival, le Forestival 2025 se veut une plate-forme de co-construction où diplomates, chercheurs et jeunes bâtissent, main dans la main, une économie durable enracinée dans les arbres du bassin du Congo et porteuse d’espoir pour la planète.
Ressources pratiques pour s’engager
Les visiteurs repartent avec un guide pratique listant les numéros utiles, du guichet volontariat de France Volontaires aux antennes locales de l’ONG Rencontre pour la paix et les droits humains ; un QR code renvoie vers le formulaire d’inscription aux missions de reboisement communautaire.
Un stand du ministère des Finances présente également la plateforme nationale ESG, invitant start-ups vertes à déposer dossiers pour accéder à un fonds d’amorçage climatique lancé en 2024 ; une manière de relier immédiatement les idées nées au Forestival aux mécanismes de financement durable.
