Coup d’envoi officiel
Sous un soleil de saison, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a inauguré au Jardin des droits de l’homme la 9e Foire aux plants, réaffirmant la volonté nationale de restaurer les forêts du Congo-Brazzaville et de répondre aux engagements climatiques internationaux.
« Les arbres et nous sommes des frères », a-t-il rappelé, saluant le travail patient des horticulteurs et invitant chaque citoyen à planter, puis entretenir, un semis pour compenser l’urbanisation rapide des principales agglomérations.
Un arsenal de 214 405 plants diversifiés
La foire aligne 214 405 jeunes plants issus de 21 espèces forestières, fruitières, ornementales ou médicinales. De l’afrormosia au safoutier, ce panel offre autant d’options de reboisement qu’il existe de terroirs, soulignant la richesse botanique du bassin du Congo.
Les pépiniéristes du Programme national d’afforestation et de reboisement promettent un taux de survie supérieur à 80 %, grâce à des substrats enrichis et à un suivi post-plantation assuré en partenariat avec les mairies et les associations de quartier.
Une vitrine des métiers verts émergents
Entre les rangées de gnetum et d’acajou, le visiteur découvre du miel forestier, de la malaguette, des huiles essentielles, mais aussi du tissu en raphia valorisé par de jeunes stylistes. La manifestation devient un laboratoire grandeur nature des chaînes de valeur vertes.
Selon la ministre Rosalie Matondo, la foire a déjà permis de créer ou consolider près de mille emplois directs dans l’horticulture, la transformation et la commercialisation, confirmant que l’économie du reboisement peut générer des opportunités pour la jeunesse formée aux métiers de la terre.
Trois villes mobilisées jusqu’au 30 novembre 2025
Trente-cinq exposants se partagent les sites de Brazzaville, Pointe-Noire et Ollombo. Cette implantation tripolaire rapproche les plants des bassins de demande, limite les coûts de transport et encourage les collectivités locales à intégrer la reforestation dans leurs plans d’urbanisme.
Programmée jusqu’au 30 novembre 2025, la neuvième édition espère dépasser les 65 000 visiteurs cumulés depuis 2017. Les organisateurs comptent sur les foires régionales pour porter le message jusque dans les villages enclavés où le couvert boisé régresse le plus vite.
Les communautés au cœur de la reforestation
À Mfilou, Mireille Ngoma, présidente d’un collectif féminin, confie qu’un simple don de 200 plants l’an dernier a suffi à lancer une micro-forêt urbaine au bord d’un ruisseau pollué. « Aujourd’hui, les enfants jouent à l’ombre et l’eau reste plus claire », sourit-elle.
Plusieurs écoles primaires reçoivent des kits pédagogiques cofinancés par des entreprises locales : semences, gants, arrosoirs et affiches expliquant le rôle du carbone. Les directeurs constatent déjà une baisse des déchets jetés dans les cours, preuve que le geste vert s’étend au quotidien.
Des bénéfices économiques tangibles
Depuis 2017, plus de 205 000 plants ont été vendus, générant 242 millions de francs CFA. Cet afflux de liquidités encourage les artisans à moderniser leurs pépinières et à diversifier les essences, tandis que les municipalités perçoivent des taxes modestes mais croissantes.
À Makélékélé, la jeune pousse Agriplant utilise les retombées de la foire pour vendre des sachets de substrat composté. Son fondateur estime que le chiffre d’affaires a doublé en deux ans, prouvant que la restauration écologique peut soutenir la création d’entreprises innovantes.
Les apiculteurs installés à proximité des haies replantées voient eux aussi leurs rendements grimper. Le couvert floristique accru offre davantage de nectar et diversifie les saveurs du miel, vendu en pots étiquetés « Reverdir le Congo », désormais prisés par les supérettes de quartier.
Science et biofertilisants pour doper la survie des arbres
Innovation phare de l’année, un biofertilisant liquide à base de micro-algues locales est présenté par des chercheurs de l’Université Marien Ngouabi. Appliqué au collet du plant, il accélère l’enracinement et réduit de 30 % la mortalité sur terrains sableux, selon les premiers essais.
Ces avancées viennent compléter les programmes carbone que le Congo développe dans le cadre de REDD+, offrant un double dividende : conservation du stock forestier et création de crédits vendables sur les marchés internationaux, atout financier pour consolider la surveillance satellitaire des coupes illégales.
Accompagnement pédagogique des jeunes
Des visites guidées accueillent chaque jour des élèves munis de tablettes cartographiques. Les animateurs leur apprennent à estimer la biomasse d’un arbre à partir de son diamètre, exerçant ainsi l’œil scientifique et suscitant des vocations dans les filières environnement, géomatique ou agronomie.
Une plateforme numérique, lancée pendant la foire, géolocalise les sites de reboisement et permet aux parrains de suivre la croissance de leurs plants par photo mensuelle. L’outil, développé par des start-ups congolaises, rend la transparence accessible depuis un simple téléphone portable.
Vers la Journée nationale de l’arbre
La proximité de la Journée nationale de l’arbre, célébrée le 6 novembre, offre une caisse de résonance supplémentaire. Le gouvernement diffusera 50 000 plants gratuits ce jour-là, prioritairement dans les écoles et hôpitaux, pour ancrer l’idée que le reboisement va de pair avec le bien-être.
En quittant les stands, chacun repart avec un sachet de terreau et la conviction qu’un geste individuel, multiplié par des milliers, peut inverser la tendance à la déforestation. C’est tout l’esprit d’une foire devenue, au fil des années, un rendez-vous citoyen incontournable.