Dolisie attend le verdict
Dolisie retient son souffle à l’approche du 24 octobre, date à laquelle le tribunal d’instance doit trancher l’affaire de deux Congolais âgés de 21 et 29 ans, arrêtés début octobre avec quatre pointes d’ivoire provenant d’éléphants intégralement protégés.
Les audiences successives ont confirmé la reconnaissance des faits par les prévenus : détention, circulation et tentative de commercialisation d’ivoire, en violation directe de la loi congolaise sur la faune et les aires protégées.
À l’issue des débats, le tribunal a mis le dossier en délibéré, laissant planer l’incertitude sur la durée exacte d’emprisonnement et le montant de l’amende, possibles illustrations de la sévérité recherchée contre le trafic d’espèces sauvages.
Un trafic transfrontalier stoppé à Niari
Selon le dossier évoqué à l’audience, les quatre pointes auraient transité du Gabon jusqu’à Dolisie, après une étape au village frontalier de Mabanda, révélant la dimension transfrontalière du commerce illicite malgré les contrôles routiers et forestiers.
Le parquet a insisté sur la collaboration entre services habilités congolais, qui ont intercepté les suspects le 4 octobre, et leurs homologues gabonais, afin de retracer l’itinéraire exact de l’ivoire et d’identifier d’éventuels complices en amont du réseau.
Pour les magistrats, établir la provenance précise permet de consolider la chaîne de preuves, condition essentielle pour que les sanctions prévues, allant de deux à cinq ans de prison et jusqu’à cinq millions FCFA d’amende, résistent à toute contestation.
Un arsenal juridique protecteur des espèces
La loi congolaise sur la faune, citée à l’article 27, reste sans ambiguïté : importation, exportation, transit, mais aussi simple détention de trophées d’espèces intégralement protégées sont interdits, sauf dérogation scientifique ou de reproduction.
En rappelant ces dispositions, le ministère public entend souligner que la lutte contre le trafic d’ivoire n’est pas qu’une question morale : elle s’appuie sur un cadre légal clair, adossé à des peines suffisamment lourdes pour décourager les récidives.
Les prévenus ont déjà reconnu leur implication, un élément que les juges peuvent considérer comme circonstance atténuante, mais qui n’efface ni la gravité des faits, ni l’importance de l’éléphant pour les écosystèmes congolais.
Ainsi, le verdict attendu servira de référence pour d’autres juridictions et renforcera, s’il confirme la sévérité prévue, la crédibilité de la stratégie nationale de préservation de la faune.
Des communautés en première ligne
Dans le Niari, la disparition progressive des éléphants a des impacts culturels et économiques ressentis par les habitants, souvent témoins impuissants des passages clandestins vers les axes commerciaux.
Plusieurs résidents ont suivi les audiences, espérant que la décision du tribunal adresse un message clair aux jeunes tentés par un gain rapide au détriment du patrimoine faunique.
Pour certains commerçants de Dolisie, un jugement exemplaire pourrait également protéger l’image de la ville, régulièrement traversée par des axes de contrebande et soucieuse de maintenir la confiance des acheteurs légitimes de produits forestiers.
La participation des riverains, qui signalent les mouvements suspects aux autorités, reste un maillon crucial ; les audiences du 24 octobre constitueront pour eux un baromètre de l’efficacité de cette collaboration citoyenne.
Un jugement à portée exemplaire
Conformément aux réquisitions, les mis en cause encourent entre deux et cinq ans de prison ferme et une amende pouvant atteindre cinq millions de francs CFA, des montants jugés dissuasifs par de nombreux observateurs.
Si la peine se situe dans la fourchette haute, elle pourrait renforcer la jurisprudence en matière de criminalité faunique et montrer la détermination des juridictions locales à appliquer sans concession la législation existante.
À l’inverse, une sanction minimale garderait son effet symbolique, car la simple reconnaissance de culpabilité et la publicité autour de l’affaire rappellent que la frontière entre le Gabon et le Congo n’est plus un corridor impuni pour l’ivoire.
Sensibilisation et prévention en débat
Au-delà de la sanction pénale, les débats ont souligné l’importance de la prévention, certains intervenants rappelant que le trafic trouve un terreau dans la pauvreté et le manque d’alternatives économiques, facteurs qui peuvent attirer des jeunes vers des réseaux illicites.
Lors de l’audience, l’avocat de la défense a insisté sur le profil social modeste des prévenus, plaidant pour des mesures d’accompagnement insistant sur la réinsertion plutôt que sur la seule punition, tout en reconnaissant la nécessité de réparer la faute.
Le ministère public a rétorqué que la dissuasion reste prioritaire, mais n’exclut pas des campagnes de sensibilisation dans les villages frontaliers pour expliquer les risques pénaux et l’importance écologique des éléphants, espèce capitale pour l’équilibre des forêts denses.
Ces échanges démontrent que la réponse judiciaire s’inscrit dans une approche globale, combinant répression, éducation et participation communautaire, afin de tarir durablement la demande et l’offre d’ivoire sur le territoire national.
Calendrier et attentes pour le 24 octobre
In fine, le président du tribunal rendra sa décision en audience publique le 24 octobre à 8 h, moment attendu par la presse locale et les observateurs de la faune. Le jugement sera immédiatement exécutoire, sous réserve d’un appel éventuel des parties.
