Le Fonds Bleu, pivot d’une économie durable
La forêt du Bassin du Congo stocke chaque année des milliards de tonnes de carbone et nourrit des millions de riverains; sa préservation n’est plus seulement une question écologique, elle structure désormais les modèles économiques régionaux. C’est dans cette logique qu’est né le Fonds Bleu, instrument financier innovant.
Visant à concilier croissance et conservation, le mécanisme propose de valoriser le fleuve Congo et ses affluents en finançant la pêche durable, l’irrigation agricole, l’énergie hydroélectrique ou encore l’écotourisme. L’ambition affichée est de réduire la pression sur la forêt sans freiner l’activité ni l’emploi locaux dans la région.
La BDEAC affûte le plan Azobé
Depuis décembre 2022, une convention confie à la Banque de Développement des États de l’Afrique centrale la garde des fonds et la gestion des projets. Inscrite dans le plan stratégique Azobé 2023-2027, cette mission place l’institution sous les projecteurs financiers continentaux et internationaux pour relever le défi climatique.
« Notre rôle va au-delà de la simple intermédiation », confie un cadre basé à Brazzaville. L’équipe doit identifier les initiatives, prouver leur rentabilité, mesurer leur impact social puis structurer des montages mixtes. Chaque dossier validé renforce la crédibilité de la BDEAC et attire de nouveaux partenaires vers le fonds.
Cap sur Belém pour la COP30
Novembre 2025 verra Belém accueillir la COP30; en marge, la BDEAC rencontrera des bailleurs publics et privés pour présenter un portefeuille initial de 254 projets évalués à plus de dix milliards de dollars. Cette séquence diplomatique constitue la première étape décisive de la levée de fonds pour l’économie bleue.
Selon une source proche du dossier, les échanges viseront d’abord à sécuriser des engagements conditionnels. « Les institutions préfèrent annoncer des promesses avant de débloquer les montants », explique-t-elle, assurant que la qualité des études de faisabilité sera déterminante pour convertir ces promesses en signatures fermes au bénéfice des peuples.
Brazzaville 2026, seconde vague de financement
La capitale congolaise accueillera, en mai 2026, une nouvelle table ronde jugée stratégique. Le gouvernement entend y afficher l’appropriation régionale du fonds et convaincre les partenaires de maintenir l’effort. Les autorités tablent sur un effet de levier supérieur à celui obtenu lors de forums précédents portant l’ambition collective.
Le ministre de l’Économie bleue rappelle que « chaque dollar public mobilisé doit en attirer au moins deux du secteur privé ». Cette règle soutient la priorité donnée aux projets générateurs de revenus, capables de rembourser les prêts sans grever les budgets nationaux ni ralentir les programmes sociaux existants locaux.
Des projets à fort impact territorial
Parmi les 254 dossiers, plusieurs concernent la réhabilitation des pistes rurales pour évacuer les produits agricoles vers les marchés urbains, facilitant ainsi la transition de nombreuses communes vers une économie circulaire. L’amélioration des voies d’accès réduit également la déforestation liée aux coupes sauvages destinées au bois-énergie dans l’intérieur.
D’autres projets misent sur des fermes piscicoles pilotes le long du fleuve afin de renforcer la sécurité alimentaire et créer des emplois qualifiés. L’utilisation d’écloseries locales, couplée à des formations pour les jeunes, illustre la volonté de bâtir des chaînes de valeur pérennes et inclusives dans chaque province.
Le tourisme écologique figure également en bonne place. Des opérateurs envisagent de transformer certaines aires protégées en vitrines régionales, en installant des lodges bas-carbone et des sentiers pédagogiques. Les revenus des billets soutiendront les patrouilles anti-braconnage, sécurisant ainsi la mégafaune emblématique et consolidant l’image verte du Congo durable.
Financement innovant et rôle du secteur privé
La BDEAC agit comme banque d’affaires, cherchant des co-financements plutôt que des versements directs dans le fonds. Cette approche limite les risques pour les États et rassure les investisseurs. Les crédits concessionnels se combineront à des obligations vertes adaptées, adossées aux cash-flows futurs des projets générant confiance durable.
Un analyste basé à Douala observe que « l’ingénierie financière est désormais aussi importante que la ressource naturelle ». En dissociant flux environnementaux et flux financiers, le montage permet de réduire le coût du capital, rendant bancables des initiatives jusque-là considérées trop petites ou trop dispersées pour les agences locales.
Des bénéfices attendus pour les communautés
Au-delà des chiffres, le succès du Fonds Bleu se mesurera à la hausse des revenus communautaires et à la baisse des conflits d’usage. Des comités de suivi, incluant chefs traditionnels et organisations de jeunesse, seront mis en place afin de s’assurer que les retombées restent équitablement réparties localement.
Des modules pédagogiques sur la gestion durable des ressources seront intégrés aux programmes scolaires, en partenariat avec les académies. Sensibiliser les collégiens à l’économie bleue permet, selon un enseignant, de « préparer les futurs entrepreneurs à vivre du fleuve sans l’épuiser ». Un numéro vert d’assistance sera également annoncé bientôt.
Ce qu’il faut retenir et contacts utiles
D’ici la COP30, cartes interactives, graphiques d’avancement et fiches-projets détaillées seront publiés sur le portail du Fonds Bleu. Les citoyens pourront y suivre l’affectation de chaque dollar mobilisé. Cette transparence, saluée par les partenaires, constitue une garantie supplémentaire pour la réussite des engagements pris envers la forêt congolaise.
									 
					