Un engagement réaffirmé par l’Unicef
Le 24 septembre à Brazzaville, la nouvelle représentante de l’Unicef au Congo, Mariavittoria Ballotta, a été reçue par le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondelé. Au cœur des échanges, l’accélération du programme national d’assainissement.
L’émissaire onusienne a souligné que le Fonds des Nations unies pour l’enfance reste un partenaire historique du ministère congolais. « Nous sommes prêts à aller plus loin et plus vite », a-t-elle déclaré, rappelant qu’assainir les villes est indispensable pour protéger la santé et l’avenir des enfants.
La pression démographique urbaine
Mariavittoria Ballotta observe que plus de la moitié des Congolais vivent aujourd’hui à Brazzaville et Pointe-Noire. Cette concentration humaine exerce une pression inédite sur les réseaux d’eau et de latrines, déjà sollicités par des quartiers en pleine expansion où les parcelles se multiplient plus vite que les branchements.
Pour la représentante, la réponse doit tenir compte d’une urbanisation appelée à se poursuivre. Elle rappelle que la demande en services de base grandit chaque jour, des bornes-fontaines aux camions de vidange. Sans stratégie solide, certains ménages resteront sans solution durable, exposant enfants et adultes à des risques sanitaires.
Le ministre Juste Désiré Mondelé partage ce constat. Selon lui, le maintien d’un cadre urbain salubre est tout autant un enjeu de dignité qu’un facteur d’attractivité économique. Le gouvernement, dit-il, entend conjuguer planification, investissements et sensibilisation citoyenne afin d’anticiper le prochain million d’habitants urbains.
Latrines, eau potable et éducation des enfants
L’Unicef souligne que de nombreux enfants vivent encore sans latrines décentes dans les quartiers populaires. Dans plusieurs écoles, des toilettes inexistantes ou hors service forcent parfois les élèves à rentrer chez eux avant la fin des cours. Cette situation touche particulièrement les adolescentes et alourdit l’absentéisme scolaire.
Le même constat vaut pour les points d’eau. Des bornes collectives existent, mais les files d’attente s’allongent et l’entretien manque. Ballotta insiste : « Un robinet fonctionnel à proximité change la vie d’un foyer, réduit les maladies d’origine hydrique et libère du temps d’étude pour les plus jeunes. »
Dans les centres de santé urbains, la disponibilité d’eau potable et de sanitaires propres reste variable. Or, rappelle l’Unicef, l’hygiène conditionne la sécurité des accouchements et la prévention de maladies fréquentes telles que la diarrhée. Chaque gain d’assainissement se traduit par des lits libérés et des budgets préservés.
Une politique nationale d’assainissement en gestation
Le Congo finalise actuellement sa première politique nationale d’assainissement, un cadre jugé « déterminant » par l’Unicef. Le document recensera les besoins, précisera les normes techniques et fixera les budgets indispensables. Son adoption doit clarifier le rôle de chaque institution, des équipes municipales aux directions centrales en matière d’hygiène.
Pour Mariavittoria Ballotta, ce texte ouvre « une énorme opportunité » de transformer les villes. Il constituera aussi une base pour mobiliser des financements nationaux et internationaux alignés sur des priorités vérifiées. À terme, la gouvernance du secteur devrait gagner en transparence, en redevabilité et en capacité de suivi.
Le ministère prévoit déjà des ateliers de vulgarisation afin que les maires, entreprises locales et associations prennent en main la nouvelle feuille de route. L’objectif annoncé : passer du pilotage par projet à un pilotage par système, où chaque dépense et chaque tuyau s’intègrent dans un modèle cohérent.
Partenariats financiers et techniques consolidés
Aux côtés de l’Unicef, la Banque africaine de développement a déjà « exprimé son soutien » à l’assainissement congolais. D’autres agences des Nations unies coopèrent également. Ce front commun doit permettre de mutualiser expertises, achats et formations, évitant les doublons et favorisant une montée en compétences locale et durable rapidement.
Le financement reste toutefois conditionné à des plans d’exécution robustes. La représentante de l’Unicef insiste sur la nécessité de chiffrer chaque action : construction de latrines, maintenance, sensibilisation. « Un budget clair attire la confiance », rappelle-t-elle, évoquant la perspective d’un soutien financier élargi auprès de bailleurs et du secteur privé.
Juste Désiré Mondelé apprécie cette approche. Il met en avant la création d’emplois que généreront les chantiers de canalisations et de stations de traitement. Selon le ministre, la main-d’œuvre locale sera privilégiée, permettant aux jeunes de trouver un avenir dans un secteur porteur de santé publique et dignité.
Vers une mobilisation collective durable
Consciente de l’ampleur de la tâche, l’Unicef appelle à une « synergie totale » entre État, collectivités, bailleurs, entreprises et communautés. Ballotta souligne que l’assainissement n’est pas l’affaire d’un seul ministère : il touche l’éducation, la santé, l’économie familiale et même la prévention des épidémies comme le paludisme ou le choléra.
« Si nous avançons ensemble, nos enfants poursuivront l’école sans craindre une simple averse qui inonde les rues », assure-t-elle. Prochaine étape : traduire les engagements en actions visibles, des toilettes scolaires rénovées aux quartiers pilotes drainés, afin de faire de l’assainissement un moteur de progrès.
