Le Conseil des ministres acte un nouveau décret vert
Dans le décor solennel du Palais du peuple, le Conseil des ministres, présidé par Denis Sassou Nguesso, a consacré une large séquence aux enjeux climatiques. Première décision phare : l’adoption d’un décret refondant le régime des études et notices d’impact environnemental et social. Cette réforme, portée par la ministre Arlette Soudan-Nonault, actualise le texte de 2009 et matérialise l’esprit de la loi 33-2023 sur la gestion durable de l’environnement (Conseil des ministres, 23 juillet 2025).
En plaçant l’évaluation environnementale au rang d’obligation préalable à tout investissement, l’exécutif entend concilier diversification économique et préservation des écosystèmes du Bassin du Congo, deuxième poumon forestier mondial. Les promoteurs disposeront désormais de lignes directrices unifiées, tandis que l’administration renforcera le suivi pour garantir la santé des populations riveraines.
Des études d’impact environnemental modernisées
Le nouveau cadre réglementaire impose une méthodologie harmonisée, inspirée des meilleures pratiques internationales. Il précise les seuils de soumission, la transparence des consultations publiques et l’obligation de mesures compensatoires. Selon plusieurs experts brazzavillois, l’enjeu est double : accélérer l’instruction des dossiers sans sacrifier la rigueur scientifique, et faciliter l’accès des investisseurs à une information fiable.
La gouvernance environnementale gagne ainsi en lisibilité. L’administration bénéficiera de matrices d’indicateurs et d’outils numériques pour contrôler la mise en œuvre des plans de gestion environnementale et sociale. Cette modernisation devrait également contribuer à la mobilisation de financements climat auprès de partenaires techniques et financiers, soucieux d’alignement sur les standards ESG.
Codification postale et essor du numérique responsable
Autre chantier avalisé : le décret instituant la codification postale nationale, défendu par le ministre Léon Juste Ibombo. Au-delà du gain logistique, la mesure est stratégique pour l’économie numérique. L’attribution d’un code postal unique à chaque zone facilitera l’essor du commerce électronique, limitera les émissions liées aux livraisons erratiques et soutiendra l’inclusion des zones rurales.
Aligné sur les standards de l’Union postale universelle, le dispositif constitue un levier de compétitivité dans la future Zone de libre-échange continentale africaine. En rendant l’adressage plus précis, il permettra également une meilleure planification des services publics, notamment de collecte des déchets et de distribution d’équipements de résilience climatique.
Trajectoire budgétaire 2026-2028 : cap sur la résilience
Le ministre des Finances, Christian Yoka, a dressé un bilan d’exécution budgétaire marqué par une amélioration du solde primaire au premier trimestre 2025 et une contraction du ratio dette/PIB à 88,8 %. Pour le triennum 2026-2028, le Cadre budgétaire à moyen terme table sur une croissance moyenne de 3,1 % et une inflation maîtrisée autour de 3 %.
La priorité est d’accroître les dépenses d’investissement productif et social tout en maintenant un excédent global. La digitalisation du recouvrement fiscal, la rationalisation des exonérations et l’affectation des excédents pétroliers au désendettement figurent parmi les leviers retenus. Cette discipline est saluée par l’agence Standard & Poor’s, qui a écarté toute dégradation de la note souveraine, citant la « prudence budgétaire » de Brazzaville.
Dimension sanitaire et exigences de sécurité aérienne
Sur le front sanitaire, le ministre Jean Rosaire Ibara a alerté sur des cas de diarrhée enregistrés à l’île Mbamou et dans le district de Mossaka-Loukoléla, dans un contexte régional de recrudescence du choléra. Le gouvernement a débloqué 248 millions de francs CFA pour soutenir la riposte et renforcer la surveillance épidémiologique en partenariat avec l’OMS.
Parallèlement, la préparation de l’audit de l’OACI en octobre 2025 mobilise le ministère des Transports. Infrastructures aéroportuaires, cadre réglementaire et capacités des équipes techniques feront l’objet d’une mise à niveau, gage de crédibilité pour attirer des transporteurs aériens et dynamiser le tourisme écologique.
Entre gouvernance et attractivité, une feuille de route inclusive
En clôturant la séance, le président Denis Sassou Nguesso a souligné l’articulation entre amélioration du climat des affaires, transition verte et cohésion sociale. Les décrets adoptés, les orientations financières et les communications sectorielles dessinent un continuum stratégique où la sauvegarde des ressources naturelles se conjugue avec la compétitivité économique.
À l’heure où le Bassin du Congo occupe une place centrale dans les négociations climatiques internationales, ce Conseil des ministres renforce la posture du pays comme acteur constructif, disposé à conjuguer impératifs de développement et engagements environnementaux. Reste désormais à traduire ces décisions en actions tangibles sur le terrain, condition sine qua non pour consolider la confiance des partenaires et répondre aux aspirations des populations.