Un plan décennal d’assainissement inédit
Mercredi 15 octobre, le gouvernement de la République du Congo a dévoilé à Brazzaville le tout premier plan national d’assainissement, un document stratégique couvrant dix ans. Validé après une journée d’échanges, il vise à coordonner l’embellissement durable des villes de 2025 à 2035.
Selon le ministre de l’Assainissement urbain, Juste Désiré Mondelé, cette politique établit la base législative indispensable pour organiser un secteur longtemps dispersé. L’assainissement, rappelle-t-il, « n’est pas seulement faire de la propreté ; c’est la condition même du bien-être et du bien vivre ».
Le document émane d’un large processus participatif, nourri par les propositions des élus municipaux, des responsables d’arrondissements et des opérateurs privés du nettoyage. Il s’appuie ainsi sur l’expérience accumulée sur le terrain pour caler des actions réalistes, adaptées aux réalités locales.
Objectifs sanitaires et environnementaux majeurs
L’objectif central est de réduire de manière significative les maladies liées à l’insalubrité, particulièrement à Brazzaville où les résidus sur la voie publique demeurent un défi récurrent. En rendant les quartiers plus propres, le plan espère diminuer les consultations pour infections diarrhéiques et parasitaires.
Au-delà de la santé, l’assainissement soutient la résilience climatique. Des rues dégagées et des caniveaux entretenus facilitent l’écoulement des eaux pluviales, limitant les inondations saisonnières qui fragilisent les infrastructures urbaines. Le programme veut donc conjuguer propreté et sécurité des habitants.
Le député départemental Augustin Benazo, présent lors de la validation, voit dans ce cadre une boussole pour les budgets locaux. « La vie, c’est l’environnement », souligne-t-il, convaincu que flécher les ressources vers la salubrité améliorera directement le cadre de vie des populations.
Le plan prévoit un suivi constant des indicateurs sanitaires et d’hygiène. Des cartes interactives et des relevés hebdomadaires doivent permettre de visualiser l’évolution de la propreté, offrant aux habitants et aux décideurs une photographie régulière de la situation pour ajuster rapidement les interventions.
Financements et partenariats internationaux
Pour la mise en œuvre, Brazzaville peut compter sur un appui technique et financier de l’Unicef et de la Banque africaine de développement. Ces partenaires accompagneront le renforcement des compétences, la fourniture d’équipements et la mobilisation de fonds complémentaires auprès des bailleurs.
Le coût global du programme n’a pas été communiqué. Le ministère explique que l’estimation finale dépendra des plans d’action détaillés attendus avant fin 2024. Cette prudence budgétaire doit éviter des annonces chiffrées prématurées et permettre d’ajuster la stratégie aux besoins réels.
Dans l’intervalle, des enveloppes transitoires serviront à former les équipes municipales, à moderniser les décharges existantes et à renforcer la sensibilisation communautaire. « Nous voulons que chaque franc dépensé se traduise par une rue plus propre », résume un cadre du projet sous anonymat.
Voix des collectivités et de la société civile
L’atelier de validation a réuni maires d’arrondissements, organisations de jeunesse et associations d’éboueurs. Les discussions ont porté sur la répartition des rôles, depuis la collecte des ordures ménagères jusqu’au recyclage artisanal, afin que chacun sache précisément sa responsabilité et son calendrier.
Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d’impliquer les vendeuses des marchés, premières concernées par la gestion quotidienne des déchets organiques. Elles seront formées à trier, composter ou déposer les résidus dans des points de collecte sécurisés, réduisant la charge qui pèse sur la voirie.
Des organisations environnementales ont salué la prise en compte de la dimension éducative. Des campagnes, promises dans les écoles et les radios communautaires, rappelleront les gestes simples : balayer devant sa parcelle, couvrir les bacs et éviter les dépôts sauvages, pour ancrer la propreté dans les habitudes.
Les collectivités locales, enfin, veulent que la voix des quartiers continue d’être entendue pendant toute la mise en œuvre. Un comité de suivi participatif, incluant chefs de quartier et représentants des femmes, sera installé pour signaler rapidement les dysfonctionnements et valoriser les bonnes pratiques.
Prochaines étapes sur le terrain
Avant la fin de l’année, chaque municipalité devra finaliser son plan d’action détaillé, assorti d’un calendrier trimestriel. Ces documents préciseront les zones prioritaires, les volumes de déchets visés et les besoins en matériel, des bennes aux protections individuelles des agents.
La capitale servira de pilote dès 2025. Le ministère pariera sur la télédétection et les photos géolocalisées envoyées par les citoyens pour dresser une cartographie hebdomadaire des points noirs. Les retours d’expérience de Brazzaville guideront ensuite l’extension vers les autres centres urbains.
En 2035, le gouvernement espère présenter des boulevards et des rivières urbaines libérés des déchets, symbole d’un Congo plus attractif pour les investisseurs, le tourisme et surtout pour ses propres habitants. D’ici là, chaque quartier sera invité à devenir acteur de sa salubrité.
Les ONG partenaires rappellent toutefois que la réussite dépendra aussi de la maintenance régulière des engins et de la ponctualité des salaires des éboueurs. Sans ces garanties, préviennent-elles, les nouveaux équipements s’abîmeront rapidement et l’enthousiasme initial pourrait s’éroder. Le ministère assure avoir intégré ces préoccupations dans sa feuille de route.
									 
					