Un territoire charnière entre plateaux et fleuves
Située de part et d’autre de l’Équateur, la République du Congo s’étire de l’Atlantique aux marges de la cuvette congolaise, offrant une mosaïque de paysages où se répondent plaines côtières, massifs anciens et vallées intérieures. Le littoral, long d’environ cent soixante kilomètres, cède rapidement la place au Mayombé, chaîne escarpée dont les versants, creusés par des gorges profondes, culminent à près de 900 mètres. Plus à l’est, la dépression du Niari, vaste corridor de quelque deux cents kilomètres, relie historiquement l’arrière-pays aux ports fluviaux de Pointe-Noire et Brazzaville. Au nord, le plateau des Batéké domine le cours sinueux du Congo, tandis que la grande plaine inondable du bassin occidental s’étend sur plus de 150 000 km², véritable épicentre du second massif forestier tropical de la planète.
Cette topographie confère au pays une valeur stratégique dans la régulation climatique régionale : les hauts plateaux fonctionnent comme châteaux d’eau, alimentant les affluents du fleuve, alors que les zones humides attenantes stockent des quantités considérables de carbone (Centre de recherche forestière internationale, 2022).
Des sols latéritiques sous tension climatique
Près des deux tiers du territoire sont couverts de sols grossiers mêlant sable et graviers, héritage de longues périodes d’altération tropicale. Sous la canopée dense, ces lithosols pauvres en humus voient la matière organique se décomposer rapidement sous l’effet d’une température moyenne de 26 °C et de précipitations qui peuvent dépasser 2 000 mm par an. Dans les savanes méridionales, la saison sèche favorise un lessivage intense ; la fine pellicule fertile est alors vulnérable aux bourrasques qui soulèvent la poussière rouge latéritique.
Ce fragile capital pédologique s’érode plus encore lorsqu’il est confronté à des cultures sur brûlis pratiquées à proximité des centres urbains en expansion. Or Brazzaville et Pointe-Noire concentrent plus de la moitié de la population congolaise ; l’anthropisation qui en découle exerce une pression supplémentaire sur ces sols déjà peu épais (Fonds africain de développement agricole, 2023).
Réseau hydrographique et sécurité hydrique
La République du Congo demeure néanmoins l’un des pays les plus riches en eau douce du continent. Le fleuve Congo et ses affluents majeurs – Sangha, Likouala, Alima, Léfini – façonnent d’immenses plaines alluviales, sources de pêcheries artisanales et de champs inondables particulièrement fertiles. Dans le sud-ouest, le Kouilou-Niari dévale sur plus de 700 kilomètres avant de rejoindre l’Atlantique, ponctué de cascades qui offrent un potentiel hydroélectrique encore largement inexploité.
La présence, à Malebo Pool, d’une nappe fluviale de près de 300 m² devient un atout pour la navigation intérieure et pour l’alimentation en eau potable de la capitale. Les autorités ont ainsi lancé, avec l’appui de la Banque mondiale, le Projet d’alimentation en eau de Brazzaville visant à moderniser les stations de traitement et à réduire les pertes sur le réseau (Ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique, 2022).
Cap sur des politiques de gestion intégrée
Conscients de la corrélation entre dégradation des sols et vulnérabilité socio-économique, les pouvoirs publics se sont dotés depuis 2018 d’un Plan national d’adaptation aux changements climatiques qui promeut l’agroforesterie, la lutte anti-érosive et la valorisation des savoirs locaux. « La conservation des écosystèmes forestiers est indissociable de la sécurité alimentaire », soulignait récemment Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, appelant à une alliance entre communautés rurales et chercheurs.
Parallèlement, la République du Congo participe à l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale et au Fonds bleu pour le Bassin du Congo, instruments de financement qui appuient les projets de reboisement, d’écotourisme et de développement d’énergies renouvelables. Ces orientations s’inscrivent dans la stratégie gouvernementale de diversification économique, afin de réduire la dépendance aux hydrocarbures tout en créant des emplois verts.
Vers un modèle de développement respectueux du vivant
La conjugaison d’une géographie contrastée, d’un réseau hydrique abondant et d’un couvert forestier parmi les plus vastes du globe place le Congo-Brazzaville au cœur des solutions africaines au dérèglement climatique. Les défis demeurent immenses : contenir l’étalement agricole sans réduire le revenu paysan, sécuriser les bassins versants contre l’érosion et valoriser un potentiel énergétique bas carbone.
Cependant, les programmes de restauration des paysages et la volonté affichée par les autorités d’intégrer la science dans la décision publique fournissent des signaux encourageants. À l’heure où s’esquissent de nouvelles normes internationales sur la biodiversité, la République du Congo entend faire de la protection de ses « richesses vitales » le socle d’une prospérité résiliente et partagée.