Une journée de nettoyage d’envergure à Pointe-Noire
Le terre-plein bordant la zone logistique de Pointe-Noire s’est animé le 20 septembre 2025. Entre conteneurs empilés et rails de portiques, plus de 150 salariés d’Africa Global Logistics Congo ont enfilé gants et chasubles vertes pour célébrer le World Cleanup Day.
En une matinée, ils ont débarrassé plus de 40 000 m² de plastiques, canettes, palettes brisées et résidus d’emballage. Là où s’accumulaient les détritus, le sol brun est réapparu, confirmant qu’une zone industrielle peut aussi devenir un témoin visible de la responsabilité environnementale.
Objectif zéro déchet : la stratégie RSE d’AGL Congo
« Notre politique RSE vise l’objectif zéro déchet sur l’ensemble du port sec et des plateformes logistiques », rappelle Erlette Raïssa Dekambi, responsable développement durable. Le cleanup day, dit-elle, n’est qu’une étape visible d’un programme annuel qui intègre tri, réduction des emballages et valorisation.
Depuis deux ans, l’entreprise a instauré des audits trimestriels, placés sous le pilotage d’un comité interne associant maintenance, exploitation et RH. Chaque service se voit attribuer un quota de déchets à réduire, mesuré en kilos par opération, afin de rendre la démarche concrète.
Mobilisation collective au-delà de l’entreprise
Ce 20 septembre, les salariés n’étaient pas seuls. Des sous-traitants, mais aussi des commerçants voisins et quelques étudiants de l’Institut supérieur de technologie se sont joints au chantier. « Nous travaillons souvent ici, c’est normal d’aider », glisse un cariste, brosse métallique à la main.
Les riverains saluent l’initiative. Séraphine Nkouka, vendeuse de poissons grillés, assure que la propreté retrouvée limitera la dispersion de sacs plastiques dans le ruisseau voisin. Pour elle, l’événement prouve que l’industrie peut dialoguer avec le quartier plutôt que de s’y isoler.
Des chiffres qui parlent
À la fin de la journée, le registre de suivi mentionne 7,3 tonnes de déchets collectés, dont 4,1 tonnes de plastiques et 1,5 tonne de bois. Les équipes ont rempli 280 grands sacs ultra-résistants, évitant l’équivalent de 18 m³ de déchets dans la nature.
Ces chiffres rejoindront le reporting annuel adressé au siège et aux autorités congolaises chargées de l’environnement. Ils viendront aussi nourrir la base de données de la World Cleanup Day Foundation, utile pour cartographier la progression des pratiques écologiques sur le continent.
Tri et seconde vie des matières
Les flux ont été séparés sur place : le plastique passe désormais par un compacteur avant d’être envoyé vers une usine locale de recyclage, le bois servira à un atelier de menuiserie solidaire, et le métal rejoindra la fonderie de récupération.
Ce procédé limite les trajets et, donc, l’empreinte carbone. « Transporter un déchet trié coûte jusqu’à 30 % d’émissions en moins qu’un mélange indifférencié », souligne un ingénieur logistique du site. L’entreprise espère ainsi réduire ses rejets de CO₂ de 200 tonnes par an.
Former pour durer
À la suite du nettoyage, un module de sensibilisation a réuni les participants. Vidéos, cartes interactives et quizz expliquaient les impacts des déchets sur la mangrove de l’estuaire et la santé publique. Les chefs d’équipe ont reçu des fiches-procédures à afficher dans les ateliers.
AGL Congo prévoit d’étendre ces ateliers à tous les nouveaux recrutés dès janvier 2026, puis d’ouvrir des sessions aux chauffeurs routiers. Objectif : faire de chaque intervenant un relais d’écogestes, même lors des trajets vers Dolisie ou Brazzaville, où les aires de repos manquent encore.
Vers des plateformes à faible empreinte
Le groupe teste en parallèle l’installation de capteurs pour mesurer le taux de remplissage des bennes et déclencher les collectes au bon moment. Cette gestion connectée devrait réduire de 15 % les rotations de camions et économiser du carburant.
Une unité pilote de panneaux solaires alimente déjà l’atelier de maintenance en électricité, couvrant 35 % des besoins diurnes. Combinée à l’éclairage LED des voies de circulation, la mesure a fait baisser la facture énergétique de 12 % depuis six mois.
En misant sur la propreté, le tri et l’efficacité énergétique, AGL Congo démontre qu’une logistique compétitive peut rimer avec respect de l’environnement et création d’emplois verts. Les partenaires institutionnels suivent de près ce laboratoire à ciel ouvert qui pourrait inspirer d’autres zones industrielles du pays.
Effet d’entraînement régional
Selon la Chambre de commerce de Pointe-Noire, quatre entreprises voisines envisagent déjà de répliquer l’opération au cours du prochain semestre. Des discussions sont engagées pour mutualiser la location de compacteurs et négocier des tarifs préférentiels auprès des recycleurs.
Pour le responsable du port autonome, cette dynamique illustre « la capacité du secteur privé à soutenir les orientations nationales sur l’économie circulaire ». Il anticipe la création d’une plate-forme d’échanges de données environnementales qui faciliterait l’accès aux financements verts.
