Une érosion accélérée par les pluies intenses
À Mfilou, dans le 7ᵉ arrondissement de Brazzaville, un ravin avance comme une lame silencieuse vers l’école primaire publique d’Itsali. Chaque averse agrandit la cicatrice rouge qui fend le sol sableux. Les berges s’effritent, entraînant les débris d’anciennes maisons déjà disparues.
Les habitants comparent l’éboulement à un monstre qui se nourrit d’eau. Dès que le ciel s’assombrit, les familles calfeutrent portes et fenêtres, espérant qu’aucune nouvelle portion de terrain ne cède. La frayeur augmente à l’approche de la saison des pluies désormais imminente.
Voix des familles, urgence éducative
Sous le préau de fortune, Eugénie Mialoundama garde les yeux rivés sur la faille. Pour cette mère, perdre l’école serait perdre l’avenir de ses enfants ; l’inscription dans un établissement privé reste hors de portée. « Nous n’avons pas d’autre option », explique-t-elle avec calme.
À quelques mètres, Pulchérie Mampoundzoko rappelle la visite récente du ministre chargé de l’Enseignement primaire, accompagné du maire. Elle reconnaît l’attention portée, mais constate que, depuis, aucun engin n’a stabilisé la berge. « Il faut agir avant la prochaine pluie », insiste-t-elle.
Habitations fragilisées, terrains amputés
La menace ne pèse pas que sur l’école. Daniel Litomo, un chef de famille, montre des fissures qui zèbrent ses murs. Plusieurs parcelles voisines ont déjà basculé, emportant clôtures et souvenirs. Chaque nuit pluvieuse, les habitants dorment peu, craignant le grondement sourd du sol qui s’effondre.
Des maisons penchent dangereusement ; certaines familles ont déménagé chez des proches, laissant derrière elles des ruines béantes. Ceux qui restent creusent des tranchées pour dévier le ruissellement. « Nous sommes en sursis », confie Daniel, pelle à la main.
Observation et premiers relevés techniques
Lors de leur passage, les services techniques municipaux ont mesuré la profondeur de la crevasse et cartographié le bassin versant. Les relevés confirment que le front d’érosion progresse après chaque orage. Les données collectées devraient orienter un chantier de stabilisation adapté au terrain.
Les agents évoquent des solutions combinant drainage des eaux de surface et remblayage du ravin. Dans l’attente de la décision finale, le périmètre est balisé pour éviter les chutes accidentelles d’enfants attirés par la curiosité.
Financements espérés et synergies locales
Les riverains comptent sur un engagement budgétaire rapide afin de sécuriser l’école. Ils rappellent que la sauvegarde d’un établissement public relève d’un intérêt général. Plusieurs associations de parents d’élèves ont adressé une requête pour qu’une enveloppe prioritaire soit débloquée.
De possibles partenariats avec des entreprises installées à Mfilou sont évoqués à voix basse. L’idée serait d’allier l’expertise publique à des contributions privées destinées aux matériaux et au transport. Les discussions avancent, sans calendrier officiel publié à ce jour.
Mobilisation citoyenne contre le ruissellement
En attendant, le quartier organise des corvées hebdomadaires. Hommes, femmes et adolescents ramassent pierres et sacs de terre pour colmater les ruptures les plus menaçantes. Ces gestes ne constituent pas un traitement définitif, mais freinent l’eau assez longtemps pour protéger les salles de classe.
La solidarité se lit aussi dans les tourniquets de surveillance. Dès les premiers grondements de tonnerre, des volontaires arpentent la bordure du ravin afin d’alerter les foyers. Ce réseau d’alerte artisanale évite des drames nocturnes lorsque des pans entiers cèdent brusquement.
Exigence d’une réponse durable
Les enseignants redoutent déjà la prochaine averse. Des cahiers de mathématiques sont mis à l’abri dans des cartons étanches. Le directeur de l’école répète que « chaque jour gagné sur l’érosion est un jour offert aux élèves », rappelant l’importance d’une solution structurelle.
Les parents insistent pour que les travaux préservent non seulement l’école, mais aussi la route d’accès. Sans cette voie, les élèves parcourraient un long détour casse-pieds. L’espoir est que le chantier consolide l’ensemble du micro-bassin et limite définitivement le ruissellement agressif.
Feuille de route avant la saison des pluies
Les habitants multiplient les réunions avec les chefs de quartier pour suivre l’évolution du dossier. Objectif : obtenir un calendrier des travaux avant l’installation durable des pluies. Une communication régulière, estimée essentielle, réduirait les rumeurs qui alimentent l’inquiétude.
À court terme, la priorité reste de combler la fracture la plus proche du bâtiment principal. À moyen terme, la communauté souhaite replanter des arbustes à racines profondes, connus pour stabiliser les sols. Des graines sont déjà collectées en vue d’une pépinière de quartier.
Une école symbole de résilience collective
Malgré la menace, les écoliers chantent chaque matin l’hymne en regardant la cour entamée par le ravin. Leur présence rappelle aux adultes qu’il existe un impératif supérieur : préserver l’accès à l’éducation. Le combat contre l’érosion devient ainsi un combat pour l’avenir du quartier.
Cette mobilisation, unissant autorités, enseignants et familles, illustre la capacité de Brazzaville à relever des défis climatiques locaux. En conjuguant surveillance communautaire et intervention technique, Itsali espère transformer une urgence en opportunité de renforcer ses infrastructures et sa cohésion sociale.
