Vers une stratégie sanitaire inclusive 2026-2030
Les 14 et 15 octobre, Brazzaville devient la capitale congolaise de la salubrité. Ministère de l’Assainissement urbain et Unicef y co-animent le premier atelier de validation de la Politique nationale d’assainissement 2026-2030, dernier jalon avant présentation au gouvernement.
Cette politique fait suite aux engagements de la 1ʳᵉ Conférence nationale sur l’Assainissement urbain. Elle vise à doter le pays d’un cadre cohérent pour l’eau, l’hygiène et la gestion des déchets, condition essentielle d’une santé publique robuste et d’un développement durable.
Un atelier national décisif à Brazzaville
Ouvert par le ministre Juste Désiré Mondelé, l’atelier réunit collectivités, ONG, bailleurs, chercheurs et représentants communautaires. Chacun épluche le projet de texte, propose des ajustements et bâtit un consensus autour d’objectifs mesurables pour les quatre prochaines années.
« Notre ambition est claire : offrir aux habitants des villes et des villages un environnement sain et sûr », rappelle le ministre. La démarche se veut participative ; toutes les contributions sont intégrées afin que la future politique reflète les réalités de terrain et les savoirs locaux.
Alignement sur l’ODD 6 et l’agenda 2063
La PNA s’inscrit dans la feuille de route internationale. Elle répond à l’Objectif de développement durable 6, garantissant l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, et aux orientations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour des villes résilientes et inclusives.
Les organisateurs soulignent qu’en actualisant son arsenal juridique, le Congo confirme sa contribution aux forums africains sur l’eau. Le partenariat avec l’Unicef renforce la cohérence technique et assure que les cibles retenues seront compatibles avec les indicateurs globaux de suivi.
Des défis urbains pressants
Brazzaville et Pointe-Noire connaissent une croissance démographique rapide, accompagnée d’une urbanisation souvent informelle. Sans cadre stratégique unifié, le secteur peine à suivre. Résultat : décharges sauvages, ruissellements pollués et maladies hydriques récurrentes pèsent sur les budgets ménagers et sanitaires.
Les experts rappellent que l’absence de systèmes d’égout structurés favorise aussi les inondations et les phénomènes d’érosion. La PNA entend fixer des normes claires pour la collecte des eaux usées, le vidange sécurisé des fosses et la valorisation des déchets organiques.
Feuille de route et gouvernance partagée
Le document en discussion propose un calendrier d’actions de 2026 à 2030, articulé autour de programmes pilotes, de réformes réglementaires et d’objectifs quantifiés. Les communes deviendront maîtres d’ouvrage, appuyées par l’État et les partenaires techniques pour le suivi-évaluation.
Un mécanisme de concertation trimestrielle est prévu afin d’ajuster, au besoin, les indicateurs de performance. « La transparence renforcera la confiance des citoyens et des investisseurs », insiste un cadre du ministère, rappelant la nécessité d’une gouvernance ouverte et responsable.
Voix des communautés et perspectives locales
Au cours des ateliers préparatoires, les associations de quartiers ont mis en avant les réalités de terrain : manque de points d’eau sûrs, latrines partagées dégradées, collecte irrégulière des ordures. Le projet de politique prévoit des micro-subventions pour les initiatives communautaires.
Marie-Noëlle, animatrice d’un collectif féminin de Makélékélé, témoigne : « Quand nous gérons nous-mêmes les bacs à déchets, notre rue reste propre. Nous avons besoin de formations et de matériel durable. » Ces expériences inspireront des guides pratiques annexés à la PNA.
Financements et partenariats internationaux
La mise en œuvre nécessitera des investissements estimés par les services techniques à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Le gouvernement prévoit de combiner budget national, contributions des municipalités, guichets multilatéraux et partenariats public-privé.
L’Unicef, déjà actif dans l’eau, hygiène et assainissement scolaire, annonce un appui technique pour la cartographie des besoins et la formation des opérateurs locaux. D’autres bailleurs, comme la Banque africaine de développement, ont manifesté leur intérêt pour cofinancer les infrastructures prioritaires.
Des outils numériques pour suivre l’impact
Le projet inclut le déploiement d’une plateforme de données ouvertes permettant de géolocaliser les points d’eau, les stations de traitement et les zones à risque sanitaire. Les citoyens pourront signaler en temps réel les débordements ou décharges illicites via une application mobile.
Cette innovation répond à une demande de transparence et de réactivité. « Un suivi numérique participatif réduira les délais d’intervention et pointera les zones négligées », estime un analyste de l’université Marien Ngouabi, engagé dans la conception de ces outils.
Prochaines étapes
À l’issue de l’atelier, le comité de rédaction intégrera les dernières recommandations avant de transmettre la version finale au Conseil des ministres. Une fois adoptée, la politique fera l’objet d’une campagne de vulgarisation auprès des populations et des opérateurs économiques.
Le calendrier prévoit également une évaluation à mi-parcours en 2028 pour mesurer les progrès et ajuster les programmes. Les acteurs espèrent qu’en 2030, chaque Congolais disposera d’un cadre de vie plus sain, preuve tangible des ambitions portées aujourd’hui à Brazzaville.
