Des dépôts sauvages qui défient la modernisation urbaine
À l’heure où Brazzaville bénéficie d’investissements notables en matière d’éclairage public, de réfection des trottoirs et de mise en valeur paysagère, les résidus de collecte sauvage de déchets constituent encore un anachronisme criant. Le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondelé, a dénoncé le 2 août dernier la persistance de tas d’ordures surgissant à peine quelques heures après le passage des camions de l’opérateur Albayrak en charge de la collecte officielle (Ministère de l’Assainissement, 2023). Ce constat souligne le décalage entre les efforts d’aménagement et certaines pratiques quotidiennes qui minent la salubrité de la capitale.
Responsabilité partagée et gouvernance locale
En présence des membres de la Task force présidentielle, M. Mondelé a rappelé que la salubrité urbaine renvoie à une responsabilité rigoureusement partagée entre administrateurs publics, acteurs privés et habitants. « Il ne s’agit pas de déplacer les ordures des parcelles vers les grandes artères, mais d’assainir véritablement la ville », a-t-il martelé, invitant chacun à adopter un comportement éco-citoyen. La perspective gouvernementale s’inscrit dans une gouvernance de proximité où la société civile, les associations de quartiers et les pré-collecteurs sont invités à contractualiser leurs engagements au service de l’intérêt général.
Mesures coercitives contre les dépôts sauvages
La détermination affichée par l’exécutif s’est traduite par l’annonce de sanctions immédiates : tout pousse-pousseur surpris en flagrant délit de dépôt sauvage sera interpellé, et les récidivistes se verront interdire l’accès à l’activité de collecte. Cette fermeté vise à dissuader les pratiques déviantes qui alimentent la perception erronée d’un service public défaillant. Pour les experts du secteur, cette stratégie punitive trouve néanmoins sa pleine efficacité lorsqu’elle s’accompagne de dispositifs d’accompagnement social et de formation des pré-collecteurs, afin de garantir une transition vers des modes opératoires conformes aux normes environnementales nationales.
La journée civique d’assainissement mensuel
Depuis près d’un an, le premier samedi du mois constitue à Brazzaville un rendez-vous de mobilisation citoyenne. Le 5 août, ministres, étudiants et bénévoles se sont retrouvés au Complexe sportif de la Concorde de Kintélé, site emblématique de la jeunesse et de la cohésion nationale, pour ramasser déchets plastiques, papiers et branchages. Cette dynamique, saluée par le ministre d’État en charge des Grands travaux, Jean-Jacques Bouya, se veut l’expression d’un engagement solidaire qui dépasse les clivages administratifs. Par effet d’entraînement, plusieurs départements s’organisent pour répliquer ce modèle de journée civique, marquant ainsi l’émergence d’une culture environnementale partagée.
Vers une culture environnementale nationale
Au-delà de la question technique de la collecte, les autorités entendent faire de l’assainissement un pilier d’une citoyenneté renouvelée. La Task force étudie actuellement l’état des infrastructures sportives issues de la municipalisation accélérée en vue de leur réhabilitation durable, insistant sur la nécessité pour les collectivités de préserver les biens publics. Dans ce schéma, la lutte contre les dépôts sauvages devient l’élément visible d’une politique verte intégrée, où éducation, patrimoine urbain et économie circulaire se renforcent mutuellement. En s’attaquant aux incivilités quotidiennes, Brazzaville esquisse ainsi un futur où propreté, attractivité économique et cohésion sociale convergent, illustrant la volonté politique de construire un environnement sain et inclusif pour l’ensemble des Congolais.