Un partenariat historique relancé
Dans la salle des actes de l’hôtel de ville, le député-maire Dieudonné Bantsimba et son homologue de Tinqueux, Jean-Pierre Fortuné, ont officialisé le lancement de Biseau, prolongeant soixante-deux ans de coopération entre Brazzaville et Reims, née en 1961 et ravivée autour de l’eau depuis 2018.
La signature de la convention matérialise une ambition partagée : offrir à la capitale congolaise des services d’eau potable et d’assainissement alignés sur les standards internationaux, tout en nourrissant un apprentissage mutuel que les deux collectivités décrivent comme « gagnant-gagnant » (Dieudonné Bantsimba).
Trois axes pour changer le quotidien
Le projet Biseau, programmé de 2025 à 2028, se décline en trois volets complémentaires. Le premier renforce le service public de l’eau, le second structure la filière boues de vidange, le troisième aménage des installations pilotes dans quatre écoles périphériques exposées aux inondations et au manque d’hygiène.
Avec un budget total de 681 millions FCFA, chaque partenaire apporte sa part : Agence de l’eau Seine-Normandie, ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, Grand Reims et municipalité de Brazzaville. Cette répartition ouvre la voie à un financement stable, sans déséquilibrer les finances locales.
Renforcer le service public de l’eau
La Congolaise des Eaux mènera des missions croisées avec le Grand Reims et l’Office national de l’eau et de l’assainissement du Burkina Faso. L’objectif affiché est d’améliorer le rendement du réseau, de réduire les pertes d’eau et de consolider les compétences internes des équipes techniques.
Échanges d’ingénieurs, diagnostic des canalisations, mise à disposition d’outils de télésurveillance : autant de leviers identifiés pour ramener la part de fuites à des niveaux acceptables et fiabiliser la desserte des quartiers périphériques, souvent confrontés à une pression irrégulière ou à des ruptures d’approvisionnement chroniques.
Maîtriser la filière boues de vidange
À Brazzaville, la gestion des eaux usées demeure un défi aux nombreuses externalités sanitaires. Biseau prévoit une étude approfondie pour choisir l’emplacement et la technologie d’une future station de traitement des boues, capable de soulager les zones de rejet informel et de limiter la contamination du fleuve Congo.
Parallèlement, la mairie élaborera un cadre réglementaire précis. Des registres de vidangeurs, l’émission d’agréments et un suivi numérique des rotations permettront de professionnaliser un secteur souvent informel. Le maire évoque « une chaîne de valeur plus sûre pour les opérateurs et plus saine pour les habitants ».
Des écoles pilotes résilientes
Quatre établissements primaires situés dans les arrondissements périphériques recevront des bornes-fontaines, des blocs sanitaires ventilés et des systèmes de drainage paysager. La végétalisation des cours, en captant les eaux pluviales, limitera l’érosion et créera des îlots de fraîcheur très attendus par les enseignants.
Les élèves participeront à des ateliers ludiques sur l’hygiène des mains, la gestion des déchets et la préservation des ressources. Des enseignants de l’Académie de Reims viendront partager leurs outils pédagogiques, tandis que les équipes congolaises présenteront leurs propres initiatives, valorisant ainsi les savoirs locaux.
Apprentissages croisés et gouvernance
Pour les deux villes, la coopération technique n’est qu’un volet ; l’autre, tout aussi essentiel, porte sur la gouvernance. Des comités binationaux trimestriels suivront les indicateurs de performance, afin de réorienter rapidement les actions si des retards ou des contraintes imprévues venaient à apparaître.
Les élus voient également dans Biseau une façon de sensibiliser la jeunesse à la citoyenneté environnementale. « L’eau est un droit, sa gestion est un devoir », rappelle Jean-Pierre Fortuné, convaincu que l’implication communautaire consolidera la durabilité des ouvrages bien au-delà de 2028.
Calendrier et financements sécurisés
La phase préparatoire, déjà engagée, se poursuivra jusqu’à mi-2024 pour finaliser les études et lancer les appels d’offres. Les travaux physiques, eux, débuteront début 2025, avec un point d’étape annuel rendant compte à la population et aux bailleurs de l’avancement et des dépenses.
Le schéma de financement prévoit des décaissements progressifs assortis de contrôles indépendants. Cette mécanique, expliquent les techniciens de Brazzaville, garantira que chaque franc mobilisé atteigne effectivement la pompe, le tuyau ou la latrine ciblée, sans renchérir la dette municipale.
Quel impact pour les communautés ?
En zone urbaine dense, une seule fontaine fonctionnelle peut épargner des heures de marche quotidiennement. Les projections de la Congolaise des Eaux tablent sur 20 000 ménages supplémentaires connectés ou approvisionnés régulièrement à l’issue du projet, un gain jugé décisif pour la santé publique.
D’ici 2028, la mairie espère également réduire de moitié les déversements directs de boues dans les ravines. « Chaque mètre cube traité en station est une victoire contre les maladies hydriques », insiste Dieudonné Bantsimba, qui voit dans Biseau un modèle réplicable pour d’autres villes congolaises.
