Brazzaville mise sur la propreté urbaine
Depuis la mi-août, les grandes artères de Brazzaville offrent un visage métamorphosé. Le ministre chargé de l’Assainissement urbain, Juste Désiré Mondelé, a confirmé sur le terrain le bon déroulement d’une opération jugée « globalement positive », saluant la disparition d’amas d’ordures et d’étals anarchiques.
Boulevards Denis-Sassou-Nguesso, Alfred-Raoul ou avenue Fulbert-Youlou : autant de symboles de la capitale où la circulation piétonne retrouve fluidité. La tolérance zéro envers les occupations illicites a permis de libérer trottoirs et accotements, étape décisive pour renouer avec une gestion urbaine planifiée.
La démarche s’inscrit dans la continuité des objectifs nationaux de santé publique et d’image internationale. « Nous démontrons qu’une capitale africaine peut conjuguer modernité et propreté », note un urbaniste du Centre congolais de recherche urbaine, rappelant les attentes élevées des riverains et des visiteurs.
Logistique et engagement institutionnel
Le dispositif mobilise la mairie, les forces de l’ordre et l’opérateur Albayrak, chargé de la collecte. Des bennes supplémentaires, un ramassage plus fréquent et des équipes de sensibilisation itinérantes constituent la colonne vertébrale du plan piloté par le ministère.
Selon la direction départementale de l’Environnement, plus de 3 000 tonnes de déchets ont été évacuées en deux semaines. Le coût, tenu confidentiel, serait financé par un réaménagement budgétaire axé sur la prévention sanitaire, confirmant la priorité accordée par l’exécutif à l’hygiène communautaire.
Un arsenal préventif contre le choléra
Alors qu’une résurgence de choléra touche certains départements riverains, la campagne de propreté apparaît comme un bouclier préventif. L’Organisation mondiale de la santé rappelle que 80 % des cas se développent dans des contextes d’insalubrité persistante et d’eaux stagnantes.
« La propreté est le premier remède », insiste le ministre, évoquant la complémentarité entre évacuation des ordures, curage des caniveaux et campagne de chloration des points d’eau. Les marchés périphériques, traditionnellement vulnérables, bénéficient d’un contrôle sanitaire renforcé.
Des associations de quartier distribuent du savon et des pastilles de purification. Cet ancrage communautaire répond au principe d’appropriation locale prôné par l’UNICEF, réduisant le risque d’un retour aux anciennes pratiques après le passage des engins de nettoyage.
Éclairage public et mobilité durable
Parallèlement, 1 200 lampadaires LED sont installés sur les principaux axes. Le ministère de l’Énergie souligne un rendement énergétique 60 % supérieur aux anciennes ampoules sodium, gage de réduction des émissions de CO₂ et de la facture publique.
Selon la police municipale, l’éclairage continu sur le boulevard de la Corniche a provoqué une baisse de 25 % des incivilités nocturnes. « Lumière et propreté forment un duo indissociable », résume un officier, pointant l’effet dissuasif sur la petite délinquance.
Le gouvernement annonce la création d’un centre de maintenance local afin d’éviter les coupures liées au vandalisme. Les câbles en cuivre seront progressivement remplacés par des alliages moins attractifs pour les trafiquants.
Vers une nouvelle citoyenneté écologique
À terme, le succès de l’opération repose sur la participation quotidienne des habitants. Le chef de quartier de Moungali organise désormais des « matinées citoyennes », durant lesquelles riverains et commerçants nettoient ensemble les abords des habitations.
Les sociologues de l’université Marien-Ngouabi parlent d’une « pédagogie de l’exemple ». Lorsque l’État montre l’exigence, la société civile suit, surtout si les sanctions contre les dépôts sauvages sont appliquées de façon équitable.
Un numéro vert permet de signaler les décharges clandestines. En quatre jours, 180 appels ont été recensés : indicateur d’un changement de mentalité que les autorités entendent consolider par des campagnes de sensibilisation dans les écoles.
Enjeux économiques et sociétaux
Le nettoyage des artères commerciales stimule l’activité. Les vendeurs du rond-point Place de la République constatent une hausse de fréquentation depuis la libération des trottoirs, les chalands n’ayant plus à slalomer entre déchets et étals précaires.
Le tourisme d’affaires, soutenu par la zone de la Patte d’Oie, devrait également profiter d’une image de capitale assainie, élément clé pour attirer conférences et investisseurs dans les secteurs verts émergents.
Enfin, la valorisation future de la filière déchets est évoquée par le ministère de l’Économie durable. Des études de faisabilité sur le tri à la source et le compostage urbain sont en cours, ouvrant la voie à une économie circulaire créatrice d’emplois locaux.