Une tradition mensuelle qui fédère
À Brazzaville, le premier samedi de chaque mois n’est plus un jour comme les autres. Depuis 2021, cette date rime avec nettoyage participatif, un rendez-vous qui s’étend des artères principales aux enceintes scolaires pour rompre avec l’insalubrité chronique et renforcer la résilience urbaine.
Trois ministres sur le terrain
Le 4 octobre, Juste Désiré Mondélé a joint ses forces à celles de Jean-Luc Mouthou et de Ghislain Thierry Maguessa Ebomé. Enfilés de gilets fluorescents, les trois membres du gouvernement ont manié râteaux et pelles, rappelant que la gouvernance se vit aussi au ras du sol, brosse à la main.
Focus sur le complexe La Révolution
Au complexe scolaire de la Révolution, les équipes ont dégagé feuilles mortes et plastiques qui obstruaient les rigoles. « Nous entretenons un patrimoine voulu par le président Denis Sassou Nguesso », a souligné Jean-Luc Mouthou, invitant élèves et parents à prolonger l’effort pour éviter la réapparition des déchets.
Mpila et la renaissance attendue
Cap ensuite sur le lycée technique 5-Février 1979, dans le quartier Mpila. Là, les bénévoles ont curé les caniveaux et remis en état les points de collecte. Les enseignants, satisfaits, espèrent que cet élan accélérera la modernisation des ateliers professionnels, attendue pour accompagner la rentrée 2024-2025.
Mikalou, l’école engloutie
L’étape suivante a conduit la délégation dans le 9ᵉ arrondissement, à l’école primaire 5-Février 1979 de Mikalou. Le site, grignoté par la rivière Tsiémé et la savane, offrait un spectacle alarmant : salles affaissées, accès boueux, monticules d’ordures jouxtant les salles de classe provisoires.
Santé publique et éducation
« La propreté chasse la maladie », rappelle Marcel Ngnelibolo, chef du quartier 901. Dans un contexte où les maladies hydriques pèsent encore sur les foyers, un simple tas de déchets peut relancer le cycle des moustiques vecteurs de paludisme. D’où l’importance de renforcer les messages d’hygiène à l’école.
Gouvernance locale mobilisée
Le comité de quartier avait déjà mobilisé les blocs de voisinage avant l’arrivée des officiels. Une coïncidence heureuse, selon le chef local, qui confirme l’adhésion des habitants. Les ONG Action-Propre et Jeunes Verts ont fourni sacs biodégradables et gants, financés par une micro-subvention du Fonds national environnement.
Des gestes républicains exemplaires
Devant les caméras, le ministre Mondélé a dévoilé une plaque proscrivant tout dépôt d’ordures dans l’enceinte de l’école. « Nous prêchons par l’exemple », a-t-il déclaré. Selon lui, chaque élève doit consacrer dix minutes par jour au balayage de la cour, un rituel qui crée appartenance et vigilance sanitaire.
Indicateurs à la loupe
Depuis la mise en place de la mesure, la mairie centrale note une baisse de 18 % des volumes de déchets abandonnés autour des écoles du centre-ville. Parallèlement, la direction départementale de la santé observe un recul de 12 % des cas de diarrhée pédiatrique signalés durant la saison des pluies.
Quand la nature reprend ses droits
À Mikalou, l’eau ronge encore les marges de la cour. Un diagnostic hydraulique, conduit par le laboratoire national du bâtiment, préconise la construction d’un muret de protection et le reprofilage d’une voirie d’évacuation avant novembre. Les plans sont validés et les appels d’offres publiés sur le portail public.
Financement et transparence
Le budget 2024 de l’assainissement urbain consacre 3,2 milliards de francs CFA aux infrastructures scolaires. Les chantiers seront suivis par le comité de pilotage local, ouvert aux conseils de parents d’élèves et aux associations, gage de transparence salué par la cellule RSE d’une banque partenaire du programme.
Rôle clé des enseignants
À La Révolution, Mme Ngatsé, professeure d’histoire, voit dans l’opération un levier pédagogique. Chaque séquence sur l’éducation civique inclura désormais un tour de jardin, sac à la main. « Les élèves comprennent vite lorsqu’ils participent », assure-t-elle, convaincue que la pratique consolide la théorie apprise en classe.
Jeunesse engagée
L’association scolaire Eco-Génie revendique déjà deux cents adhésions. Ces lycéens ont lancé un concours de recyclage : la classe qui collecte le plus de plastique recevra une visite au parc de Maloukou pour étudier la végétation riveraine. Un moyen de relier service communautaire et découverte scientifique.
Canaux d’alerte citoyens
La mairie du 5ᵉ arrondissement rappelle que tout dépôt sauvage peut être signalé par SMS au 3434. Les services passent alors dans les 72 heures. En cas d’urgence sanitaire, le numéro vert 110 du ministère de la Santé reste actif, notamment lors des fortes pluies d’avril.
Vers un modèle durable d’entretien
Le gouvernement travaille à intégrer un volet entretien dans tout marché de construction scolaire. Un fonds d’amorçage, alimenté par la taxe environnementale sur les sachets plastiques, couvrira l’achat d’outils et la formation de brigades vertes recrutées parmi les jeunes en recherche d’emploi.
Défis à long terme
Assurer la pérennité des actions nécessite de résoudre la question du transport des déchets vers la décharge de Mpila. Un partenariat public-privé est en négociation pour moderniser la flotte de camions et installer un tri-centre pilote, afin de réduire l’enfouissement et valoriser le compostage.
Une dynamique à diffuser
En multipliant les nettoyages participatifs, Brazzaville démontre qu’une ville plus propre est possible lorsque décideurs, techniciens et citoyens œuvrent de concert. L’objectif affiché est de porter l’initiative dans chaque arrondissement d’ici fin 2025 et d’inscrire la propreté comme vecteur incontournable de réussite scolaire.
