Brazzaville se prépare pour Nabemba Tourism Expo
Du 18 au 20 novembre, Brazzaville déroulera le tapis rouge aux opérateurs touristiques d’Afrique centrale. Sous les arches modernes du Palais des Congrès, la première édition du Nabemba Tourism Expo promet de transformer la capitale en laboratoire d’idées pour un tourisme résolument tourné vers l’intérieur du pays.
Annoncée par le ministère de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des loisirs, la rencontre porte le thème Le tourisme interne, enjeux et défis. Le mot d’ordre : capter les Congolais eux-mêmes, première clientèle potentielle, afin de consolider emplois non délocalisables et revenus complémentaires aux filières traditionnelles.
Un levier de diversification économique
Francel Emerancy Balank, dirigeant de Safari Tours et porte-voix du gouvernement lors de la conférence de presse du 4 novembre, présente l’Expo comme une vitrine du dynamisme congolais. Il souligne que l’accompagnement public restera constant pour faire du tourisme un levier crédible de diversification économique.
Le marché intérieur reste largement sous-exploité. Selon le ministère, moins de 15 % des Congolais voyagent chaque année dans une autre région du pays. Pourtant, les parcs d’Odzala-Kokoua et de Conkouati-Douli, les plages de Pointe-Noire, ou les méandres du fleuve Congo offrent un potentiel incomparable.
Mettre le tourisme interne au cœur des priorités
Nabemba Tourism Expo ambitionne donc de donner des arguments concrets aux familles, étudiants et entrepreneurs pour redécouvrir ces trésors. Les organisateurs annoncent un programme dense de conférences, ateliers et projections conçu pour démystifier le coût d’un week-end nature et exposer des formules de crédit ou d’épargne adaptées.
Le salon s’appuie aussi sur une tendance mondiale : la demande pour des expériences bas-carbone, locales et immersives. D’où une forte présence d’experts en tourisme durable, en écotourisme communautaire et en technologies de suivi d’empreinte carbone, invités à partager retours d’expérience et outils de mesure certifiés.
Durabilité et innovation au programme
Placide Nguie Obambi, gestionnaire du site naturel de Ngabé, insiste : « Le salon est d’abord un appel à reconnecter l’homme à la nature et la culture à l’économie. » Pour lui, la création de passerelles entre opérateurs et riverains conditionne l’inclusion sociale et la conservation des écosystèmes.
Cette vision rejoint la Stratégie nationale de développement du tourisme 2022-2026, qui préconise la mise en réseau des villages d’accueil, la labellisation des guides et la valorisation des savoirs locaux. L’Expo servira de bourse aux projets, chaque promoteur disposant d’un créneau de cinq minutes pour pitcher devant investisseurs.
Espace B2B, numérique et terroirs
Côté transactions, un espace B2B accueillera tour-opérateurs, agences numériques et hôteliers. Les rencontres rapides faciliteront la signature d’accords de commercialisation ou de co-marketing. Le ministère prévoit un guichet unique, sur place, pour délivrer informations fiscales, procédures de classement, et conseils sur les mécanismes d’allègement des droits d’importation d’équipements.
L’innovation numérique sera mise en avant avec des démonstrations de visites virtuelles en réalité augmentée. Pour les zones encore dépourvues de connexion stable, des start-up locales proposeront des solutions hors-ligne basées sur carte SD et bornes solaires, afin que les villages forestiers puissent promouvoir leurs parcours sans dépendre du réseau.
Les organisateurs misent également sur la gastronomie pour séduire. Un espace Terroirs offrira des dégustations d’attiéké de Mossaka, de miel de la Cuvette ou encore du café robusta de Loudima. Chaque produit sera relié à un circuit touristique précis, encourageant les visiteurs à prolonger l’expérience au-delà des stands.
Communautés et jeunes talents mobilisés
Au-delà des chiffres, l’enjeu est humain. « Nous voulons que les communautés se voient actrices, pas spectatrices », rappelle Antoinette Ndinga, coordinatrice du réseau de guides communautaires de Louvakou. Elle compte profiter de l’Expo pour signer des protocoles de partage des revenus avec les tours-opérateurs nationaux.
Les universités ne sont pas en reste. Un hackathon étudiant, organisé en marge du salon, récompensera les meilleures applications mobiles dédiées à la localisation d’hébergements écologiques ou à la traduction instantanée des dialectes téké ou mbochi, afin de fluidifier le dialogue entre visiteurs et populations d’accueil.
Mesurer les impacts pour anticiper l’avenir
Pour mesurer l’impact de la manifestation, le comité d’organisation publiera, fin décembre, un tableau de bord avec nombre de contrats signés, volumes de réservation générés et estimation d’emplois temporaires créés. Ces données alimenteront ensuite l’Observatoire national du tourisme, outil lancé l’an passé pour suivre les retombées territoriales.
À moyen terme, les autorités espèrent que la dynamique initiée par l’Expo renforcera la résilience économique face aux variations du marché pétrolier. L’objectif chiffré, rappelé par le ministère, est de porter la contribution du tourisme à 10 % du PIB d’ici 2030, contre environ 3 % aujourd’hui.
Un test grandeur nature pour une ambition continentale
D’ici là, le rendez-vous de novembre servira de test grandeur nature. Si la fréquentation dépasse les 6 000 visiteurs attendus, Brazzaville pourra prétendre organiser, dans deux ans, un forum continental sur le tourisme durable, consolidant ainsi son rôle de carrefour régional et de vitrine des richesses du Congo.
En pratique, les visiteurs pourront s’inscrire sur le portail dédié nabembatourism.cg dès l’ouverture des inscriptions le 12 novembre, ou appeler le 5555 pour obtenir leur badge électronique gratuit.
