Oyo mise sur la relève scientifique nationale
À Oyo, au nord du Congo-Brazzaville, le Centre d’excellence pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique vient de dévoiler sa deuxième vague de bourses de recherche. L’initiative, saluée par la communauté académique, cible les étudiants de niveau master 2 et post-master inscrits dans les universités publiques nationales.
Selon la direction du Centre, l’objectif est double : consolider la production de connaissances locales et orienter ces travaux vers des solutions concrètes pour l’accès à l’énergie. « Nous voulons des projets qui parlent aux réalités des quartiers, des villages et des entreprises du pays », insiste le coordinateur scientifique, le professeur Mankoutou.
Former des pionniers de l’énergie propre
Le Congo dispose d’un potentiel solaire estimé à près de 5 kWh/m²/jour, d’un réseau hydrographique dense et de gisements de biomasse encore sous-exploités. Pour transformer ces atouts en kilowatts disponibles, le pays a besoin de chercheurs et d’ingénieurs capables d’innover à coût maîtrisé.
Les bourses d’Oyo apportent ainsi un soutien financier, logistique et méthodologique aux jeunes talents. Les lauréats bénéficieront d’une allocation mensuelle versée dès janvier 2026, d’un logement sur le campus, et d’un accès libre aux laboratoires équipés de bancs solaires, de chambres climatiques et de plateformes de simulation numérique.
Un accompagnement intégral jusqu’à la soutenance
Au-delà des ressources matérielles, chaque bénéficiaire sera suivi par un binôme d’encadrants : un enseignant-chercheur congolais et un expert international invité. Cette tutelle mixte favorise l’échange de bonnes pratiques et l’ouverture sur les réseaux africains et mondiaux de la transition énergétique.
Le programme prévoit également des ateliers trimestriels en rédaction scientifique, propriété intellectuelle et entrepreneuriat vert. L’idée est de guider les étudiants jusqu’à la publication de leurs résultats et, lorsque c’est pertinent, jusqu’à la création de start-up locales.
Des thématiques alignées sur les priorités nationales
La cellule d’orientation stratégique du Centre a retenu cinq axes de recherche : micro-réseaux solaires pour zones rurales, valorisation des déchets forestiers en briquettes, optimisation de la cuisson propre, efficacité énergétique dans les bâtiments publics et stockage innovant de l’électricité.
Ces axes répondent aux orientations du Plan national de développement 2022-2026, qui vise à réduire le recours au diesel pour l’autoproduction et à améliorer la qualité de l’air urbain. Les travaux de recherche devront donc proposer des prototypes ou des modèles facilement réplicables à l’échelle communautaire.
Voix d’étudiants et d’experts
Brice Mavoungou, étudiant en génie électrique à l’Université Marien-Ngouabi, voit dans la bourse « une chance de tester sur le terrain des panneaux solaires hybrides adaptés au climat équatorial ». Il prévoit d’associer capteurs de température et algorithmes d’orientation automatique.
Pour la docteure Aline Nganga, spécialiste des bioénergies, « cet accompagnement réduit la fracture entre recherche et application. Les jeunes chercheurs ne se contentent plus de publier ; ils incubent des solutions qui peuvent être reprises par les artisans et les PME ».
Les partenaires industriels, tels que la Société Nationale d’Électricité, promettent de mettre à disposition des sites pilotes dès que les prototypes seront prêts, afin d’accélérer leur validation grandeur nature.
Candidatures 100 % en ligne jusqu’au 31 octobre
Afin de faciliter l’accès aux étudiants des douze départements, le dépôt des dossiers se fait exclusivement sur la plateforme ceo.cg. Les candidats doivent téléverser un projet de recherche détaillé, une lettre de motivation, leurs relevés académiques, deux références et une lettre d’engagement du superviseur.
En cas de difficultés techniques, une hotline est disponible au +242 06 555 12 12, du lundi au vendredi de 8 h à 17 h. Les responsables encouragent les postulants à s’y prendre tôt pour éviter les embouteillages numériques des derniers jours.
Cap sur 2026 : retombées attendues
La remise officielle des bourses est programmée pour janvier 2026, lors d’une cérémonie à Oyo qui réunira institutions publiques, bailleurs et représentants des communautés bénéficiaires. Les projets sélectionnés disposeront de dix-huit mois pour produire des livrables mesurables.
À terme, le Centre espère constituer un vivier de spécialistes capables d’intégrer les administrations, les entreprises énergétiques et les ONG actives sur le terrain. La vision, résume le professeur Mankoutou, « est de faire du Congo un hub régional de l’ingénierie verte, au service du développement durable et du bien-être des populations ».
