Un programme stratégique pour l’énergie durable
À Oyo, chef-lieu paisible de la Cuvette, le Centre d’excellence pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ouvre la seconde édition de son programme national de bourses. Cette initiative, portée par le ministère de la Recherche scientifique, cible les futurs chercheurs des établissements publics congolais.
Le but affiché est double : stimuler l’excellence académique et générer des solutions énergétiques adaptées aux réalités du territoire, qu’il s’agisse d’optimiser la cuisson propre dans les quartiers urbains ou de fiabiliser les mini-réseaux solaires dans les villages riverains du fleuve Congo.
L’appel à candidatures, ouvert jusqu’au 31 octobre, s’inscrit dans la feuille de route nationale de transition énergétique, laquelle vise à porter la part des renouvelables à 30 % du mix électrique d’ici 2030, conformément aux engagements climatiques du Congo.
Une sélection fondée sur l’excellence
Le dispositif s’adresse aux étudiants inscrits en master 2 ou post-master dans un établissement public congolais. Chaque dossier doit comporter un projet de recherche solide, deux lettres de recommandation et l’aval formel d’un superviseur académique reconnu.
Un comité scientifique pluridisciplinaire, comprenant des experts du Centre, de l’Université Marien-Ngouabi et de la Commission nationale énergie, évaluera la pertinence, la faisabilité et l’impact potentiel de chaque projet avant de rendre son verdict en décembre.
Selon le Dr Alphonse Mboui, directeur adjoint du Centre, « nous recherchons des idées capables de démontrer un effet multiplicateur sur toute la chaîne de valeur, du laboratoire au village », rappelle-t-il lors du lancement à Oyo.
Un accompagnement scientifique de haut niveau
Les lauréats percevront dès janvier 2026 une allocation mensuelle couvrant restauration et transport, mais aussi un hébergement sur le campus high-tech d’Oyo, à deux pas des serres solaires expérimentales et du micro-réseau hybride piloté par les ingénieurs du Centre.
Chaque étudiant sera suivi par un binôme tuteur-chercheur et mentor industriel, garantissant un passage fluide vers le marché. « Nous voulons éviter que les prototypes dorment sur des étagères », insiste Irène Okoua, responsable transfert technologique.
L’accès illimité aux laboratoires de caractérisation, aux capteurs de télédétection et aux bases de données climatiques régionales ouvre un champ d’expérimentation rare en Afrique centrale, salué par l’Agence congolaise de l’énergie durable comme un levier clé pour l’innovation locale.
Un partenariat récemment signé avec l’Observatoire satellitaire du Sahel permet également aux chercheurs d’accéder à des images haute résolution, utiles pour cartographier le potentiel solaire des toitures et suivre l’évolution des surfaces forestières, données essentielles pour vérifier l’impact climatique des innovations déployées.
Impact attendu sur les communautés locales
Le programme place la valorisation des résultats au cœur du dispositif. Chaque boursier devra réaliser un atelier participatif dans sa zone d’étude afin d’impliquer autorités locales, associations de femmes et comités de jeunes, favorisant ainsi l’appropriation des solutions mises au point.
Dans la Likouala, les micro-turbines fluviales testées par la première cohorte alimentent déjà un dispensaire et trois salles de classe. Des enseignants témoignent d’un taux de présence en hausse de 20 %. « La lumière prolonge nos cours », confie le professeur Nguimbi.
Ces retombées concrètes justifient l’attention des investisseurs à impact et préfigurent de nouvelles synergies avec le Fonds bleu pour le bassin du Congo, intéressé par des projets combinant énergie propre et conservation forestière.
Pour les communautés, la visibilité donnée par ces ateliers se traduit souvent par un accès facilité aux services publics. Les autorités municipales de Mossaka planchent déjà sur un plan d’éclairage solaire des quais fluviaux, inspiré d’un prototype conçu par une boursière de 2024.
Modalités pratiques et calendrier à retenir
Les candidats déposent leur dossier exclusivement en ligne via la plateforme sécurisée du Centre. Un accusé de réception est automatiquement transmis par courriel et, pour les zones à faible connectivité, un numéro vert gratuit (1100) permet un accompagnement téléphonique.
La date limite fixée au 31 octobre est ferme. Les résultats seront publiés le 15 décembre sur le site du Centre et sur les panneaux d’affichage des universités partenaires. Les lauréats entameront leurs travaux officiellement le 5 janvier 2026.
Le formulaire exige aussi un résumé de 300 mots en français et en anglais, afin de favoriser la diffusion internationale des travaux. Les candidats sont encouragés à joindre, lorsque disponible, un lien vers une courte vidéo expliquant leur projet depuis leur terrain d’étude.
Vers une économie congolaise à faible carbone
En favorisant la montée en compétences de jeunes chercheurs, le Centre d’excellence d’Oyo contribue à la construction d’un écosystème capable de réduire les émissions tout en créant des emplois verts, priorité inscrite dans la stratégie nationale de développement 2022-2026.
Le ministre de l’Enseignement supérieur salue « un instrument concret de souveraineté énergétique ». D’ici cinq ans, l’objectif annoncé est de voir émerger au moins dix start-up issues du programme, susceptibles de lever des capitaux auprès d’institutions financières locales et panafricaines.
En accompagnant la recherche appliquée sur les renouvelables, le Congo réaffirme ainsi sa volonté de conjuguer croissance inclusive et préservation des écosystèmes du bassin du Congo, poumon vert du continent.
