Progression mesurée, satisfaction prudente
Au terme d’une session déroulée du 17 au 20 juin, 43 682 admis ont été comptabilisés sur 92 995 candidats, fixant le taux de réussite à 46,97 %. Cette augmentation d’1,86 point par rapport à 2024 conforte les autorités éducatives dans la pertinence des ajustements curriculaires engagés depuis trois ans. « Les élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes », a résumé Dominique Oba, président général des jurys, saluant un cru jugé sérieux malgré un contexte logistique marqué par des aléas climatiques dans certaines localités du Nord.
Si la moyenne d’admission demeure fixée à 10/20, la performance du major, un élève de série C crédité de 17/20, symbolise la montée en gamme de profils scientifiques que le ministère de l’Enseignement général ambitionne de favoriser. Cette exigence académique, combinée à l’effort de digitalisation progressive des centres de correction, nourrit l’espoir d’une reconnaissance accrue du diplôme congolais sur l’espace CEMAC et au-delà.
Hiérarchie territoriale et lecture sociologique
Le classement départemental interroge. La Cuvette-Ouest devance la Likouala, les Plateaux et la Cuvette, reléguant Brazzaville à la dixième place. Loin de constituer un simple palmarès, cette configuration traduit la résilience des établissements d’arrière-pays face aux déterminants classiques de la réussite – densité démographique, dotations budgétaires ou proximité des centres pédagogiques nationaux. Des sociologues de l’université Marien-Ngouabi soulignent que la relative homogénéité des classes rurales, moins affectées par les flux migratoires, favorise un suivi pédagogique régulier et une cohésion entre familles et corps enseignant.
La contre-performance des deux grandes métropoles, Brazzaville et Pointe-Noire, s’explique, selon plusieurs recteurs, par la massification née de la croissance urbaine. Surcharge des effectifs et inégalités d’accès aux cours de soutien limitent la capitalisation des réformes. Cependant, le ministère assure qu’un plan de rééquilibrage des dotations en manuels scientifiques et laboratoires mobiles sera opérationnel dès la rentrée prochaine.
Réformes pédagogiques, entre continuité et innovation
À la faveur du Plan décennal pour l’éducation et la formation, lancé en 2021, plusieurs mesures portent déjà leurs fruits : révision des programmes de mathématiques en séries C et D, introduction d’une épreuve numérique transversale et montée en puissance de la formation continue des enseignants. D’après un audit conjoint Banque Mondiale-Unesco, la stabilisation des grilles horaires a réduit le décrochage en terminale de près de 4 % en zone semi-urbaine.
Les syndicats, tout en saluant ces avancées, rappellent la nécessité de renforcer la rémunération des correcteurs et de sécuriser la circulation des sujets. Un consensus se dégage toutefois sur l’intérêt de mutualiser les plateformes d’e-learning, expérimentation pilote ayant contribué à maintenir la continuité pédagogique durant les perturbations sanitaires de 2023.
Rayonnement de la diaspora et crédibilité internationale
La tenue du baccalauréat dans les centres de Luanda et de plusieurs villes chinoises illustre le souci de maintenir un lien civique avec les jeunes Congolais expatriés. Sur cent soixante-dix-huit candidats inscrits à l’étranger, quatre-vingt-dix-neuf ont franchi le seuil d’admission. Ces chiffres, modestes mais symboliquement puissants, confortent la diplomatie éducative prônée par Brazzaville, désireuse de positionner le pays comme pôle francophone d’excellence en Afrique centrale.
À Pékin, l’ambassadeur du Congo a salué « une victoire partagée » et insisté sur la volonté du gouvernement de diversifier les partenariats universitaires. Les discussions engagées avec des institutions asiatiques autour de bourses bilatérales témoignent d’une stratégie d’internationalisation qui, à terme, pourrait réduire le déficit national de cadres dans les filières de pointe.
Perspectives, responsabilités et culture de l’excellence
Le léger sursaut observé en 2025 constitue un jalon plutôt qu’un aboutissement. Les défis demeurent nombreux : accroissement démographique, modernisation des infrastructures, adaptation constante aux normes internationales. La concertation annoncée entre les ministères en charge de l’Éducation, du Numérique et de l’Économie ouvre la voie à des synergies budgétaires décisives.
De l’avis de plusieurs proviseurs, la clé résidera dans l’instauration d’un contrat de performance associant établissements, collectivités locales et secteur privé. En réaffirmant que « l’école est un bien collectif », le gouvernement rappelle son engagement à inscrire la réussite individuelle dans un projet sociétal inclusif. Si la Cuvette-Ouest a su donner l’exemple en 2025, l’ambition nationale demeure celle d’une élévation continue du niveau moyen, gage de compétitivité et de cohésion pour la décennie à venir.