Une politique nationale d’assainissement validée
Le 14 octobre 2025, à Brazzaville, un atelier conduit par le ministre Juste Désiré Mondelé a entériné la première politique nationale d’assainissement de la République du Congo. Autorités, partenaires internationaux et secteur privé y ont harmonisé leurs attentes autour d’un texte désormais référence.
Pour le ministre, cette feuille de route s’inscrit dans la vision du président Denis Sassou Nguesso : faire de l’environnement propre un facteur de santé, de cohésion sociale et de création d’emplois. « Nous tenons une boussole qui guide notre marche vers les objectifs durables », a-t-il déclaré.
Une stratégie d’assainissement pensée pour tous
Le document vise quatre résultats clés : réduire les maladies hydriques, protéger les écosystèmes face au climat, stimuler l’économie circulaire et renforcer la gouvernance locale. Chaque commune disposera d’un plan quinquennal, financé progressivement, pour acheminer toilettes, stations de traitement et services de collecte.
Cette architecture reprend les recommandations de la conférence nationale sur l’assainissement organisée en février 2025. Ingénieurs, universitaires, ONG et chefs coutumiers y avaient cartographié les points noirs et les pratiques locales, montrant qu’une approche concertée pouvait équilibrer modernité et savoirs traditionnels de gestion de l’eau.
Des partenaires techniques et financiers alignés
Devant l’assemblée, la représentante de l’UNICEF a rappelé que « l’assainissement est un catalyseur de progrès social ». Selon elle, un système fiable divise quasiment par deux les diarrhées infantiles et améliore la fréquentation scolaire des filles, souvent freinée par l’absence de toilettes adaptées durant la puberté.
Le représentant principal de la Banque africaine de développement a confirmé qu’une ligne de crédit concessionnelle, adossée à des garanties souveraines, pourrait soutenir les collectivités dans la construction d’ouvrages. « La rentabilité sanitaire et la valorisation des boues en engrais justifient l’investissement », a-t-il souligné.
Santé publique et environnement, un même combat
Au Congo, l’Organisation mondiale de la santé estime qu’une hospitalisation sur cinq est liée à l’eau insalubre. Les cartes de sensibilité élaborées par le ministère montrent une corrélation directe entre absence de latrines et flambées de choléra dans les zones périurbaines du Pool et de la Sangha.
Le lien avec le climat est clair : pluies diluviennes et crues du fleuve Congo dispersent les déchets, rendant les captages vulnérables. En installant des réseaux séparatifs, la politique réduit aussi les émissions de méthane, contribuant à la stratégie nationale de lutte contre le changement climatique.
Financement innovant et économie circulaire
Côté finances, le texte mise sur un bouquet d’innovations : tarification progressive des services, obligations vertes et partenariats public-privé. Les collectivités recevront des bonus si elles dépassent leurs cibles de raccordement, financés par un fonds national alimenté par la taxe carbone sur les carburants.
Le secteur privé y voit une opportunité. Plusieurs start-ups congolaises testent déjà des biodigesteurs domestiques qui produisent du gaz de cuisson à partir des boues. Leur déploiement pourrait générer mille emplois verts d’ici 2028, selon l’incubateur local EnviTech.
Voix des communautés, moteur du changement
Le député-maire de Brazzaville, Dieudonné Bantsimba, insiste sur la mobilisation citoyenne : « Sans changement de comportement, aucun réseau moderne ne tiendra ». Il annonce une campagne porte-à-porte, animée par des jeunes, pour expliquer tri des déchets, lavage des mains et paiement participatif du service.
À Oyo, dans la Cuvette, l’association féminine Mwana Mboka teste depuis six mois des toilettes sèches communautaires. Les ménages paient en nature avec des coques de palmiste utilisées comme combustible. « Le compost nourrit nos potagers », se réjouit Valérie, maraîchère qui voit déjà ses revenus progresser.
Des outils de suivi basés sur les données
Pour suivre l’avancement, le ministère déploie un tableau de bord numérique accessible sur smartphone. Les chefs de quartier peuvent signaler pannes, débordements ou manquements via une application géolocalisée, tandis que les techniciens reçoivent des itinéraires optimisés pour la vidange et le ramassage.
Toutes les données agrégées seront publiques. Les chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi pourront les croiser avec les statistiques sanitaires pour mesurer l’impact, et les investisseurs disposeront d’indicateurs fiables avant de financer de nouvelles stations, renforçant ainsi la transparence chère aux bailleurs.
Prochaines étapes et repères pratiques
La mise en œuvre commence dès janvier 2026 avec des études d’avant-projet dans dix communes pilotes, puis le lancement des travaux structurants avant la saison des pluies. Un guide pratique détaillant normes, procédures d’appel d’offres et critères sociaux sera distribué à toutes les mairies.
Pour les habitants, deux numéros verts seront actifs 24 h/24 : l’un pour signaler un dépôt sauvage, l’autre pour demander une vidange subventionnée. Une plateforme SMS sans Internet aidera les zones rurales à planifier le passage de la benne ou du camion-citerne.
Les observateurs saluent la cohérence de la démarche, alliant objectifs sanitaires, environnementaux et économiques sans opposer rural et urbain. Le consensus obtenu durant l’atelier montre qu’une gouvernance inclusive est possible lorsque les rôles de chacun, État, citoyens et entreprises, sont clairement définis.
En validant cette politique, le Congo réaffirme son ambition d’offrir un cadre de vie sain compatible avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le succès dépendra désormais de l’implication continue des communautés, garantes d’une transition verte autant sociale qu’économique.
									 
					