Des convergences stratégiques inédites
La signature à Dakar d’un protocole bilatéral entre l’Association Galien Africa et le Réseau des Médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement marque une étape décisive dans la structuration de la diplomatie sanitaire continentale. D’emblée, les deux entités épousent une vision commune : l’amélioration de la gouvernance de la santé publique, indissociable de la préservation des écosystèmes, condition première d’une résilience durable des sociétés africaines. Pour la professeure Awa Marie Coll Seck, présidente de Galien Africa, cet « accord décloisonne la science, la communication et le plaidoyer au bénéfice des populations », tandis que le président du Remapsen, M. Bamba Youssouf, y voit « un levier pour faire émerger des narratifs panafricains ambitieux en matière de santé et de climat ».
La communication, pierre angulaire des politiques
Au-delà de la portée symbolique, la convention confère un statut institutionnel à la communication sanitaire, souvent reléguée au rang de variable d’ajustement dans l’élaboration des politiques publiques. Ici, elle s’érige en outil de gouvernance : former les journalistes spécialisés, professionnaliser le fact-checking, créer des contenus multilingues accessibles aux populations rurales, autant de chantiers que les signataires entendent mener à bien. L’enjeu est de taille : selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 45 % des foyers africains déclarent manquer d’informations fiables sur les liens entre dégradation environnementale et pathologies émergentes. En inscrivant la communication au cœur de l’action publique, l’accord s’aligne sur la déclaration ministérielle de Brazzaville de 2021, qui recommandait de « mobiliser les médias pour accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 ».
Un ancrage continental tourné vers 2025
Le calendrier stratégique retient déjà l’attention des chancelleries africaines : du 28 au 31 octobre 2025, Dakar accueillera la prochaine édition du Prix Galien Afrique, vitrine des innovations pharmaceutiques et biotechnologiques du continent. Le Remapsen se voit confier la couverture éditoriale de l’événement, la diffusion des communications officielles ainsi que l’organisation de webinaires thématiques. Cette orchestration médiatique répond à une logique de visibilité internationale, condition essentielle à l’attractivité des projets africains de recherche appliquée. Les organisateurs ambitionnent d’attirer investisseurs, bailleurs multilatéraux et think tanks, afin de convertir l’excellence scientifique en solutions opérationnelles sur le terrain.
Valorisation de la recherche appliquée africaine
L’un des volets majeurs de la convention tient à la promotion de la recherche appliquée. Galien Africa s’engage à soutenir les laboratoires et start-up œuvrant à l’interface santé-environnement, tandis que le Remapsen relayera leurs avancées auprès du grand public et des décideurs. Cette symbiose vise à rompre avec le paradoxe d’une Afrique innovante mais sous-documentée. L’Institut Pasteur de Bangui, le Centre international de recherche médicale de Franceville ou encore les pôles universitaires de Brazzaville et de Pointe-Noire constituent autant de pôles d’excellence susceptibles de bénéficier de cette vitrine médiatique renforcée. Comme le rappelle la Dr Ines Mouyabi, épidémiologiste congolaise, « la diffusion des résultats est un indicateur de souveraineté scientifique ». L’accord entend ainsi contribuer à la rétention des talents et à l’autonomisation des chaînes de valeur locales.
Synergies médiatiques et diplomatie sanitaire
L’irruption croissante des risques sanitaires transfrontaliers – dengue, choléra fluvial, affections respiratoires liées aux feux de tourbières – oblige à penser des réponses qui dépassent les frontières administratives. En créant un corridor informationnel sécurisé entre experts, journalistes et décideurs, Galien Africa et le Remapsen esquissent les contours d’une diplomatie sanitaire proactive. Dans un contexte où les chefs d’État, dont le président Denis Sassou Nguesso, plaident pour une approche intégrée du développement, cette initiative résonne comme une illustration concrète du panafricanisme pragmatique. Elle complète les instruments régionaux déjà en place, à l’image du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, par une dimension communicationnelle jusque-là insuffisamment exploitée.
Vers une coopération pérenne et évolutive
Signée pour deux ans renouvelables, la convention se présente comme un cadre évolutif susceptible d’intégrer d’autres partenaires, qu’ils soient publics, privés ou issus de la société civile. Les ministères sénégalais chargés de la Santé et de l’Environnement, présents lors de la cérémonie de signature, ont déjà indiqué leur volonté de mutualiser leurs données épidémiologiques et climatiques afin d’enrichir les productions éditoriales. À moyen terme, l’extension à la sous-région d’Afrique centrale, incluant la République du Congo, apparaît plausible. Elle ouvrirait la voie à une harmonisation des normes de communication de crise, condition sine qua non pour renforcer la préparation et la réponse aux urgences sanitaires et environnementales. La démarche esquisse ainsi une gouvernance collaborative où l’information n’est plus perçue comme un simple vecteur, mais comme un bien public régional favorisant la cohésion et la solidarité entre États.