Cese Congo : session inaugurale 2025
Les rideaux se sont levés, du 30 au 31 octobre 2025 à Brazzaville, sur la session inaugurale puis ordinaire du Conseil économique, social et environnemental. Autour de la présidente reconduite, Émilienne Raoul, cent quarante-cinq nouveaux conseillers ont prêté serment.
Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, et plusieurs membres du gouvernement ont honoré la cérémonie, signe que l’exécutif accorde un poids particulier à cette institution consultative, considérée comme thermomètre du dialogue social national.
Le rôle stratégique du Cese
Dans son allocution, le chef du gouvernement a rappelé que le Cese demeure «un espace de dialogue permanent entre les acteurs sociaux» (déclaration d’Anatole Collinet Makosso). Il a insisté sur sa capacité à éclairer les politiques publiques, même lors des périodes de turbulences économiques.
Pour le Premier ministre, associer «toutes les intelligences» signifie faire converger universitaires, entreprises, syndicats, organisations de la société civile et collectivités afin de proposer des solutions enracinées dans les réalités territoriales et climatiques du pays.
Justice climatique et défis urbains
Le contexte international, marqué par la montée du coût de l’énergie et l’accélération des aléas météorologiques, impose au Congo de renforcer l’équité climatique et d’adapter ses villes à la croissance démographique, a plaidé Anatole Collinet Makosso devant les conseillers.
Brazzaville et Pointe-Noire gagnent chaque année plusieurs milliers d’habitants, mettant sous pression réseaux d’eau, surfaces forestières périurbaines et gestion des déchets. Le Cese est appelé à formuler des options sobres en carbone et peu coûteuses, adaptables aux budgets municipaux.
Femmes et jeunes, acteurs incontournables
Saluant la confiance du président Denis Sassou-Nguesso, Émilienne Raoul a regretté la baisse de la représentation féminine au sein du conseil. Elle a souligné qu’aucune transition écologique ne réussira sans la pleine participation des femmes et des jeunes innovateurs.
Des ateliers seront organisés, dès 2026, pour favoriser le mentorat intergénérationnel, l’entrepreneuriat vert et l’accès des étudiantes aux filières scientifiques, a-t-elle annoncé, appelant partenaires publics et privés à soutenir financièrement ces programmes d’inclusion.
Un cadre réglementaire modernisé
Les conseillers ont adopté le règlement intérieur et le règlement financier, définissant clairement procédures d’avis, calendriers budgétaires et mécanismes de transparence. Ces textes modernisent la gouvernance interne et alignent la mandature 2025-2029 sur les standards internationaux de redevabilité.
Quatre commissions permanentes ont été mises en place : affaires économiques, sociales et éducatives, culturelles et religieuses, environnementales. Chaque commission disposera d’outils de suivi numérique et de partenariats avec universités et centres de recherche pour produire des données fiables.
Feuille de route vers la transition durable
Le communiqué final réaffirme l’ambition de faire du Cese un laboratoire d’idées favorable à une croissance résiliente. Priorités : diversification de l’économie hors pétrole, développement des énergies renouvelables, valorisation des ressources forestières par des chaînes locales à haute valeur ajoutée.
Des études sont déjà programmées sur la fiscalité carbone, la tarification progressive de l’eau potable et l’électrification rurale via le solaire hors réseau. Les premiers rapports seront transmis au Parlement avant la session budgétaire de 2026 pour orientation rapide.
Un appel à la cohésion nationale
«Le Conseil économique, social et environnemental doit être le lieu où, même en temps de crise, le fil du dialogue n’est jamais rompu», a rappelé le Premier ministre. Les membres ont répondu par une standing ovation, symbole de l’engagement à garder ouverte la concertation.
En clôturant la session, Émilienne Raoul a exhorté les conseillers à «faire du Cese un instrument d’apaisement et d’efficacité». Elle a remercié le gouvernement pour l’appui logistique et financier, tout en promettant des résultats concrets mesurables par la population dès 2026.
Voix des territoires et données ouvertes
Pour nourrir ses avis, le Cese compte lancer, dès janvier, une plateforme participative collectant en temps réel les préoccupations des communautés rurales : accès à l’eau, marchés agricoles, coupe de bois, santé environnementale. Les données seront cartographiées publiquement.
«Notre fleuve nous dit chaque saison ce qui change; désormais nous pourrons le partager avec Brazzaville», se réjouit Paul-André, pêcheur à Mossaka, interrogé par téléphone. Ces retours d’expérience façonneront des recommandations plus proches du vécu quotidien des citoyens.
Procédure de saisine citoyenne du Cese
Tout habitant majeur peut adresser une requête écrite au secrétariat général, situé avenue Savorgnan-de-Brazza, ou remplir le formulaire numérique annoncé. La demande doit exposer clairement l’enjeu socio-économique ou environnemental et proposer, si possible, des pistes d’amélioration.
Les dossiers recevables sont examinés par le bureau élargi dans un délai moyen de trente jours. Le citoyen est informé par courrier ou SMS de la suite réservée. En cas d’avis favorable, une étude est ouverte avec l’appui d’experts externes.
Perspectives régionales
Le Cese entend aussi renforcer la coopération avec les institutions sœurs d’Afrique centrale via le Réseau des Cese d’Afrique francophone. Objectif : partager analyses sur la déforestation et harmoniser les positions lors des futures COP climat.
«Une diplomatie des solutions est nécessaire pour que les ambitions congolaises trouvent un écho international», affirme le professeur de géographie Lambert Ngouabi. Selon lui, l’expertise locale gagnera en crédibilité si elle s’appuie sur des indicateurs comparables à ceux utilisés par les partenaires.
