Une Journée nationale de l’arbre stratégique
Au pied des jeunes essences alignées sur le terre-plein de Kintélé, le ministre des Zones économiques spéciales et de la Diversification économique, Jean Marc Thystère-Tchicaya, a ouvert la 39e Journée nationale de l’arbre, le 6 novembre à Brazzaville.
Dans son allocution, il a insisté sur « l’urgence d’aimer la nature autrement », rappelant que planter un arbre revient à investir dans la santé publique, la fertilité des sols et l’attractivité de nouvelles chaînes de valeur vertes au cœur de la stratégie gouvernementale.
Le ministre a salué la décision visionnaire du Président Denis Sassou Nguesso qui, en 1984, a inscrit cette journée dans le calendrier national pour ancrer la protection de l’environnement dans les habitudes citoyennes et valoriser la position forestière centrale du Congo-Brazzaville.
Reforestation et diversification économique
« L’arbre est une pharmacie, un puits de carbone et une école en plein air », a-t-il résumé, rappelant qu’un seul sujet adulte filtre des milliers de mètres cubes d’air et crée un microclimat favorable aux cultures vivrières dont dépendent de nombreuses familles rurales.
Derrière l’image solennelle, l’objectif reste concret : enrayer la déforestation et diversifier l’économie en renforçant la filière pépinière, la transformation locale du bois et l’écotourisme, trois créneaux susceptibles de générer des emplois stables pour la jeunesse.
Les Zones économiques spéciales, que pilote Jean Marc Thystère-Tchicaya, entendent accueillir des usines écoresponsables capables de valoriser les sciures en briquettes, de fabriquer des meubles design ou des panneaux composites, réduisant ainsi le gaspillage de matière première tout en augmentant la valeur ajoutée intérieure.
Citoyens mobilisés pour la forêt
Devant les élèves en uniforme venus planter symboliquement un jeune limba, le ministre a tenu à remercier partenaires techniques, collectivités et ONG pour « leur constance », soulignant que la réussite dépend de la mobilisation continue, bien au-delà du seul rituel annuel du 6 novembre.
La cérémonie de Kintélé s’est clôturée par la mise en terre de trois mille plants, geste modeste à l’échelle du territoire mais perçu comme un signal, selon les représentants de la société civile, qui y voient « l’amorce d’une renaissance verte ».
Les défis restent néanmoins considérables ; l’exploitation artisanale non déclarée et les feux de brousse continuent d’amputer des surfaces forestières, tandis que la demande en bois énergie progresse avec la croissance démographique, rappellent plusieurs ingénieurs forestiers rencontrés sur le site.
Pour contrer ces pressions, le ministère compte renforcer la sensibilisation communautaire et appuyer la surveillance participative, misant sur les comités villageois qui signalent déjà, via téléphone portable, les foyers de feux ou les coupes illicites aux services déconcentrés.
Éducation et innovation locale
« La forêt est notre banque », explique Marie-Line, agricultrice de Ngamakosso venue récupérer des semences gratuites, convaincue que diversifier son verger l’aidera à amortir les chocs climatiques et à sécuriser ses revenus, tout en réduisant la pression sur le massif voisin.
Plusieurs enseignants profitent également des plants offerts pour implanter des bosquets pédagogiques autour des écoles, faisant du terrain un laboratoire vivant où les élèves suivent la croissance, calculent la biomasse et relaient ces données aux autorités locales, preuve qu’éducation et science ne sont pas antinomiques.
Avec l’appui d’instituts de recherche, la cartographie des espèces plantées aidera à choisir les essences les mieux adaptées aux sols hydromorphes ou sablo-argileux, facteur clé pour garantir la survie des jeunes pousses au-delà des premières saisons sèches.
Responsabilité des entreprises
Les entreprises présentes dans les ZES sont invitées à insérer une clause « plantation compensatoire » dans leurs contrats, dispositif salué par la Chambre de commerce locale qui y voit un acte de responsabilité sociale aligné sur les standards internationaux sans alourdir excessivement les charges.
Pour fluidifier les procédures, le guichet unique des investissements prépare un guide pratique recensant pépinières agrées, tarifs de transport, délais de délivrance d’autorisations et contacts utiles, document que les entrepreneurs pourront télécharger gratuitement d’ici la fin de l’année, assure un cadre du ministère.
Tourisme vert et revitalisation urbaine
Sur la rive droite du fleuve, des riverains imaginent déjà un circuit touristique baptisé « Sur les traces du majenga », combinant balade en pirogue et ateliers de bouturage, initiative soutenue moralement par la mairie qui y voit une opportunité de dynamiser l’économie locale tout en verdissant les berges.
Perspectives régionales et suivi
En clôturant la cérémonie, Jean Marc Thystère-Tchicaya a appelé chaque famille à planter au moins un arbre avant la fin du mois, insistant sur le fait que « les petites actions, répétées par des millions de mains, écrivent l’avenir d’un Congo résilient et prospère ».
Sur le plan diplomatique, Brazzaville réaffirme sa volonté de partager son expérience avec les pays voisins du Bassin du Congo, en vue de bâtir un corridor de reforestation transfrontalier qui consolidera la cohérence écologique et facilitera l’accès à certains financements climatiques internationaux.
Le ministère précise toutefois que la mesure du succès restera locale : taux de survie des plants, amélioration des revenus ruraux et réduction des feux incontrôlés feront l’objet d’un rapport annuel accessible au public, gage de transparence et de confiance pour les investisseurs.
