Le Centre d’excellence d’Oyo mise sur l’avenir
Deux cents places assises, des yeux brillants d’anticipation : la salle polyvalente de l’Université Denis-Sassou-Nguesso a vibré lorsque la délégation du Centre d’excellence d’Oyo, menée par la docteure Maryse Nkoua Ngavouka, a détaillé la deuxième édition des prestigieuses bourses 2025.
Devant les étudiants des universités Denis-Sassou-Nguesso et Marien-Ngouabi, les envoyés du centre ont expliqué que ce programme national finance des recherches de pointe sur les énergies propres, tout en servant de levier à la souveraineté énergétique et à l’emploi scientifique local.
Des critères exigeants mais ouverts
Le dispositif s’adresse aux Congolais inscrits en master 2 ou en post-master, toutes disciplines confondues, dès lors que leur sujet touche au renouvelable, à l’efficacité énergétique ou au stockage. Les candidats doivent présenter un projet innovant, une méthodologie solide et une motivation socio-territoriale claire.
Un jury mixte composé d’enseignants, d’industriels et de représentants communautaires évaluera la pertinence scientifique autant que l’impact local. Cette approche garantit, selon le centre, une excellence inclusive où les défis du quotidien des ménages pèsent autant que la rigueur académique.
Un accompagnement qui dépasse la bourse
À partir de janvier 2026, chaque lauréat recevra une allocation mensuelle couvrant vivres, fournitures et petites missions de terrain. S’ajoutent un logement moderne au campus d’Oyo, l’accès illimité aux laboratoires et un accompagnement rapproché de chercheurs confirmés.
Le Dr Maryse Nkoua Ngavouka insiste sur le mentorat : « Nous voulons que les jeunes sentent qu’ils font partie d’une communauté de pratique capable de transformer nos paysages énergétiques ». Les bénéficiaires pourront également profiter de stages auprès d’entreprises partenaires pour valider leurs prototypes.
Domaines phares du cycle 2025
L’efficacité passive des bâtiments tropicaux figure parmi les pistes phares, tout comme les micro-centrales hydrauliques adaptées aux rivières du Plateau des Cataractes. Les concepteurs encouragent aussi la hybridation solaire-photovoltaïque avec des réseaux diesel existants, afin de réduire les coûts sans compromettre la continuité du service.
La valorisation des déchets ménagers et agricoles en briquettes de cuisson propre retient l’attention de nombreux étudiants. L’équipe technique prévoit des modules de démonstration sur le biochar, le biogaz ou la récupération de chaleur, des domaines encore peu explorés mais très prometteurs pour l’économie circulaire congolaise.
Témoignages d’aspirants chercheurs
Mike Gamouaya, post-master spécialisé dans les bio-ressources, salue une initiative qui, dit-il, « ouvre des portes que l’on croyait réservées à l’étranger ». Il prépare un projet de transformation de résidus de manioc en bioplastiques adaptés au climat équatorial.
Pour Prisca Mabiala, étudiante en génie électrique à Marien-Ngouabi, la bourse représente une occasion de travailler sur le stockage domestique. « Nos villages subissent encore des coupures. Je veux concevoir un système lithium-ion recyclable, facile à réparer localement », explique-t-elle avec ferveur.
Modalités pratiques d’inscription
Les dossiers complets se soumettent exclusivement en ligne, via le portail du Centre d’excellence, entre le 15 février et le 30 avril 2025. Les candidats y téléversent projet, relevés, lettre de motivation et deux recommandations d’enseignants ou de professionnels.
Un accusé de réception automatique confirme la prise en compte. Les présélections seront publiées fin mai, avant des auditions virtuelles début juin. Le centre rappelle un numéro vert national gratuit afin d’accompagner les zones à faible connectivité et répondre aux questions logistiques.
Retombées attendues pour la transition nationale
Selon Royal Choupin Louembet, expert du centre, « chaque franc investi dans la recherche locale se mesure en emplois durables et en kilowattheures propres économisés ». Il estime que la cohorte 2023 a déjà permis trois brevets et la création d’une start-up à Pointe-Noire.
Le gouvernement mise sur ces résultats pour renforcer la place du Congo dans les marchés régionaux de l’électricité verte. Les lauréats participeront aux dialogues politiques sur la Stratégie nationale de transition énergétique, offrant ainsi un pont concret entre science, industrie et planification publique.
Conseils aux futurs candidats
Les encadreurs recommandent d’ancrer le projet dans un territoire précis, de chiffrer les impacts sociaux et de démontrer la faisabilité technique. Une attention particulière sera portée à l’engagement communautaire, critère devenu central pour toute initiative cherchant à bénéficier de financements internationaux.
Le centre propose déjà des ateliers d’écriture scientifique et de gestion de projets ouverts à tous, même sans inscription préalable. Les responsables y voient une manière de démocratiser les compétences, de sorte que la qualité des dossiers reflète réellement le potentiel des étudiants congolais.
À retenir
En misant sur la jeunesse et l’innovation locale, le Centre d’excellence d’Oyo poursuit une vision alignée sur les ambitions nationales : sécurité énergétique, croissance verte et valorisation des talents. La fenêtre de candidature est courte ; l’impact promis pourrait, lui, durer des décennies.
Perspectives régionales
Plusieurs pays voisins, du Gabon au Cameroun, observent l’expérience congolaise avec intérêt. Des discussions sont engagées pour accueillir des doctorants étrangers, ce qui positionnerait Oyo comme un hub académique régional dédié aux solutions climatiques.
Ce rayonnement facilitera l’obtention de financements additionnels auprès de bailleurs africains et multilatéraux. À terme, l’Afrique centrale pourrait mutualiser infrastructures et compétences pour accélérer la transition énergétique et réduire sa dépendance aux carburants fossiles importés.