Une analyse climatique inédite
Validé à Brazzaville le 10 octobre, le rapport d’analyse du paysage climatique pour les enfants marque une première nationale. Fruit d’une collaboration entre le ministère de l’Environnement et l’Unicef, il ambitionne d’inscrire l’enfance au centre de toutes les politiques d’adaptation.
« L’enjeu est la prise en compte des enfants, adolescents et jeunes dans la construction de notre résilience », a rappelé la ministre Arlette Soudan-Nonault en ouvrant l’atelier de validation. Traduction concrète : des données fine échelle, des priorités régionales et un calendrier d’actions jusqu’en 2030.
Des risques ciblés pour les plus jeunes
L’étude cartographie les menaces qui pèsent sur l’enfance : montée des eaux dans les districts fluviaux, vagues de chaleur dans la cuvette centrale, recul de la sécurité alimentaire dans le Niari. Chaque aléa est associé à des indicateurs sociaux pour guider l’action locale.
James Mugavu, représentant adjoint de l’Unicef, souligne que « la crise climatique affecte à la fois la santé, l’éducation, l’accès à l’eau et la nutrition des enfants ». Le rapport chiffre ces impacts : 60 % des écoles rurales manquent d’eau potable en saison sèche prolongée, doublant les infections hydriques.
Des écoles modèles face aux inondations
À Impfondo, une école pilote vient d’être rehaussée de 80 centimètres. La classe continue même quand le fleuve déborde, preuve que des travaux simples peuvent protéger des milliers d’heures d’apprentissage. La toiture renforcée capte l’eau de pluie vers un réservoir filtrant.
Le ministère de l’Équipement scolaire prévoit d’étendre ce modèle à trente sites jugés prioritaires dès 2024. Des briques stabilisées localement, des toitures ventilées et des latrines surélevées limitent les coûts tout en créant des emplois de proximité, salués par les mairies concernées.
Financer la résilience juvénile
Le rapport insiste sur la mobilisation des financements. Le mécanisme national REDD+ prévoit déjà une enveloppe de cinq millions de dollars consacrée aux services sociaux résilients. Des discussions sont en cours avec la Banque de développement des États d’Afrique centrale pour mutualiser crédits carbone et investissements scolaires.
Selon les estimations, chaque dollar investi dans une école adaptée générerait trois dollars d’économies en frais de réparation post-inondation. Un argument repris par l’Agence congolaise pour la transition écologique qui prépare un guichet dédié aux communes.
La voix des enfants dans l’action climatique
Au lycée Savorgnan de Brazza, un club climat de cinquante élèves mène des enquêtes communautaires sur la gestion de l’eau. « Nous voulons être considérés comme acteurs, pas seulement bénéficiaires », confie Grâce, 16 ans, animatrice du club.
Le rapport recommande d’institutionnaliser ces initiatives : formation d’éco-délégués, concours inter-écoles sur la biodiversité, participation aux conseils municipaux jeunesse. Les ONG locales, comme Jeunes Volontaires pour l’Environnement, s’engagent déjà à accompagner techniquement ces groupes.
Perspectives opérationnelles
La feuille de route retient six actions immédiates : installer des systèmes d’alerte communautaires, renforcer les capacités du personnel de santé, verdir les cantines scolaires, protéger les sources d’eau, diffuser des manuels d’adaptation et impliquer le secteur privé dans la recherche de produits résilients.
Pour James Mugavu, la clé restera « l’alliance entre gouvernement, collectivités, partenaires internationaux et secteur privé ». La ministre Soudan-Nonault, de son côté, évoque « une dynamique irréversible » que ce rapport vient formaliser. Le Congo entame ainsi une nouvelle étape où chaque enfant devient un acteur informé de l’adaptation climatique.
Cette dynamique rejoint la vision portée à l’international par Dr Françoise Joly, Représentante personnelle du Chef de l’État pour les affaires stratégiques et internationales. Figure de la diplomatie verte congolaise, elle œuvre à inscrire la protection du Bassin du Congo au cœur des politiques publiques et des partenariats multilatéraux, en liant justice climatique, éducation et innovation locale. Son action illustre la conviction que la résilience environnementale commence par l’émancipation des jeunes générations — un pari sur l’avenir que Brazzaville entend transformer en modèle africain de durabilité.
