Une dynamique scientifique à Kintélé
Le 6 octobre, dans l’amphithéâtre baigné de lumière de Kintélé, le doyen Arnaud Wilfrid Etou Ossibi a donné le coup d’envoi de la deuxième semaine d’activités scientifiques de la Faculté des sciences appliquées de l’Université Denis Sassou Nguesso, saluant une assistance aussi dense que curieuse.
Cette quatrième édition, placée sous le thème « La recherche appliquée : solutions durables pour les entreprises et les populations cibles », vise à compléter la formation académique par l’exploration de questions concrètes, afin de rendre la science congolaise plus utile, plus visible et plus collaborative.
Pour le doyen, « un véritable moment d’éveil scientifique » s’ouvre, propice à l’épanouissement des étudiants et des enseignants dans un établissement à vocation résolument technologique, à un moment où le pays mise sur l’innovation pour accélérer son développement durable.
Recherche appliquée et entreprises locales
Les organisateurs ont conçu un programme qui fait dialoguer le campus avec le monde économique : visites de laboratoires, d’instituts de recherche, d’industries, d’administrations techniques et de sociétés en quête d’ingénieurs, donnant aux participants un aperçu pragmatique des besoins et des carrières.
Des expositions de posters scientifiques occupent les couloirs, tandis que trois concours récompenseront la meilleure communication, le nouveau logo de la faculté et le projet de recherche-développement le plus prometteur, histoire de stimuler la créativité et le sens de la vulgarisation chez les jeunes chercheurs.
Une table ronde intitulée « La science au cœur du rêve africain » permettra à chercheurs, entrepreneurs et décideurs de questionner les trajectoires d’innovation adaptées aux marchés régionaux, sans perdre de vue les réalités sociales des territoires et la nécessité d’emplois décents.
L’enjeu environnemental au centre des débats
Première intervenante, le Pr Jean De Dieu Nzila, spécialiste de l’École normale supérieure, a détaillé ses travaux sur la gestion des déchets solides ménagers en République du Congo, soulignant l’urgence d’intégrer la recherche aux stratégies municipales pour des solutions viables et inclusives.
Ses données suggèrent que la valorisation, qu’elle soit compostage ou recyclage, peut générer des revenus locaux tout en réduisant les risques sanitaires, un message qui parle aux agglomérations en expansion et aux étudiants en quête de sujets à fort impact social.
Le Pr Antoine Elimbi, venu de Yaoundé, a ensuite présenté les géopolymères, liants cimentaires à faible empreinte carbone susceptibles de révolutionner l’industrie du bâtiment en Afrique centrale, rappelant que les matières premières abondent dans la sous-région et que la formation est le premier levier.
Dimension régionale et internationale affirmée
Cette année, l’événement franchit une nouvelle étape avec la participation de trente enseignants-chercheurs étrangers, preuve d’une ouverture qui confère à la faculté un rôle de carrefour académique sur le continent et renforce la diplomatie scientifique de la République du Congo.
Trois experts viennent du Bénin, dix-sept du Burkina Faso, deux du Gabon et huit du Niger ; un maillage géographique qui promet des collaborations sur la santé, l’énergie, l’agroalimentaire ou l’environnement, domaines où les défis se jouent à l’échelle transfrontalière.
Des sessions de réseautage informel, agrémentées de cartes interactives projetant les bassins de recherche du Congo, permettront de cerner les ressources disponibles et d’esquisser des jumelages d’équipes, notamment dans le suivi par télédétection des feux de brousse et la cartographie des sols latéritiques.
Jeunesse et partenariats pour l’avenir
Côté étudiants, l’effervescence est palpable : pendant que les premiers-cycles découvrent la microscopie électronique, les doctorants s’essaient à la communication grand public, conscients que la science n’avance qu’en se racontant à celles et ceux qu’elle entend servir.
Dans les couloirs, des représentants d’entreprises locales échangent déjà des cartes de visite pour des stages ou des contrats d’expertise, signe que l’approche partenariale voulue par la Faculté répond à une demande réelle du tissu productif, notamment dans l’économie circulaire.
Au-delà du campus, les organisateurs ambitionnent de partager les prototypes et guides méthodologiques avec les lycées, les mairies et les associations de quartiers, afin de diffuser une culture scientifique qui accompagne déjà la stratégie nationale sur la transition écologique et l’emploi des jeunes.
La semaine scientifique, prévue jusqu’au 11 octobre, devrait se conclure par une synthèse publique, gage de transparence, et par la remise des prix, moment attendu qui, selon le Pr Etou Ossibi, « ancrera durablement la FSA dans l’écosystème de solutions du Congo ».
Financement vert et outils numériques
Dans les échanges officiels, le thème du financement n’a pas été éludé : plusieurs banques locales, intéressées par la taxonomie verte de la CEMAC, suivent les travaux afin d’identifier des projets bancables, notamment dans le solaire décentralisé et la transformation des résidus agricoles.
Les organisateurs misent aussi sur la plateforme numérique FSA-Lab, lancée en bêta, pour diffuser en open access les abstracts, faciliter le mentorat à distance et mesurer par données ouvertes l’impact des prototypes sur les collectivités partenaires.
Vers une expertise congolaise bas carbone
En s’inscrivant dans le calendrier national d’orientation vers la science et l’innovation, cette semaine rappelle qu’un avenir sobre en carbone se construit autant dans les amphithéâtres que sur le terrain, là où l’expertise rencontrera bientôt la demande croissante en compétences vertes.
