Un défi citoyen au cœur de la ville océane
La rumeur courait déjà dans les ruelles sablonneuses : dès le 20 septembre, une émulation nouvelle traverse Pointe-Noire. La Fondation Congo Assistance, la direction générale de l’Assainissement et la mairie lancent le concours « Quartier propre », destiné à couronner l’arrondissement le plus exemplaire.
Pilotée sous le haut patronage du ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, l’initiative se déroulera jusqu’au 20 décembre. Trois mois pour convertir rues, cours et caniveaux en vitrines et rappeler que la salubrité relève d’abord du geste quotidien de chacun.
Au terme de la compétition, un jury multicatégoriel attribuera le trophée et des dotations, symbole d’un engagement collectif reconnu. Mais le message principal, soulignent les organisateurs, est moins la récompense que la création d’un réflexe durable face au défi persistant des déchets urbains.
Pourquoi un concours de propreté
Dans la ville océane, les bacs débordent souvent juste avant le passage des camions de collecte. Ce constat a motivé la FCA à privilégier une approche participative. « Nous voulons substituer la critique permanente par l’action communautaire », explique un coordinateur, rappelant que le cadre de vie appartient aux habitants.
Le concours s’appuie sur une idée simple : chaque sac non jeté dans la rue réduit les risques sanitaires et embellit la ville. En valorisant publiquement les efforts, il crée un sentiment d’appartenance et réhabilite le geste de balayage matinal à l’échelle d’un quartier entier.
Cette logique rejoint la stratégie nationale de sensibilisation à l’environnement, portée depuis plusieurs années par les autorités. Elle encourage la copropriété de la propreté urbaine et renforce la cohérence entre politiques centrales et initiatives locales, sans opposer institutions et citoyens.
Mobilisation des six arrondissements
Les six arrondissements, de Tié-Tié à Ngoyo, reçoivent un même cahier des charges : assurer la disponibilité de petits conteneurs, organiser des équipes de ramassage et sensibiliser porte à porte. Chaque comité de quartier désigne un référent chargé de relayer les informations et de documenter les progrès hebdomadaires.
Un système d’évaluation hebdomadaire est prévu. Les inspecteurs de la direction générale de l’Assainissement noteront l’absence de dépôts sauvages, l’état des caniveaux et la présence d’espaces verts entretenus. Les fiches seront publiées publiquement pour maintenir une saine émulation et permettre aux habitants d’ajuster rapidement leurs pratiques.
À mi-parcours, une caravane de sensibilisation traversera la ville avec des artistes locaux. Des séances de tri symbolique, doublées de mini spectacles, rappelleront que la propreté peut être festive. Ce moment festif fédérera les différents arrondissements autour d’une identité commune, celle d’une Pointe-Noire responsable.
Jeunesse et sens civique
Le concours cible particulièrement les jeunes, perçus comme les premiers ambassadeurs des comportements durables. Des clubs scolaires de salubrité recevront des kits de nettoyage. Les professeurs intègrent déjà la thématique dans leurs ateliers pour transformer l’activité extra-scolaire en apprentissage citoyen.
« Ramasser une bouteille, c’est protéger mon futur », lance Mireille, élève au lycée Victor-Augagneur, lors du lancement. Ce slogan, repris sur les réseaux sociaux, illustre l’objectif de viralité positive visé par les partenaires, persuadés que l’engagement individuel se renforce grâce à la reconnaissance collective.
Partenariat public et associatif renforcé
La FCA met à disposition une cellule logistique chargée de distribuer des gants, râteaux et affiches pédagogiques. La mairie garantit l’enlèvement régulier des ordures collectées par les équipes citoyennes. Cette complémentarité démontre la volonté commune d’optimiser les ressources sans alourdir les budgets municipaux.
Le ministère de l’Assainissement urbain suit de près l’initiative et fournira un retour d’expérience destiné à inspirer d’autres communes du pays. Des fiches méthodologiques seront transmises aux départements voisins, afin que l’élan de Pointe-Noire se muent en référence nationale de la gestion participative des déchets.
Des rues propres, un avenir durable
Même si un unique quartier remportera le trophée, les organisateurs insistent : le véritable objectif est de pérenniser les bonnes pratiques après le 20 décembre. Un calendrier d’entretien mensuel sera proposé et chaque comité conservera le matériel pour éviter l’essoufflement fréquent d’actions ponctuelles.
À plus long terme, l’expérience pourrait servir de jalon pour promouvoir le tri à la source ou la valorisation des bio-déchets. Les partenaires envisagent d’associer des acteurs économiques capables de transformer cette ressource en opportunité d’emplois verts et de revenus pour les quartiers.
Le chemin vers une ville totalement propre reste exigeant, mais la dynamique enclenchée confirme que l’implication citoyenne complète efficacement les efforts institutionnels. Si la ferveur observée lors du lancement se maintient, Pointe-Noire pourra bientôt afficher ses artères assainies comme une carte de visite durable.
Déjà, plusieurs leaders communautaires évoquent l’idée d’échanges inter-quartiers pour partager astuces et outils numériques de suivi. Une plateforme simple, accessible via les téléphones basiques, permettrait de signaler instantanément un dépôt sauvage et de mesurer le temps de réaction des équipes chargées du ramassage.
Les organisateurs invitent enfin chaque famille à consacrer dix minutes hebdomadaires au nettoyage de son périmètre immédiat, convaincus que ces gestes additionnés équivalent à de grands travaux d’infrastructure.
