Un mémorandum pour des villes durables
Le 15 septembre à Brazzaville, le Conseil économique, social et environnemental, présidé par Emilienne Raoul, et l’Institut international pour la transition durable en Afrique, mené par Arib Fatima, ont signé un mémorandum d’entente axé sur l’urbanisation de Brazzaville et Pointe-Noire.
Cet accord Sud-Sud incarne une volonté partagée d’arrimer la croissance démographique des deux métropoles à une planification guidée par le climat, la cohésion sociale et l’économie verte, tout en plaçant les habitants au centre des décisions publiques.
Pour les parties, l’heure n’est plus aux diagnostics isolés mais à la mise en réseau de compétences capables de transformer recherches académiques, budgets publics et initiatives privées en solutions vérifiables sur le terrain brazzavillois et ponténégrin.
Le mémorandum s’étendra sur la gouvernance durable, la recherche appliquée, l’évaluation des politiques publiques et le renforcement de capacités, quatre leviers considérés incontournables pour construire des quartiers résilients et inclusifs.
Axes prioritaires de la coopération CESE-IITDA
Première priorité, la co-organisation de formations et d’ateliers mobilisant agents publics, société civile et entreprises doit permettre d’aligner vocabulaire, outils et indicateurs autour d’objectifs communs, depuis la qualité de l’air jusqu’à la gestion participative de l’espace urbain.
Deuxième axe, la conduite de recherches conjointes portera sur le changement climatique, la gouvernance locale, l’économie verte et la cohésion sociale, thèmes déjà identifiés comme essentiels par les deux institutions.
Troisième pilier, les équipes mettront au point des mécanismes d’appui technique afin d’évaluer l’impact réel des politiques urbaines, de mesurer les progrès et de corriger rapidement les écarts constatés.
Enfin, la co-production de supports de sensibilisation, d’analyse et de documentation vise à nourrir le débat public national et régional à partir de données ouvertes et de retours d’expérience consolidés.
Formations et recherches au service des acteurs locaux
Selon la présidente de l’IITDA, « nous voulons nous attaquer concrètement aux grands défis du continent en reliant recherche, action et coopération entre États, sociétés civiles et secteurs privés ».
Cette déclaration place la formation au cœur du dispositif : chaque atelier devra aboutir à un livrable, qu’il s’agisse d’un guide pratique pour les administrations ou d’un protocole d’investissement responsable destiné aux opérateurs privés.
Les travaux de recherche se feront en miroir : les experts du CESE apporteront leur connaissance fine du terrain congolais, tandis que l’IITDA mobilisera son réseau d’universitaires pour tester, comparer et adapter les méthodologies.
Appui technique et production de savoirs
Une cellule d’ingénierie partagée verra le jour pour accompagner les municipalités dans l’évaluation des politiques publiques, depuis la collecte de données jusqu’à la rédaction de rapports compréhensibles par les conseils locaux et les citoyens.
L’appui comprendra également des simulations d’impact sur la base de scénarios climatiques, démarche vue comme un moyen de réduire les dépenses correctives en adaptant les projets avant même leur lancement.
Les supports de communication, qu’ils prennent la forme de web-documents ou de carnets pédagogiques, devront être diffusés gratuitement pour toucher le plus grand nombre et encourager une participation active des communautés.
Des dirigeantes déterminées à l’impact
Pour Emilienne Raoul, « le développement doit se construire avec les territoires, les institutions et les citoyens en se positionnant sur leurs aspirations et leur potentiel ».
Sa reconduction récente à la tête du CESE, aux côtés de Jean de Dieu Goma, Hyacinthe Defoundoux et Arsène Mokoma, conforte la stabilité nécessaire au suivi rigoureux des engagements pris.
De son côté, Arib Fatima insiste sur l’importance d’impliquer dès à présent les jeunes professionnels congolais afin de forger une relève technique nationale capable de porter le flambeau une fois le projet pilote achevé.
Feuille de route et prochaines étapes
Les parties signeront dans les prochains mois un plan opérationnel précisant calendrier, ressources et indicateurs, préalable au lancement effectif des premiers ateliers à Brazzaville puis à Pointe-Noire.
À moyen terme, l’objectif commun est de générer un modèle reproductible, librement consultable par d’autres villes congolaises et africaines, démontrant que le développement urbain peut conjuguer inclusion, performance économique et respect de l’environnement.
En misant sur la coopération et la production de données transparentes, le CESE et l’IITDA espèrent installer durablement la confiance entre décideurs, bailleurs, habitants et chercheurs, gage d’un changement mesurable au bénéfice des deux capitales économiques du Congo.
La démarche intègrera également un suivi externe : un comité d’experts indépendants, comprenant urbanistes, climatologues et représentants d’associations, sera invité à donner un avis annuel publié en ligne afin de renforcer la redevabilité.
Les municipalités bénéficiaires s’engagent de leur côté à dimensionner leurs budgets pour que les meilleures pratiques identifiées puissent passer du statut d’expérimentation à celui de politique courante, condition indispensable à la pérennité des résultats.
Si les attentes sont élevées, les signataires rappellent que la réussite passera par une gouvernance collaborative permanente, apte à ajuster les objectifs sans perdre de vue la finalité : améliorer la qualité de vie urbaine tout en préservant les écosystèmes.
À Brazzaville comme à Pointe-Noire, beaucoup voient déjà dans cette alliance une occasion unique de réconcilier modernité et héritage fluvial.
