Un budget réaligné face aux urgences climat
Réunis à Brazzaville, les membres du comité de pilotage de ProClimat ont adopté un Plan de travail et de budget annuel révisé à 8,18 milliards CFA. Cette décision, prise le 12 septembre, ramène l’enveloppe 2025 à un niveau jugé plus pertinent pour les réalités de terrain.
Le réajustement représente une baisse d’environ 29 % par rapport au montant initial de 11 milliards CFA. Selon le président du comité, Sylvain Lekaka, « nous avons voulu coller aux priorités observées sur le terrain plutôt que de disperser les moyens ».
Aucun déficit de financement n’explique la coupe. Financé à hauteur de 132 millions USD par la Banque mondiale via la BIRD, PROGREEN et l’IDA, ProClimat dispose toujours de ressources solides. La révision répond plutôt à un calendrier d’activités réorganisé après l’évaluation de mi-parcours 2025.
Priorités terrain et inclusion économique
L’approche retenue met l’accent sur la résilience des communautés rurales exposées aux sécheresses plus fréquentes et à l’érosion des sols. L’objectif reste de créer des activités économiques inclusives qui génèrent des revenus tout en protégeant les paysages forestiers du bassin du Congo.
À Kinkala, Clarisse Boungou, maraîchère appuyée par ProClimat, salue le nouveau cap : « Nous espérions un accompagnement plus ciblé pour l’irrigation solaire. La baisse globale du budget n’est pas un frein si les fonds arrivent plus vite dans nos villages ».
Les jeunes entrepreneurs agricoles bénéficieront d’un renforcement de capacités pour la préparation des plans d’affaires. Le coordonnateur du projet, Mexans Sosthène Mayoukou, explique que « l’accompagnement des porteurs de projets reste intact, mais nous nous assurons désormais que chaque franc investi produise un impact mesurable ».
Des études environnementales au cœur du nouveau plan
Le Ptba intègre désormais des études environnementales et sociales pour deux chantiers clés : le projet régional d’économie financière et un nouveau programme de co-culture. ProClimat pilote ces évaluations pour garantir que les futures activités respectent les normes de sauvegarde internationale.
Ces études détermineront, entre autres, l’empreinte carbone des petites infrastructures rurales, la préservation des couloirs de biodiversité et la participation des communautés. Les premiers résultats sont attendus dès le second trimestre 2025, avant le lancement des travaux physiques.
Pour Sandra Mabiala, spécialiste indépendante en évaluations sociales, « tenir le crayon des études, c’est aussi donner la parole aux riverains. Les impacts potentiels seront identifiés plus tôt, ce qui réduira les coûts de correction en phase d’exécution ».
Optimiser les coûts sans ralentir l’action
Le comité a revu à la baisse divers postes, notamment la confection des Points d’Investissement de Projets et le recrutement de prestataires externes. L’idée est de limiter les dépenses de fonctionnement et de privilégier les ressources locales lorsque les compétences sont disponibles dans les départements.
Dans le Niari, l’ingénieur forestier Junior Ngoma voit d’un bon œil ce recentrage : « Nos bureaux d’études provinciaux peuvent élaborer des PIP à moindre coût et plus vite, tout en gardant la maîtrise technique ». Cette orientation nourrit également la stratégie gouvernementale de valorisation des expertises nationales.
L’ajustement englobe la rationalisation du suivi-évaluation. Un tableau de bord numérique unique regroupera indicateurs financiers, environnementaux et sociétaux. Avec cet outil, les partenaires pourront suivre en temps réel les taux de réalisation, réduisant ainsi les doublons et accélérant la prise de décision.
Perspectives pour les communautés rurales
Malgré la réduction du budget, le nombre total d’activités programmées reste inchangé. Le gouvernement souhaite démontrer qu’une gestion rigoureuse permet de faire plus avec moins, tout en maintenant la confiance des bailleurs internationaux.
D’ici fin 2025, plus de 20 000 producteurs devraient accéder à des formations sur l’agroforesterie climato-intelligente. Les premières plantations pilotes de cacao‐bananier, combinées à des essences locales, couvriront 1 500 hectares et serviront de vitrines à l’échelle nationale.
À Madingou, la cheffe de groupement Marie-Thérèse Nkouka se projette : « Si nous réussissons à mieux préparer nos sols et à vendre un produit étiqueté bas-carbone, nos revenus pourront financer la scolarité de nos enfants sans déboiser davantage ».
Le comité prévoit aussi d’étendre l’accès aux systèmes de cuisson propre. Cent villages testeront des foyers améliorés, réduisant la pression sur les forêts et les émissions de particules fines responsables de maladies respiratoires.
Enfin, la prochaine session du comité, annoncée pour mars 2025, devrait valider un premier rapport d’impact. Les indicateurs porteront sur la réduction des superficies brûlées, l’augmentation des revenus des ménages et la création d’emplois verts, confirmant l’ambition d’un Congo-Brazzaville moteur du développement durable régional.
