Assainissement urbain : une vision 2050+
Dans les studios de la chaîne CDirect, le ministre de l’Assainissement urbain et du Développement local, Juste Désiré Mondelé, a dévoilé un plan d’aménagement des quartiers précaires à l’horizon 2050 et au-delà pour Brazzaville et Pointe-Noire.
Le dispositif, conçu sur le modèle DurQuap, entend rationaliser le drainage des eaux pluviales, consolider les talus sujets à l’érosion et créer des voies carrossables afin de désenclaver les zones urbanisées sans permis initial.
Selon le ministère, près de 42 % des ménages de ces agglomérations vivent encore dans des lotissements informels exposés aux inondations saisonnières, une statistique tirée de la dernière enquête de l’Institut national de la statistique.
L’approche s’inscrit dans la trajectoire fixée par l’Objectif de développement durable 6, consacré à l’eau et à l’assainissement, ainsi que dans la Stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques adoptée en 2021.
Le défi de l’eau et de l’énergie connectées
Sur le terrain, l’approvisionnement en eau dépend intimement de la fiabilité du réseau électrique reliant les deux métropoles.
Juste Désiré Mondelé confirme la réhabilitation en cours de la ligne haute tension Brazzaville-Pointe-Noire, chantier assorti d’un poste de conversion pour sécuriser la pression dans les stations de pompage urbaines.
« L’eau manque et va manquer davantage dans le monde, mais notre pays dispose d’un système hydrographique dense, nous n’avons pas à cultiver l’angoisse », affirme-t-il, rappelant que le fleuve Congo représente un volume annuel d’environ 1 200 milliards de mètres cubes.
Vers une économie circulaire des déchets
Au-delà de l’eau, la modernisation des collectes de déchets constitue l’autre pilier du programme.
Le ministère finalise des discussions avec plusieurs sociétés françaises pour adosser les futures décharges contrôlées à des unités de tri permettant la valorisation du plastique et des biodéchets en combustible alternatif.
Objectif affiché : passer de 12 % de recyclage aujourd’hui à 45 % d’ici 2035, cible jugée réaliste par l’Agence congolaise de l’environnement, qui estime à 3 500 tonnes la production journalière de déchets ménagers dans les deux villes.
Financement et calendrier des travaux
Le portefeuille global du programme est évalué à 1,2 milliard de dollars, dont 55 % en prêts concessionnels mobilisés auprès de la Banque africaine de développement et 20 % en fonds verts dédiés au climat.
La contrepartie nationale, inscrite dans la loi de finances, mise sur une taxe d’assainissement de 50 francs FCA par mètre cube d’eau potable facturé, applicable graduellement à partir de 2025.
Les travaux prioritaires débuteront sur les bassins versants de Tsiémé et Madoukou, identifiés par les images Sentinel-1 comme zones de ruissellement critique responsables de 60 % des pertes en chaussée chaque saison des pluies.
Un comité de suivi réunissant représentants des quartiers, ingénieurs et ONG publiera trimestriellement ses avancées sur un tableau de bord interactif développé par l’université Marien-Ngouabi.
Selon la feuille de route, la phase pilote doit s’achever en 2027, permettant déjà d’impacter 300 000 habitants et de réduire de 40 % les évacuations d’urgence liées aux coulées boueuses.
Pour garantir la durabilité financière, un bail digestat sera instauré : les ménages trieraient les biodéchets qui seraient méthanisés, l’énergie produite alimentant les lampadaires solaires des marchés, générant une économie annuelle estimée à 600 millions de francs CFA.
Une application mobile pilote guidera les riverains vers les points de collecte et signalera les débordements.
Mobiliser les quartiers pour la santé publique
Dans les faubourgs de Makélékélé, l’association Jeunesse Propreté mène tous les derniers samedis du mois une opération balai attirant près de 300 bénévoles.
« Les fossés débordaient dès la première pluie. Depuis que nous désherbons et curons, les moustiques ont reculé », témoigne Gisèle Konda, infirmière du centre de santé voisin.
Le ministère mise sur ces initiatives citoyennes pour faire de la salubrité un réflexe collectif, en distribuant gratuitement des gants et sacs biodégradables obtenus grâce au programme de Responsabilité sociétale des entreprises pétrolières.
À Talangaï, un projet pilote d’assainissement collectif a divisé par deux les cas de diarrhée infantile signalés au dispensaire Mon Droit en six mois, selon le Dr Moubiala.
Ces résultats confortent la stratégie gouvernementale faisant de l’assainissement une « prophylaxie contre les maladies » et un vecteur d’éducation civique, comme l’a rappelé le ministre sur le plateau de la chaîne.
Une diplomatie verte en soutien à l’Unesco
En marge des rencontres techniques à Paris, Juste Désiré Mondelé a plaidé pour la candidature de Firmin Édouard Matoko à la direction générale de l’Unesco, estimant que son expérience garantirait une continuité constructive au sein de l’institution.
Le ministre voit dans cette démarche une extension naturelle de la diplomatie environnementale congolaise, reconnue pour son rôle dans la préservation du massif forestier du bassin du Congo.
Il appelle la diaspora à relayer le message, rappelant que « l’unité nationale passe aussi par la défense de nos talents à l’étranger ».
Au terme de son entretien, il a formulé un vœu de paix universelle, soulignant que l’urbanisme durable ne peut prospérer que dans un climat apaisé, où les communautés se sentent coresponsables de leur environnement.