Une démonstration militaire aux accents écologiques
Le 15 août 2025, la corniche de Brazzaville a tremblé sous le rythme cadencé des troupes célébrant le 65e anniversaire de l’indépendance. Parmi les formations, le carré motorisé de la Direction générale des finances et de l’équipement a attiré l’attention des observateurs internationaux.
Cette unité, traditionnellement perçue comme un rouage logistique, a profité du défilé pour exposer une nouvelle doctrine : associer efficacité opérationnelle et responsabilité environnementale, conformément aux orientations du président Denis Sassou Nguesso et du ministre Raymond Zéphirin Mboulou.
Des véhicules hybrides, dotés de filtres à particules trop rares encore sur le marché local, ont ouvert la marche, traduisant l’effort réalisé pour réduire les émissions lors des opérations intérieures de sécurité, mais aussi lors des convois humanitaires dans les régions forestières.
Le colonel-major Michel Innocent Peya, chef de la DGFE, a rappelé en marge du défilé que « sécurité et développement durable ne s’opposent plus ; ils se renforcent ». Cette déclaration, largement relayée, cadre avec la vision gouvernementale d’un Congo protecteur de ses écosystèmes.
Logistique verte pour des forces résilientes
Derrière l’apparat, les fiches techniques révèlent des choix ciblés : carburants à faible teneur en soufre, lubrifiants biodégradables, pneus rechapés localement. Autant d’éléments qui limitent l’empreinte carbone de la flotte tout en alimentant une filière industrielle nationale encore émergente.
Selon un rapport interne consulté par notre rédaction, la DGFE ambitionne de verdir 60 % de son parc d’ici 2030, objectif jugé « réaliste » par l’expert Alexandre Mavoungou, pourvu que les chaînes d’approvisionnement en batteries et pièces détachées se consolident dans la sous-région.
L’accent mis sur la maintenance prédictive, grâce à des capteurs connectés, réduit les immobilisations et les consommations superflues. Cette approche, inspirée des standards de l’Organisation internationale de normalisation, pourrait servir de référence à d’autres administrations désireuses de conjuguer performance budgétaire et sobriété énergétique.
Enfin, la DGFE explore le biocarburant à base d’huile de palme certifiée durable produite dans la Cuvette-Ouest. Si les volumes demeurent limités, le projet pilote accompagne la stratégie nationale visant à diversifier la matrice énergétique et à profiter des marchés carbone volontaires.
Santé du soldat et écosystèmes urbains
Le bien-être des agents reste central. L’unité de soutien médical rénovée se veut exemplaire en matière de gestion des déchets biomédicaux : incinérateurs à haute température, filières de recyclage des plastiques et traçabilité numérique minimisent les risques pour les quartiers environnants.
La direction a également introduit des potagers hydroponiques au sein de deux casernes. L’objectif est double : fournir des légumes frais et réduire la dépendance aux camions frigorifiques, souvent polluants. Les premières récoltes, prévues fin 2025, seront évaluées par l’Institut national de recherche agronomique.
Conscients de l’importance du facteur psychologique, les responsables sanitaires ont signé un partenariat avec le Centre climat et santé de l’Université Marien Ngouabi. Les données collectées permettront d’analyser l’impact des épisodes de chaleur extrême sur le rythme des patrouilles et d’ajuster les horaires.
L’accompagnement des familles endeuillées intègre désormais une dimension environnementale. Les cercueils sont fabriqués en bois certifié FSC, et les corbillards reçoivent des moteurs Euro 6. Selon le sociologue Gilbert Ebina, cette évolution répond à une demande croissante de funérailles « respectueuses de la nature ».
Gestion des déchets et civisme écologique
Avant le défilé, la DGFE a procédé au nettoyage minutieux du boulevard Alfred Raoul et des artères voisines, installant des corbeilles métalliques pour séparer plastiques, papiers et organiques. Les passants, souvent photographiés jetant leurs bouteilles au bon endroit, ont illustré l’effet d’entraînement sur la population.
Un lot d’engins de collecte a été remis à la mairie centrale. Pour le directeur de cabinet du maire, cette donation « réduit la facture du ramassage de 12 % ». Elle renforce également la coopération entre collectivités et institutions de sécurité, coopération encouragée par le Plan national d’action environnementale.
Outre les camions, la DGFE a mis en service un logiciel de géolocalisation des bennes, accessible aux services municipaux. L’outil optimise les trajets, diminue la consommation de diesel et génère des rapports statistiques susceptibles de guider la prochaine réforme sur la fiscalité verte urbaine.
Ces initiatives rejoignent la campagne « Ville propre, fleuve sain » lancée par le ministère de l’Environnement. Les premiers filtres flottants, installés près du port fluvial, ont capté sept tonnes de déchets en trois mois, selon les chiffres communiqués à notre rédaction.
Enjeux diplomatiques et perspectives régionales
Face aux diplomates présents, le gouvernement a souligné que la convergence sécurité-environnement participe de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Plusieurs attachés de défense ont exprimé leur intérêt pour un partage d’expériences, notamment sur la collecte sélective et le suivi numérique de la flotte.
À moyen terme, Brazzaville envisage un centre régional de formation aux métiers de la logistique verte, ouvert aux armées et polices voisines. Soutenu par la Banque de développement des États d’Afrique centrale, le projet pourrait consolider la diplomatie environnementale régionale tout en créant des emplois qualifiés.
Au-delà des chiffres, cette orientation témoigne d’une conception holistique de la sécurité, où la protection des citoyens inclut celle des ressources communes.