Relief et biodiversité: un patrimoine stratégique
La singularité géographique de la République du Congo, à cheval sur l’Équateur, compose une mosaïque de contrastes qui oriente la dynamique écologique nationale. Des plaines littorales, larges de soixante-quatre kilomètres, jusqu’aux crêtes du Mayombé culminant au mont Bérongou, le gradient altitudinal crée des niches écologiques diversifiées, autant de réservoirs de biodiversité où s’entrelacent savanes herbacées, mangroves et forêts sempervirentes.
Cette topographie, héritée de l’orogenèse précambrienne, confère au territoire une valeur stratégique pour la régulation climatique régionale. Les travaux du Centre de recherche forestière internationale estiment que plus de soixante-cinq pour cent du sol congolais est encore drapé de forêts denses, garantissant un stockage annuel de plusieurs centaines de millions de tonnes de carbone. À Brazzaville, la Direction générale de l’Environnement rappelle que « la conservation de ce capital naturel constitue la première barrière contre la variabilité climatique ».
Le rôle prépondérant des forêts congolaises dans le climat global
Au cœur du deuxième massif forestier tropical de la planète, les forêts congolaises séquestrent davantage de carbone par hectare que l’Amazonie selon une étude publiée dans Nature Climate Change en 2022. L’évapotranspiration de ces peuplements, alimentée par un régime pluviométrique excédant deux mille millimètres sur la frange nord, engendre des rivières aériennes qui influencent la pluviométrie jusqu’au Sahel.
Conscient de cette fonction planétaire, le gouvernement a institué le Fonds bleu pour le bassin du Congo, mécanisme multilatéral salué par l’Union africaine. En octobre dernier, la ministre Arlette Soudan-Nonault soulignait à la tribune des Nations unies que « préserver nos forêts revient à protéger l’équilibre hydrique de tout le continent ». La reconnaissance internationale s’est traduite par des financements additionnels du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo, dédiés à la télédétection des coupes illégales et à la valorisation des chaînes de valeur non ligneuses.
Sol, savane et agriculture durable: un équilibre fragile
Au-delà du couvert forestier, près d’un tiers du pays repose sur des sols latéritiques riches en oxydes de fer et d’aluminium. L’intensité des précipitations favorise la lixiviation et restreint durablement la formation d’humus. Dans les savanes du Niari, l’érosion éolienne s’ajoute à l’érosion hydrique, compromettant le rendement des cultures vivrières.
Pour juguler cette vulnérabilité pédologique, le Programme national d’agriculture de conservation encourage depuis 2020 l’association du manioc avec des légumineuses fixatrices d’azote. Les premiers bilans dressés par l’Institut national de recherche agronomique font état d’une hausse de vingt pour cent de la fertilité mesurée en carbone organique. L’introduction de haies vives d’espèces endémiques, telle Albizia ferruginea, freine en outre la dissémination des feux de brousse, principaux émetteurs de carbone dans le sud du pays.
Réseau hydrographique et résilience aux extrêmes
Dominée par le puissant fleuve Congo et ses affluents, la circulation hydrologique reste l’épine dorsale de la résilience congo-brazzavilloise. Les plaines inondables de la Likouala, vastes de cent cinquante-cinq mille kilomètres carrés, agissent comme éponges naturelles, modulant les crues saisonnières et stockant le méthane libéré par la décomposition organique.
Cependant, la fluctuation des régimes pluviométriques observée depuis deux décennies accroît l’occurrence des débordements urbains autour de Malebo Pool. Les autorités municipales de Brazzaville misent sur des infrastructures vertes, telles les bandes riveraines reboisées, pour filtrer les sédiments. Ce dispositif, soutenu par la Banque africaine de développement, illustre l’intégration progressive de solutions fondées sur la nature dans l’aménagement hydraulique national.
Gouvernance verte et partenariats climatiques
Sur le plan institutionnel, le Plan national Climat 2023-2030 fixe un objectif de réduction de trente-deux pour cent des émissions par rapport au scénario de référence, principalement via la lutte contre la déforestation et l’essor de l’énergie photovoltaïque dans les zones enclavées. La récente mise en service de la centrale solaire de Boundji, réalisée avec l’appui de l’Initiative désert à puissance verte, illustre la cohérence d’une trajectoire sobre en carbone.
Au-delà des frontières, la diplomatie climatique congolaise s’articule autour de coopérations Sud-Sud, notamment avec le Gabon et le Rwanda, pour un suivi satellitaire partagé des corridors fauniques. L’adhésion à la Coalition pour la haute ambition en matière de nature et de peuples témoigne d’une volonté de conjuguer protection des écosystèmes et développement socio-économique. À l’heure où le monde cherche des leviers d’action contre le dérèglement planétaire, le Congo-Brazzaville, fort de son patrimoine écologique et de sa gouvernance proactive, s’affirme comme un pivot incontournable au cœur de l’Afrique centrale.