Un maillon logistique stratégique pour la sécurité énergétique
Au lendemain de l’inauguration des magasins de Brazzaville, la ville océane de Pointe-Noire accueille désormais, sur le site de Mongo Kamba II, deux hangars métalliques totalisant plus de mille mètres carrés. Cette infrastructure a été conçue pour centraliser les pièces de rechange indispensables au réseau de transport Énergie électrique du Congo (E2C), mis en service en 1982 et soumis depuis à d’intenses contraintes climatiques et industrielles. Le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, Émile Ouosso, venu inspecter les lieux, a souligné que « la disponibilité immédiate des organes critiques conditionne la continuité de service pour les ménages comme pour les opérateurs économiques ».
Une réponse concertée à la vétusté des équipements
La faiblesse récurrente des stocks et la dispersion des pièces avaient, par le passé, rallongé les délais de réparation et fragilisé la desserte électrique du corridor Pointe-Noire–Brazzaville. Conformément aux orientations du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, le ministère a articulé une stratégie de remise à niveau combinant expertise locale et concours de bailleurs. Le groupe énergétique Eni assure, sur ses fonds propres, la remise en état de la ligne haute tension, tandis que la Banque mondiale consacre une enveloppe spécifique à l’acquisition de transformateurs, disjoncteurs et capteurs intelligents destinés à ces entrepôts. L’Agence française de développement a, pour sa part, financé la construction et l’aménagement de la plateforme logistique.
La transition numérique au service de la maintenance préventive
Au-delà du simple stockage, l’innovation réside dans la digitalisation de la chaîne d’approvisionnement. Jean-Bruno Danga Adou, directeur général d’E2C, précise que « chaque pièce est dotée d’un identifiant QR code permettant une traçabilité de son entrée jusqu’à sa pose sur le terrain ». Un système d’information géographique viendra épauler les équipes terrain pour anticiper les zones à risque, réduisant ainsi l’empreinte carbone liée aux interventions d’urgence. Selon Albert Bakala, conseiller au transport de l’énergie, cette approche « transforme la maintenance corrective, historiquement dominante, en maintenance prédictive, génératrice d’économies et de fiabilité ».
Partenariats internationaux et financement durable
Le montage financier illustre une dynamique de coopération Sud-Nord fondée sur la complémentarité. Les dons et prêts concessionnels de l’AFD s’adossent aux instruments de garantie de la Banque mondiale pour abaisser le coût du capital. Dans un contexte où l’Afrique centrale cherche à concilier croissance et durabilité, cette synergie public-privé permet de réduire la vulnérabilité du réseau tout en préparant l’intégration future des sources renouvelables, en particulier l’hydroélectricité et le solaire que le Congo souhaite valoriser dans son mix énergétique d’ici 2035.
Vers une citoyenneté énergétique responsable
La maire de Pointe-Noire, Évelyne Tchichelle, a profité de la visite ministérielle pour rappeler que « tout acte d’incivisme sur les infrastructures constitue un frein au développement collectif ». En mobilisant les comités de quartier et les organisations de jeunesse, la municipalité entend renforcer la surveillance communautaire et promouvoir une culture de la maintenance partagée. Cette approche participative complète l’investissement technique et contribue à sécuriser l’approvisionnement électrique, élément indispensable à l’attractivité du hub portuaire et industriel de la capitale économique.