Une mobilisation conjointe pour la santé environnementale
Brazzaville s’est éveillée, le 2 août dernier, au bourdonnement des balais et des pelles sur les parvis du rectorat, de l’École normale supérieure ainsi que des amphithéâtres de droit et de sciences économiques de l’Université Marien Ngouabi. Sous le regard attentif de la Direction générale de l’assainissement, cette opération a été conduite en application de la circulaire gouvernementale qui consacre chaque premier samedi du mois à la campagne « Villes, villages et habitations propres ». Loin d’être un simple exercice de nettoyage, l’initiative s’inscrit dans une stratégie nationale plus large visant à prévenir les pathologies liées au manque d’hygiène et à améliorer, sur le long terme, le cadre de vie des citadins congolais.
Un partenariat académique et institutionnel exemplaire
La présidence de l’Université, représentée par le professeur Parisse Akouango, a tenu à rappeler le rôle pédagogique de cette opération : « Chaque Congolais doit s’approprier la propreté de son environnement afin de garantir un milieu sain propice à l’apprentissage et à la recherche », a-t-il souligné. L’engagement de l’institution, appuyé par le ministère en charge de l’assainissement, traduit une volonté de faire du campus un laboratoire grandeur nature de bonnes pratiques environnementales. Le directeur général de l’assainissement, Yvon Kaba, a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’un « sursaut citoyen » qui transcende les frontières administratives pour toucher l’ensemble des usagers de l’espace universitaire.
La diplomatie verte comme vecteur de solidarité
Fait notable, l’ambassade de la République bolivarienne du Venezuela s’est associée à l’opération, illustrant le rôle croissant de la diplomatie verte dans les relations internationales. Pour l’ambassadrice Laura Evangelia Suarez, « préserver la planète commence par le respect du cadre de vie immédiat ». Cette présence diplomatique active souligne la convergence des agendas nationaux et internationaux autour des Objectifs de développement durable, notamment l’ODD 6 consacré à l’eau salubre et à l’assainissement. En conjuguant efforts institutionnels locaux et soutien étranger, Brazzaville consolide son image de ville ouverte aux initiatives environnementales partenariales.
Un ancrage politique en faveur d’une écocitoyenneté
Depuis la mise en place de la journée mensuelle de salubrité, les autorités réaffirment l’importance d’une gouvernance partagée en matière d’hygiène urbaine. Le message est clair : l’État établit le cadre normatif, mais c’est la société dans son ensemble qui doit en assurer le succès. Cette approche participative rejoint les prescriptions de plusieurs études de sociologie environnementale, pour qui la durabilité repose sur l’adhésion volontaire des citoyens. En favorisant la responsabilisation collective, la campagne contribue par ailleurs à réduire la pression financière sur les services municipaux d’assainissement, ouvrant la voie à une allocation plus efficiente des ressources publiques.
Vers la pérennisation des bonnes pratiques
Au-delà de la dimension événementielle, la question centrale demeure celle de la durabilité de ces activités d’entretien. La présidence de l’Université a déjà annoncé la création d’un comité interne de suivi, composé d’enseignants-chercheurs, de personnels administratifs et de représentants d’étudiants. Son mandat : établir un calendrier régulier d’opérations, sensibiliser par des modules pédagogiques et mesurer l’impact des actions sur la qualité de vie au campus. Par ailleurs, la Direction générale de l’assainissement explore la possibilité d’introduire des indicateurs de performance environnementale dans les évaluations institutionnelles, renforçant la dimension incitative du dispositif.
Un modèle transposable aux autres centres urbains
L’expérience de l’Université Marien Ngouabi offre un terreau d’enseignements pour les municipalités du pays confrontées aux défis récurrents de gestion des déchets. Elle démontre qu’une articulation fine entre injonction gouvernementale, volontariat citoyen et soutien international est susceptible de produire des résultats tangibles en matière de salubrité. À court terme, les retombées sanitaires se traduisent par la réduction des foyers d’infection et des maladies hydriques. À moyen terme, l’amélioration du paysage urbain peut stimuler l’attractivité académique et économique de Brazzaville, élément stratégique pour la diversification de l’économie congolaise.