Géographie physique et enjeux climatiques
Située à cheval sur l’Équateur, la République du Congo présente un relief complexe qui articule plaines côtières, plateaux sableux et massifs anciens. Les influences océaniques façonnent une pluviométrie abondante, avec des précipitations annuelles oscillant entre 1 600 et 2 000 millimètres dans les zones littorales, alors que les plateaux du Niari et de la Batéké connaissent une saison sèche marquée. La variabilité interannuelle des pluies, accentuée par les épisodes El Niño, y est un déterminant majeur des crues du fleuve Congo et de ses affluents.
Selon l’Agence congolaise de la météorologie, les températures moyennes ont gagné 0,8 °C depuis 1960, révélant une tendance conforme aux projections régionales du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Outre l’élévation du thermomètre, l’urbanisation rapide autour de Brazzaville et Pointe-Noire accroît l’imperméabilisation des sols et exacerbe les risques d’inondation, illustrant l’interaction étroite entre dynamique physique et enjeux socio-économiques.
Forêts du bassin du Congo, réservoir de carbone
Couvrant plus de 65 % du territoire national, les forêts denses humides représentent le deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. Les dernières estimations du Centre de recherche forestière indiquent un stock de carbone vivant de l’ordre de 8,2 milliards de tonnes. À cet égard, le Congo se positionne comme un régulateur climatique continental ; il séquestre chaque année plus de carbone qu’il n’en émet, grâce à un taux historiquement faible de déforestation, évalué à 0,06 % par an sur la période 2015-2020.
La création du Parc national d’Odzala-Kokoua, du Parc de Nouabalé-Ndoki et, plus récemment, de l’aire protégée d’Ogooué-Lékéti, vient consolider un réseau couvrant désormais près de 13 % du territoire. « Notre objectif est de conjuguer conservation et opportunités économiques pour les communautés locales », souligne Rosalie Matondo, ministre de l’Économie forestière, insistant sur la valorisation des crédits carbone comme mécanisme de financement durable.
Pressions anthropiques et politiques d’atténuation
La filière bois, pilier de l’économie nationale après les hydrocarbures, induit toutefois des tensions sur l’écosystème. L’activation de nouvelles concessions forestières dans les départements de la Sangha et de la Likouala appelle un encadrement rigoureux. La loi forestière révisée en 2020 impose des plans d’aménagement et prévoit qu’au moins 85 % des volumes abattus soient transformés sur le sol congolais, limitant ainsi l’exportation de grumes et encourageant la traçabilité.
Le gouvernement soutient en parallèle le Programme national d’afforestation et de reboisement, qui ambitionne de planter un million d’hectares d’espèces locales à l’horizon 2030. D’après le Secrétariat permanent du programme, plus de 70 000 hectares ont déjà été enracinés, notamment sur les plateaux dégradés. Ces initiatives sont complétées par un engagement dans le Partenariat pour la conservation des forêts du bassin du Congo, lequel apporte un appui technique et financier à la surveillance satellitaire des couverts végétaux.
Gestion durable des sols et sécurité alimentaire
Au-delà de la forêt, la question des sols apparaît cruciale. Composés majoritairement de sables grossiers et de latérites, ces derniers sont vulnérables à l’érosion hydrique et au lessivage. Le phénomène est accentué dans les savanes méridionales, où les vents saisonniers soulèvent la poussière et dégradent la fertilité superficielle. Le professeur Jean-Michel Bokika, géographe à l’Université Marien Ngouabi, prévient : « La variabilité pluviométrique observée exige une adaptation fine des pratiques agricoles pour éviter un recul de la production vivrière ».
En réponse, des projets pilotes d’agroforesterie sont conduits dans la vallée du Niari, associant manioc, bananier et acacias afin de reconstituer de la matière organique et fixer l’azote. Soutenu par la Banque africaine de développement, le programme Agri-Congo forme déjà 2 500 exploitants à la lutte contre la dégradation des terres. Ces efforts contribuent à la résilience des populations rurales, dont 40 % sont exposées à l’insécurité alimentaire lors des périodes de soudure, selon le Programme alimentaire mondial.
Diplomatie verte et partenariats régionaux
Sur la scène internationale, Brazzaville se positionne comme un acteur constructif. Signataire de l’Accord de Paris, la République du Congo a fixé dans sa Contribution déterminée au niveau national un objectif de réduction des émissions de 20 % d’ici 2030, conditionné à un soutien financier international. Présent au Sommet des trois bassins forestiers organisé en octobre 2023, le président Denis Sassou Nguesso a rappelé « l’impératif de mutualiser les efforts pour que nos forêts restent un bien public mondial ».
La diplomatie congolaise soutient par ailleurs la Commission climat du bassin du Congo, plateforme qui mobilise des ressources pour les infrastructures vertes et favorise le transfert de technologies d’observation satellitaire. Cette orientation consolide l’image d’un pays déterminé à articuler exigence environnementale et développement inclusif, sans opposer croissance et décarbonation.