Assainissement urbain et symbolique de Kintélé
Dans la périphérie nord de Brazzaville, le complexe sportif la Concorde de Kintélé incarne à lui seul l’ambition d’un Congo moderne, fier de ses équipements et résolument tourné vers la jeunesse. L’ouvrage, édifié pour le cinquantenaire des Jeux africains, se trouve aujourd’hui au centre d’une opération d’assainissement de grande ampleur conduite le 2 août, premier samedi du mois. En réaffirmant la vocation citoyenne du site, les autorités entendent conjuguer préservation patrimoniale et amélioration du cadre de vie des habitants, deux vecteurs indissociables d’une trajectoire urbaine durable.
Une task force interministérielle en action
Placée sous la coordination du ministre d’État Jean-Jacques Bouya, la task force chargée du suivi des infrastructures sportives a mobilisé plusieurs départements ministériels, parmi lesquels celui de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier. « Le complexe symbolise la concorde et l’unité nationale ; il est donc légitime de le préserver collectivement », a rappelé Juste Désiré Mondelé, venu superviser les travaux. La présence conjointe de responsables sectoriels souligne la transversalité désormais accordée à la question environnementale, perçue comme catalyseur de cohésion sociale et de rayonnement diplomatique.
Participation citoyenne et diplomatie environnementale
Au-delà de la dimension institutionnelle, l’opération a agrégé un large spectre d’acteurs : associations locales, étudiants de l’École normale supérieure, représentants diplomatiques tels que l’ambassadrice du Venezuela. Cette confluence illustre ce que les sociologues appellent un « capital civique élargi », indispensable à la réussite des politiques de durabilité. En interpellant la population sur la nécessité de « se réapproprier les ouvrages publics », le gouvernement mise sur la coresponsabilité, condition sine qua non d’un changement d’échelle des pratiques éco-citoyennes.
Défis logistiques et modèle circulaire des déchets
L’assainissement mené à Kintélé a toutefois révélé la persistance de goulots d’étranglement logistiques. Les dépôts sauvages, parfois effectués par des pré-collecteurs informels, témoignent d’une segmentation encore inaboutie de la filière des déchets solides. Le ministre Mondelé s’est voulu ferme : tout contrevenant sera interpellé « sans concession ». Cette posture répressive, combinée à des investissements dans la collecte mécanisée, vise à soutenir l’émergence d’un modèle circulaire où la valorisation organique et la récupération des plastiques s’intégreraient progressivement à l’économie locale.
Vers une gouvernance durable des infrastructures sportives
La stratégie annoncée fait écho aux lignes directrices du Plan national de développement 2022-2026, qui consacre un volet entier à la résilience urbaine. En liant maintenance des équipements sportifs, éclairage public à faible empreinte carbone et réhabilitation des trottoirs, les pouvoirs publics traduisent dans les faits une approche holistique de la durabilité. À terme, l’objectif est d’ériger Kintélé en laboratoire vivant, susceptible d’essaimer vers les autres départements. La mobilisation régulière du « premier samedi du mois » pourrait alors s’institutionnaliser comme rite civique, renforçant le sentiment d’appartenance et consolidant les acquis environnementaux.