Un partenariat stratégique avec la Banque mondiale
Dans le salon feutré de l’Hôtel Hilton, aux Tours Jumelles de Mpila, Brazzaville a célébré, le 15 juillet 2025, le lancement du Projet d’amélioration des services d’électricité (Pasel). Sous les ors d’une cérémonie rassemblant les ministres Émile Ouosso, Ludovic Ngatsé, Josué-Rodrigue Ngouonimba et Juste-Désiré Mondélé, la République du Congo a officiellement entériné ce programme financé à hauteur de 100 millions de dollars par la Banque mondiale. « Le Pasel constitue une réponse concrète aux attentes de nos concitoyens et au défi macro-économique de la compétitivité », a déclaré le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, soulignant la dimension systémique du projet.
Des investissements critiques pour un réseau fiable
Structuré sur quatre années, le Pasel cible trois axes majeurs : le renforcement des capacités de transport, la modernisation de la distribution et l’appui technique institutionnel. La construction et la réhabilitation de sous-stations, tout comme la remise à niveau de la ligne haute tension Pointe-Noire/Brazzaville, devraient considérablement réduire les pertes électriques et les coupures récurrentes qui plombent le tissu productif. En parallèle, 10 000 luminaires publics seront remplacés par des lampes LED, générant des économies d’énergie substantielles pour les municipalités.
La société nationale Énergie Électrique du Congo (E²C) profitera d’outils de gestion commerciale plus performants : comptage intelligent, digitalisation de la facturation et campagnes de régularisation de l’accès. Selon le coordonnateur du projet, Olivier Mazaba, ces évolutions visent « un taux de recouvrement supérieur à 90 % à l’horizon 2028 ».
Un impact socio-économique aux retombées multiples
Derrière la modernisation technique, les autorités misent sur un effet d’entraînement pour l’économie réelle. Les analystes estiment que la sécurisation énergétique pourrait accroître de 1,2 point la croissance annuelle, en libérant le potentiel industriel de Brazzaville et de Pointe-Noire. Près d’1,75 million d’habitants bénéficieront d’un service plus stable, condition sine qua non pour l’essor des PME, des start-up numériques et des activités de transformation agro-industrielle.
Le volet social n’est pas en reste : en réduisant les branchements illicites et les variations de tension, le Pasel abaisse significativement les risques d’incendie domestique, tout en renforçant la sécurité publique grâce à un éclairage urbain plus efficace. La Banque mondiale rappelle que « chaque franc investi dans un réseau fiable génère des externalités positives en matière de santé et d’éducation ».
Vers une transition énergétique inclusive et durable
L’accord-cadre intègre une ouverture graduelle au secteur privé, notamment pour la production hydroélectrique, ressource dont le Congo dispose en abondance. Les experts du ministère tablent sur la signature, d’ici deux ans, de contrats de construction-exploitation-transfert dans la vallée du Kouilou. Ce positionnement s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique et de réduction de l’empreinte carbone, conformément aux engagements pris à la COP28.
Le Pasel est par ailleurs aligné sur la « Mission 300 » de la Banque mondiale, qui vise à connecter 300 millions d’Africains au réseau électrique d’ici 2030. La République du Congo entend ainsi contribuer activement à l’agenda continental, tout en consolidant son leadership sous-régional en matière d’intégration énergétique.
Perspectives régionales et internationales
Dans un contexte où l’Afrique centrale renforce ses interconnexions, la réhabilitation du corridor Pointe-Noire/Brazzaville pourrait à moyen terme faciliter des échanges transfrontaliers d’électricité avec la République démocratique du Congo et le Gabon. Les bailleurs soulignent la pertinence de cette approche, qui mutualise les capacités et stabilise les tarifs.
À l’échelle internationale, le Pasel illustre la dynamique de coopération constructive entre institutions financières et États africains. Pour Jie Tang, directeur sectoriel de l’énergie pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, « l’amélioration tangible des indicateurs de gouvernance et l’appropriation nationale du projet sont les garanties d’un succès durable ». Alors que la clôture est programmée pour le 30 juin 2028, les observateurs saluent déjà la mise en service, anticipée, des premiers transformateurs haute tension, signe que le calendrier opérationnel demeure maîtrisé.